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Une marche républicaine réclame la fin de la monarchie Bourbon

Manifestation anti-monarchique à Madrid«Les Bourbons dehors !». C’est une atmosphère de révolution qui a brièvement flotté dans le ciel de Madrid, ce 25 juillet. A l’appel de plusieurs mouvements de la gauche radicale et indépendantistes, plusieurs centaines d’espagnols ont marché à travers les rues de la capitale, bannières de la Seconde République au vent, et réclamé la fin de la monarchie espagnole. Dans un entretien au journal «Le Monde», le leader de Podemos, Pablo Iglesias, n’a pas hésité à appeler à l’établissement d'une nouvelle république. Une idée qui ne fait toujours pas recette en Espagne.

C’est à l’appel de divers groupes républicains et indépendantistes (réunis sous le nom de Coordinadora 25S) que des centaines d’espagnols ont marché à travers Madrid, capitale du royaume d’Espagne, réclamant la fin du système monarchique et accusant la maison royale d’être gangrénée par la corruption, d’être inféodée aux Etats-Unis. Dans leur communiqué, ce collectif dénonce «la mainmise des Bourbon sur l’état qu’ils régiraient comme une propriété privé» et demande qu’un référendum soit organisé afin de poser aux espagnols la question du maintien de la monarchie dans le pays. «Une bande de corrompus, de crédules et voleurs et de criminels» affirment les organisateurs au quotidien catalan «El Nacional», en référence au scandale financier qui secoue actuellement la maison royale.

Juan carlos ier la reine letizia et le roi felipe viRoi de 1975 à 2014, « homme de la transition démocratique », le roi-émérite Juan Carlos est en effet accusé d’avoir reçu des mains de l’Arabie Saoudite des sommes importantes en échange de son accord pour des contrats divers. Une somme non déclarée, blanchie et entreposée en Suisse par l’intermédiaire de son ex-maîtresse. Une affaire riche en rebondissements qui fait régulièrement l’objet d’articles en tout genre dans les journaux espagnols.  Pour Pablo Iglesias, qui a accordé une interview au journal «Le Monde», 2 jours avant cette marche, ce dernier n’a pas hésité à déclarer qu’il défendait le principe du rétablissement de la république, «une aspiration légitime que de plus en plus de gens partagent » selon ce vice-président du gouvernement de coalition de gauche du premier ministre Pedro Sanchez et qui ne cache pas son anti-monarchisme «Les scandales des Bourbon − pas seulement de Juan Carlos − ont choqué la société. Qu’en Espagne, les médias en parlent ouvertement est, en soi, une avancée démocratique sans précédent : dans le passé, il fallait lire la presse étrangère. Ce sentiment, absolument majoritaire en Catalogne et au Pays basque, progresse chez les jeunes, qui ne comprennent pas que l’on puisse accéder à la tête de l’Etat par filiation. Cela n’est pas lié à la nostalgie, ou aux défaites du passé, mais il s’agit d’imaginer l’Espagne comme une République» a surenchéri le leader populiste de Podemos. On est désormais loin des applaudissements nourris qu’il avait adressé au Roi Felipe VI lors de la dernière ouverture des Cortés et qui avait surpris toute la presse.

Marche républicaine à Madrid72% des espagnols souhaitent que le roi Juan –Carlos quitte le palais de la Zarzueala. Jamais côte de popularité n’avait été aussi basse pour celui qui a succédé au général Franco, tombeur des républicains en 1936. Un héritage que les associations et mouvements républicains reprochent toujours à la monarchie, estimant qu’elle «n’est que la continuité légale du régime franquiste». Entre 2018 et 2019, la gauche espagnole n’a d'ailleurs pas hésité à ressortir les fantômes de la guerre civile et faire exhumer le corps du généralissime après une longue procédure judiciaire contre ses descendants, dont le prince Louis-Alphonse de Bourbon, duc d'Anjou et un des prétendants au trône de France. Un combat du passé qui n’a pourtant pas fait l’unanimité en Espagne puisqu’une majorité de sujets du roi souhaitant que le corps enterré à la Vallée de Los Caïdos, demeure là il reposait jusqu’ici. «Face à la monarchie illégitime, corrompue, machiste et antidémocratique, la République est de plus en plus nécessaire» reste persuadé, René Otaduy, porte-parole du collectif qui a fait l’ouverture de certains journaux télévisés et à laquelle se sont joint des associations féministes et antifascistes. Entre avril et mars dernier, en plein pic de la crise de covid-19, des espagnols avaient également  manifesté leur rejet de la monarchie en tapant sur des casseroles.

Soutiens en pourcentage  au roi Felipe VI par partis politiques«Les Bourbons dehors !». Les slogans de la manifestation ne font pas mystère de son caractère républicain. Lors de cette marche, qui n’a toutefois pas fait recette au vu du nombre de participants, le député basque Jon Iñarritu García en a profité pour interpeller ses collègues aux Cortès et demander qu’un référendum puisse être enfin organisé afin que les espagnols décident de l’avenir de leur institution. «Que doit-il se passer d'autre pour que le gouvernement soutienne un référendum sur la question du chef de l'Etat » a t-il demandé, sous le regard visiblement agacé de María del Carmen Calvo Poyato, vice-présidente du gouvernement.  Les chiffres démentent d’ailleurs tout soutient à l‘idée républicaine. Le dernier sondage du 20 juillet démontre que la monarchie est soutenue par plus de 60 % des espagnols contre à peine 31% qui souhaitent son abolition. Même les partis traditionnels ne souhaitent pas remettre en cause  la monarchie. Rien donc qui ne pourrait ébranler le roi Felipe VI qui reste malgré tout populaire et qui a prouvé ses talents de souverain durant les nombreuses crises politiques qui ont  émaillé la couronne depuis sa montée sur le trône. Encore plus récemment lorS de celle du covid-19 où il a fait l'unanimité dans sa gestion personnelle de la pandémie.

Copyright@Frederic de Natal

 

Date de dernière mise à jour : 27/07/2020

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