C’est la nouvelle égérie de la droite espagnole monarchiste. Présidente de la Communauté de Madrid, Isabel Díaz Ayuso a su se faire un nom lors de la gestion de la crise de Covid-19. Mais c’est aussi une monarchiste convaincue. Alors des négociations ont été entamées entre le gouvernement, le fisc et le roi Juan Carlos afin qu’il régularise sa situation financière, le 5 décembre dernier, cette journaliste de formation a présenté l’institution royale comme un « antidote aux populismes et aux indépendantismes » et dénoncé les agissements « du gouvernement socialo-communiste qui complote (…) » contre la monarchie du roi Felipe VI.
« En 1978, nous, Espagnols, avons finalement approuvé une Constitution qui n'appartenait pas de manière exclusive à une personne mais bel et bien à tout le monde. Ainsi, nous avons débuté la plus grande période de liberté et de prospérité de notre histoire ». Sur son twitter, la Présidente de la Communauté de Madrid, Isabel Díaz Ayuso, ne cache pas son adhésion à l’idée monarchique. Etoile montante du Parti Populaire (PP), également députée, elle a réussi à se faire un nom durant la crise du Covid-19 en prenant des décisions drastiques dans la capitale et en faisant front directement contre la coalition de gauche qu’elle a fait plier récemment en le contraignant à renoncer à un décret de restriction de circulation de personnes. Au plus fort de la pandémie, elle réquisitionné les hôtels dont elle a ordonné la médicalisation immédiate afin de recevoir le plus grand nombre de malades. Une femme à poigne à qui l’on prédit déjà une forte carrière politique et qui est l’œil bienveillant du palais de la Zarzuela.
Nouveau fer de lance de la monarchie ? Lors de l’hommage du Parti Populaire au 42ème anniversaire de la constitution espagnole, Isabel Díaz Ayuso a prononcé un discours résolument pro-monarchiste et décocher quelques flèches qui ont fait mouche. Présentant la monarchie comme un « antidote aux populismes et aux indépendantismes », elle a fustigé ceux qui fondent leur programme sur la base d’une « image négative » de l’institution royale et « qui agissent anticonstitutionnellement ». Dans un courrier adressé à des dizaines d’anciens officiers de l’armée espagnole, elle a dénoncé les actes « du gouvernement socialo-communiste » qui « complote pour modifier la Constitution « et appelé ceux-ci à défendre « l’unité nationale face aux indépendantistes ». « La justice et les institutions sont même remises en question » affirme la Présidente de la Communauté de Madrid qui estime que le gouvernement a pris « une voie perverse et dangereuse ». Un discours qui fait écho à celui du monarque espagnol. Fin novembre, Felipe VI avait souligné l'importance d'un « système judiciaire indépendant du fait de la séparation des pouvoirs » et a plaidé pour le respect de la loi qui « est et doit toujours être l'insigne, l'emblème et le caractère distinctif de notre démocratie ». A diverses reprises, la coalition gouvernementale a été accusée de prendre en otage le souverain qui bénéficie d’une solide côte de popularité dans le royaume. Des accusations d’ailleurs répercutées par le porte-parole parlementaire de Vox, Iván Espinosa de los Monteros. Le parti d’extrême-droite qui est de nouveau dans la tourmente médiatique depuis que la presse s’interroge, à force d’articles sur le sujet, sur les réels liens que Vox entretient avec la branche aînée de la Maison de Bourbon conduite par le prince Louis-Alphonse de Bourbon, cousin du roi Felipe VI. Un mouvement dirigé par Santiago Abascal, que la Présidente de la communauté de Madrid regarde comme un potentiel allié (déclaration de 2019), et qui organisé ce week-end des manifestations en faveur de la royauté, réclamant le respect de la Constitution.
En moins d'un an, Isabel Díaz Ayuso a su s’affirmer sur la scène politique espagnole. Elle n’hésite pas à citer en exemple l’ancien premier ministre José Marie Aznar qui a gouverné le pays de 1996 à 2004. Ses attaques virulentes contre le gouvernement lui valent la sympathie d’un grand nombre d’espagnols qui semblent lassés des gesticulations de Podemos qui ne cesse d’attaquer la monarchie et de l’amateurisme du PSOE qui « préfère s’attaquer aux fantômes du passé que d’affronter les réalités » avait déclaré la députée du Parti Populaire. Lors de l’affaire Franco (2018-2019), Isabel Díaz Ayuso avait affirmé que « le seul grand objectif du Premier ministre Pedro Sanchez était se battre continuellement contre « la Transition (ici le régime franquiste-ndlr), la Couronne, le drapeau et la Constitution", qui symbolisent « la force, nos institutions et la confiance » que le peuple a placé dans la monarchie. Une système qui « a été à la hauteur attendue pour la gestion du covid-19 marquant son son souci constant des institutions sanitaires et administratives » a rappelé sur compte twitter la présidente de la Communauté de Madrid. Une femme de 42 ans, une main de fer dans un gant de velours, qui pourrait bientôt prendre la tête du Parti Populaire actuellement dirigé par le député Pablo Casado.
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