Juan Carlos pourrait perdre son titre de « roi émérite » d’Espagne

Loin d’être éteinte, l’affaire qui touche le roi Juan Carlos, dont les effets désastreux ont jeté une ombre sur la monarchie Bourbon, continue de faire débat en Espagne. Entre le souverain émérite et son fils, le roi Felipe VI, un froid glacial qui a été rompu par un début de négociations entamées entre le palais de la Zarzuela et le successeur du général Franco. Et si l’ancien monarque réfugié à Abou Dhabi vient de régler une somme substantielle au fisc, le palais royal pourrait imposer à Juan Carlos qu’il renonce à son titre de souverain afin de pouvoir lui autoriser un retour dans son pays. A ses risques et périls.

C’est l’avocat du roi Juan Carlos, actuellement exilé aux Emirats arabes unis (EAU), qui a annoncé à la presse que l’ancien monarque venait de régler aux institutions financières de l’Espagne , la somme de 678 000 euros de dette fiscale avec « intérêts et majoration » précise le communiqué officiel. Loin d’avoir été éteinte, cette affaire de détournement et blanchiment d’argent, mêlant profits personnels comme privés et qui a un peu plus entachée la réputation d’une monarchie menacée par la montée du séparatisme et du républicanisme, a de nouveau fait les principaux titres des médias hispaniques et internationaux. Parallèlement Javier Sanchez- Junco a fait savoir que le roi émérite restait à la disposition de la justice si elle le souhaitait. Une déclaration censée apaiser les tensions qui persistent autour du père de Felipe VI mais qui restera sans conséquence pour Juan Carlos protégé par l’inviolabilité de sa personne. Hors point de retour du roi sans cette réforme réclamée par les alliés du Parti socialiste qui profitent du scandale pour réclamer une refonte de la constitution de 1978 qui protège les rois d’Espagne de toutes poursuites judiciaires.  C’est d’ailleurs à ce titre que Podemos se base afin de réclamer une nouvelle fois la mise en place d’une commission qui serait chargée d’étudier et d’enquêter sur les liens opaques de cette fraude retentissante et sur les trois plaintes visant Juan Carlos. Non sans attaquer de nouveau l’institution royale. «  Il y a un débat croissant sur l'utilité de la monarchie et sur un nouvel horizon républicain comme issue «  a rappelé Pablo Iglesias, leader de Podemos, député et vice-premier ministre.

Le Premier ministre Pedro Sanchez va-t-il lâcher du lest d’un côté comme de l’autre ? Depuis Abou Dhabi où il réside depuis août dernier, le roi Juan Carlos a émis le souhait de rentrer en Espagne. Un retour prématuré qui pourrait empoisonner autant les relations du Parti socialiste avec ses tumultueux alliés qu’embarrasser la couronne elle-même. Parmi les options mises sur la table, un retrait de tous les titres du souverain émérite qui pourrait redevenir un simple citoyen comme les autres pour prix de la fin  de son exil. L’information a été révélée par la RTVE, le puissant groupe de radiotélévision, qui affirme que « l’Exécutif, à la demande de la Zarzuela, pourrait modifier le décret de juin 2014 qui accorde au roi son titre honorifique et lui conserve son traitement de majesté ». Le gouvernement s’est empressé de démentir une telle négociation et si la RTVE a accusé réception de cette réponse, elle a toutefois continué à diffuser la nouvelle qui s’est répandue rapidement dans les médias, laissant quelques questions sans réponses.

Le roi va-t-il revenir pour Noël à l’approche de ses 83 printemps ? « C'est au Palais royal de communiquer son avis sur un éventuel retour ou non de l'ancien roi » a déclaré Pedro Sanchez  sur la chaîne espagnole Telecinco, qui a tenté de balayer toutes polémiques naissantes et assuré une nouvelle fois que « la monarchie n’était pas en danger ». Soutiens indéfectibles de la royauté,  le Parti Populaire et celui de VOX se sont d’ailleurs félicités publiquement de la démarche de « régularisation » du roi émérite.

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