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Louis de Bourbon, un héritier franquiste menacé par sa Gauche

C’est un nouveau combat que va devoir livrer le prince Louis-Alfonse de Bourbon : celui de la préservation de son héritage franquiste. Le ministère de la Culture a annoncé qu’il allait soumettre la dissolution de la Fondation Nationale Francisco Franco dont le duc d’Anjou est le Président d’honneur.

Le 20 juin 2024, le ministre de la Culture, Ernest Urtasun, a annoncé que son département avait requis la dissolution de la Fondation Nationale Francisco Franco (FNFF). Se basant sur la Loi sur la mémoire démocratique, qui affirme l’illégalité du régime fondé par le général Francisco Franco, Caudillo d’Espagne entre 1939 et 1975, la coalition de Gauche s’est lancée depuis plusieurs années dans une croisade anachronique contre tout ce qui représente le franquisme ou en fait l’apologie.

 

 

La Fondation Franco, un institut privé dans le prince Louis de Bourbon est le Président d'honneur

Créée un an après la disparition du généralissime, la FNFF regroupe en son sein toutes les archives personnelles du Caudillo, 30000 documents divers qui retracent le parcours et les décisions du généralissime qui a lutté conte la République lors de la guerre civile qui a opposé les forces du Front Populaire (union des Gauches) et celle de la droite conservatrice et monarchiste (1936-1939). Un conflit qui a coûté la vie à des centaines de milliers d’Espagnols. Dirigée par le général Juan Chicharro Ortega, de tradition carliste, cet ancien aide de camp du roi Juan Carlos est un partisan assumé du général Franco à qui il a consacré pas moins de 500 articles de presse. La présidence d’honneur de cet institut privé a été confiée en 2018 au prince Louis-Alphonse de Bourbon, arrière-petit-fils du général Franco.

 

 

Le Caudillo exhumé de son mausolée

Chaque année, après avoir présider le congrès annuel de la FNFF, le prince Louis-Alphonse de Bourbon rend hommage au Caudillo avec sa famille lors d’une messe commémorative comme. Dans la presse, il n’hésite pas à défendre le bilan de son arrière-grand-père, quitte à se faire prendre en photo sous son portrait où sous les bras tendus de ses partisans. « Il est incontestable que Franco a laissé une Espagne meilleure que celle qu'il a trouvée.  Nous bénéficions encore de ses fruits [comprendre ses choix politico-économiques-ndlr] » a déclaré récemment, au quotidien La Vanguardia, celui qui est également prétendant au trône de France. Entre 2018 et 2019, le prince Louis-Alphonse de Bourbon a dû se battre juridiquement contre le gouvernement du Premier ministre Pedro Sanchez qui avait décidé d’exhumer le Caudillo de son dernier lieu de repos, à la vallée de Los Caïdos (« La vallée de ceux qui sont tombés »). Une bataille de longue haleine qui a fait plus d’une fois les principales manchettes de la presse hispanique. Des médias qui n’en finissent pas de réécrire l’histoire en fonction de leurs préférences idéologiques.  « Quand on attaque Franco, on attaque les miens, plus de la moitié de l'Espagne, la monarchie et l'Église qu'il a protégée », avait même affirmé à cette époque le « bisnieto » au Figaro, n’hésitant pas à relayer sur ses réseaux sociaux, un tweet qui expliquait que le héros de la guerre civile était victime d’un « complot judéo-maçonnique » selon le même quotidien.

 

 

Un prince qui assume le bilan franquiste de sa famille

Bien qu’il ait bénéficié du soutien du Parti Populaire et du mouvement Vox (lequel est étroitement lié à la FNFF) tout au long des actions en justice afin d’invalider la décision du gouvernement, le prince Louis-Alphonse de Bourbon a dû se résoudre à sortir les restes du Caudillo de son mausolée lors d’une exhumation retransmise à la télévision. Dernièrement, c’est aux titres de noblesse issus du régime franquiste auxquels s’est également attaqué le gouvernement national. Héritier au titre de duc de Franco (Remis Carmen Martínez-Bordiú y Franco, sa mère), le prince Louis-Alphonse de Bourbon a vu ses espoirs de devenir « Grand d’Espagne » être ruiné après l’abrogation de cette titulature en 2022. « Le gouvernement espagnol actuel fait tout pour effacer son héritage. On abat des statues, on rebaptise des rues, et c'est regrettable... Il ne faut pas gommer l'Histoire », regrettait encore il y a peu le cousin du roi Felipe VI, interrogé par le magazine Paris Match.  « Notre mission de préserver et de diffuser l'œuvre et l'héritage de Don Francisco Franco Bahamonde s'accomplit dans le plein respect et sans mépris de la dignité des victimes », a déclaré le général Juan Chicharro Ortega. « Grâce à la période de transition qui a suivi le régime franquiste, l'Espagne a pu cesser d'être une république socialiste satellite de l'URSS, où nous avaient emmenés la IIe République et le Front populaire, et devenir une démocratie. Cette défense est essentielle pour comprendre notre histoire et, en même temps, notre mission et nos objectifs », selon le président de la FNFF.

Une bataille anachronique lancée par la coalition de Gauche

Rien n’est pourtant joué pour le ministre de la Culture. Les démarches que doit entreprendre Ernest Urtasun pour mettre fin aux activités la Fondation Francisco Franco sont complexes.  Un rapport a déjà été rendu a au secrétaire d'État à la Mémoire démocratique qui dénonce les infractions de la FNFF. Première étape avant que le dossier ne soit remis à la justice afin que les juges statuent sur le bien-fondé de la demande de dissolution. Une procédure qui devrait durer un an et laisser le temps au prince Louis-Alphonse de Bourbon de préparer sa défense. « C'est quelque chose que nous devons depuis longtemps aux associations de mémoire, qui nous demandaient d'entamer cette procédure » s’est justifié le ministre devant la presse. « Peut-être qu'ils parviendront à éteindre les fondations, mais ils n'éteindront jamais la vérité et la vérité finit toujours par triompher du mensonge », a rétorqué le vice-président de Castilla y León, Juan García-Gallardo, membre du parti VOX dont le leader, Santiago Abascal, est un ami personnel du prince Louis-Alphonse de Bourbon. Une droite conservatrice, vend debout contre la Loi sur la mémoire démocratique qui a fait abolir le texte controversé là où elle gouverne (Castille, îles Baléares, Communauté valencienne). Pour l’opposition, cette volonté d’attaquer la Fondation Franco n’est qu’un prétexte pour détourner l’attention des Espagnols des affaires qui menacent la stabilité du gouvernement Sanchez pris à la gorge par une affaire trouble à laquelle est mêlée l’épouse du Premier ministre.

Malgré le soutien de divers partis, le chemin vers la dissolution de la FNFF semble juridiquement ardu, laissant du temps au prince Louis-Alphonse de Bourbon pour contre-attaquer. Une situation qui reflète une Espagne divisée, où les questions de mémoire historique et de réconciliation continuent de susciter des débats passionnés et des tensions politiques récurrentes.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 25/06/2024

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