La «saga Bourbon a été une calamité historique pour la Catalogne». Rien ne va plus entre le royaume d’Espagne et la Catalogne qui persiste dans sa volonté de proclamer son indépendance. Vendredi dernier, le parlement catalan a adopté une résolution qui déclare que la région séparatiste est «républicaine et ne reconnaît plus l’autorité de la monarchie». Votée sur le fil du rasoir Quim Torra, le président de la Généralité de Catalogne, ne cache pas sa colère depuis le départ en exil du roi Juan Carlos. Pour ce leader séparatiste, il est désormais temps que l’Espagne se prononce par référendum sur l’avenir de son institution actuelle, «continuation du régime précédent» selon lui.
Les indépendantistes accentuent leur pression sur le palais de la Zarzuela. Sur les réseaux sociaux, le président de la Généralité de Catalogne, Quim Torra, fulmine. La «fuite» du roi Juan Carlos est «un scandale monumental» écrit-il exhortant le parti Podemos, allié des socialistes, à quitter la coalition gouvernementale. «La seule protestation responsable que les citoyens comprendraient est que tous les membres du gouvernement qui ne sont pas d’accord avec ce qui s’est passé démissionnent dès maintenant» a déclaré ce soutien du président de l’éphémère République Catalane, Carlos Puigdemont, à la tribune du parlement convoqué en session extraordinaire. C’est grâce aux 3 partis indépendantistes (JxCat, ERC et CUP) que la résolution a été votée par 69 voix contre 65. Face à la monarchie, qualifiée de «délinquante», «la Catalogne est une république et, par conséquent, ne reconnaît ni ne veut avoir aucun roi» affirme le texte qui est un nouvel appel à la sécession, qui dénonce la «fuite consensuelle du roi Juan Carlos pour échapper à l’action de la Justice» et qui évoque un «système autonome défaillant».
«Felipe VI est le meilleur chef d'État que l'Espagne puisse avoir et le Parti populaire défendra son travail et l'institution qu'il représente. Le roi est une garantie de l'unité nationale et de la défense de la démocratie» a répondu Pablo Casado, leader du Parti Populaire (PP), interrogé par le journal ABC. Si le vote est totalement illégal et purement symbolique, il témoigne une nouvelle fois des tensions qui secouent la monarchie espagnole. Quim Torra est accusé d’entretenir les flammes de la division par les partis pro-monarchiques qui n’ont toujours pas avalés certains de ses déclarations publiques comme en 2012 où il avait traité les espagnols de «charognards, vipères, hyènes» et de «bêtes à forme humaine», accompagnées de thèses raciales pour le moins étonnantes.
«La «saga Bourbon a été une calamité historique pour la Catalogne » a expliqué le président catalan qui rappelle ici que la province a toujours été fidèle aux Habsbourg durant la guerre de succession d’Espagne qui a permis au petit-fils de Louis XIV , Philippe V, d’assoir la maison Bourbon sur ce trône vacant. «Le débat sur la monarchie est suicidaire pour la cohésion nationale» a renchéri le leader du PP qui s’agace des tentatives catalanes de plonger le pays dans le chaos. Même la section catalane de Ciudadanos, autre soutien à la royauté, s’est indignée de ce vote et a réclamé que Quim Torra démissionne et cesse d’importuner l’Espagne avec ses «délires nationalistes».
«Quelle autorité aurons-nous pour faire appliquer les règles contre la corruption si nous acceptons une famille royale qui s’échappe lorsqu’elle fait l’objet d’une enquête après avoir pris des millions et des millions d’euros de terribles commissions commerciales ?». Le président catalan s’entête et explique que la monarchie n’est que la «continuité du régime franquiste». «Ceux qui se disent républicains veulent continuer à être les sujets d'une monarchie corrompue est complètement incompréhensible» a déclaré Quim Torra et qui estime que le départ de l’ancien monarque est un prétexte pour demander à l’Espagne si le pays souhaite conserver ses institutions actuelles. «Il est urgent que les catalans vivent libres dans une République catalane indépendante» a affirmé ce leader sécessionniste qui fait de la chute de la monarchie, une priorité. «Notre roi Felipe VI et celui de tous les Espagnols et une figure institutionnelle essentielle, un symbole de la continuité historique de l'Espagne et un garant de l'unité et de l'harmonie de notre nation. Toute attaque contre la Couronne est une attaque contre notre démocratie et contre l'Espagne» a répondu de son côté l’Union monarchique d’Espagne (UME). Le palais de la Zarzuela n’a pas souhaité réagir aux déclarations du président de la Généralité de Catalogne.
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