«Posséder un titre noble en Espagne implique des devoirs comme protéger le roi, le peuple et l’Espagne »
Duc Enrique de Fernández-Miranda (2018)
«Posséder un titre noble en Espagne implique des devoirs comme protéger le roi, le peuple et l’Espagne ! ». Le 29 novembre, le duc Enrique de Fernández-Miranda a réuni plus de 800 membres de la noblesse catalane (Diputación de la Grandeza de España y Títulos del Reino) dont il est le doyen et a appelé fermement ceux-ci à « défendre et soutenir le roi, garant de la liberté et de la démocratie en Espagne et la monarchie parlementaire en tant que forme d'État inscrite dans la Constitution, votée et approuvée par référendum en 1978 ».
C’est la deuxième fois en moins de 3 mois, « à un moment où l'assaut des sécessionnistes et de la gauche contre la monarchie est particulièrement violente», que la noblesse de Catalogne se rassemble afin de jurer et prêter un nouveau serment de fidélité au roi Felipe (Philippe) VI de Bourbon.
« El decano de la nobleza española pide a los nobles catalanes que defiendan al Rey », ont titré de manière identique plusieurs titres de la presse espagnole. Au cours de la réunion, Enrique Fernández-Miranda a rappelé aux nobles catalans qu'ils étaient appelés à défendre l'Espagne autant dans sa pluralité que l'unité de la nation. Lors de son discours, le duc, dont le père fut président des Cortès de 1975 à 1977, a également encouragé la noblesse catalane à expliquer clairement à leurs concitoyens que « nous avons la chance de vivre depuis 4 décennies, la plus longue période de démocratie, de liberté et de progrès de l'histoire de l'Espagne ».
Une semaine après le discours du roi Felipe VI en octobre 2017, qui avait accusé les dirigeants indépendantistes de « déloyauté envers la couronne », jugés par le monarque d’être « responsables d'avoir bafoué l'État démocratique » et « d’avoir réussi à diviser la société », la noblesse catalane avait rapidement sorti son épée du fourreau afin de réaffirmer « sa loyauté totale » au roi et juré de défendre l'unité de l'Espagne, « menacée par ceux qui falsifient le passé et méprisent les lois (…) » constitutionnelles.
Reçue par le roi Felipe VI, quelques mois, après son avènement, la noblesse catalane s’était déjà illustrée par ses actions de communication en faveur de la monarchie. Pour le duc Enrique de Fernández-Miranda, l’actuel président de la Generalité de Catalogne, Joaquim Torra, n’est qu’un « criminel, un traître au roi » comme il le déclarait au journal ABC en juin dernier.
« Nous sommes la représentation vivante de l'histoire de l'Espagne » assène d’ailleurs celui dont le père fut autorisé à porter la Toison d’or et tenta d’organiser un complot monarchiste contre le général Franco, presque une décennie après que celui-ci ait définitivement vaincu les républicains au cours d’une violente guerre civile.
Depuis le récent appel de 26 universités espagnoles pour la mise en place d’un référendum, censé prouver que la monarchie serait plébiscitée, la noblesse catalane a fait part de son inquiétude quant à la montée du républicanisme dans la Généralité. La ville de Vilobí d'Onyar a organisé ce week-end une consultation populaire sur le sujet et les résultats, sans valeur aucune, ont clairement désavoué la royauté. Début novembre, c’est le parlement de Catalogne qui a décidé de voter purement « l’abolition de la monarchie », provoquant un vif débat et des échanges violents entre indépendantistes et partisans de la monarchie. Y compris de la part du gouvernement du premier ministre Pedro Sanchez qui a déclaré que « des dispositions seraient immédiatement prises contre la Généralité, si elle tentait de mettre à exécution sa motion ». Loin d’avoir abandonné, en dépit d’une nouvelle menace de mise sous tutelle, le gouvernement catalan a d’ailleurs pris à la lettre le communiqué de ces écoles de prestiges et organisé ses propres consultations populaires au sein de l' Université de Barcelone ( UB ) , celle de Pompeu Fabra ( UPF ) mais aussi l' École d'ingénierie, de l' aérospatiale et de l' audiovisuel ( ESEIAAT ) ou encore de l' École polytechnique.
Dans une récente interview à El Diario, c’est l’ancien premier ministre de droite, Jose Maria Aznar, qui est monté au créneau. Selon lui, désormais les seuls partis qui sont capables de faire respecter l’ordre constitutionnel sont désormais, outre le Parti Populaire, le parti Ciudadanos et le mouvement Vox.
Ce dernier qui vient de faire une entrée spectaculaire au sein du parlement andalou attire désormais toutes les attentions. Les deux premiers mouvements n’ont d’ailleurs pas exclu une alliance avec celui de Santiago Abascal qui, sauf erreur de parcours, devrait obtenir des sièges aux prochaines municipales, européennes et aux régionales.
Le mouvement Vox ne cachant pas sa proximité avec les partis ou associations franquistes et monarchistes, réclame d’ores et déjà l’interdiction des partis indépendantistes catalans comme nous indique l’AFP.
En septembre dernier, d’ailleurs les sections de la noblesse d’Espagne de Catalogne et d’Andalousie se sont rencontrées afin de discuter d la protection et du maintien de la monarchie.
Depuis que le gouvernement Espagnol, peu de temps après son intronisation, a réveillé les passions autour du devenir du corps de l’ancien chef d’état, le général Francisco Franco, un parfum de guerre civile règne sur le royaume. La municipalité de Séville a, d’ailleurs, rejeté massivement une demande d’Izquierda Unida (IU) qui réclamait que la mairie condamne le roi, qui « par son discours n’a pas répondu suite aux aspirations du peuple catalan », accusant même Felipe VI « d’avoir encouragé la confrontation et les tensions » durant la crise qui a secoué, il y a un an de cela la Catalogne.
« La province est indissociable du royaume d’Espagne et avec elle, nous formons la plus vieille nation d’Europe » a encore rappelé le duc Enrique de Fernández-Miranda au cours de la réunion devant tous ces grands d’Espagne , parmi lesquels on peut citer Carlos-Javier Ram de Viu, comte de Samitier, le comte Javier de Godó, María Cristina de Ulloa, duchesse d’Arcos, María Teresa de Foronda, Marquesa de Foronda, Álvaro de Zuleta de Reales, duc de Linares ou encore Leoncio González de Gregorio, duc de Medina Sidonia.
En 2017, c’est José de Quadras Sans,4ème comte de Sant Llorens de Munt qui résumait tout l’esprit de fidélité à la couronne qui habite encore les nobles catalans : « La Généralité se trompe et sait parfaitement que la proclamation d'un Etat indépendant n'est pas réalisable et qui, de plus, nous conduirait à la ruine, non seulement sur le plan économique mais aussi moralement, et à d'énormes souffrances. Je me sens aussi espagnol que catalan et aussi catalan qu’espagnol. Je reste fidèle à Sa Majesté le Roi et à la Constitution. Jamais dans l'histoire de l'Espagne, et donc depuis plus de 500 ans en Catalogne, nous avons connu une période de prospérité et de paix aussi longue qu'aujourd'hui. »
CopyrightFrederic de Natal
Paru le 03/12/2018
Pour plus d’informations :
https://www.revistavanityfair.es/realeza/articulos/nobles-catalanes-titulos-nobiliarios/27789
https://www.lavanguardia.com/politica/20181129/453233537596/el-decano-de-la-nobleza-llama-a-los-nobles-catalanes-a-defender-al-rey.html