Le royaume estonien du Setomaa a une nouvelle souveraine

C’est une royauté méconnue. Situé en Estonie, le royaume du Setomaa a été coupé en deux par les affres de l’Histoire. Chaque premier samedi d’août, depuis trois décennies, les sujets de cette monarchie atypique se réunissent pour élire leur souverain(e). Cette année encore, ils n’ont pas failli à la règle. 

C’est un peuple balancé par l’Histoire. Installés depuis des siècles dans la région de Setomaa, située dans l’actuelle Estonie, les Setos font preuve d’une résistance farouche lorsque l’Ordre Teutonique et les Danois tentent de les convertir au christianisme. Il faut attendre le XVe siècle avant qu’ils ne finissent par choisir la voie orthodoxe tout en conservant certains rites païens. Encore aujourd’hui, cet animisme perdure. Annexés par la Russie, les Setos se soumettent, ne se rebellent pas quand ils passent tantôt sous le giron d’une Estonie indépendante, tantôt sous celui de l’Union soviétique jusqu’en 1991. Une population de 12000 âmes qui se caractérisent par des costumes traditionnels portés par tous et par des chants, cœur même de cette nation qui a la particularité d’être organisée en monarchie élective.  

Une monarchie élective atypique

C’est en 1994, trois ans après la seconde indépendance, que les Setos décident d’adopter les rites d’une institution royale. République, l’Estonie est alors traversée par un vent monarchique venu de Suède et du Royaume-Uni. Un parti a même offert une couronne au prince Edward, fils de la reine Elizabeth II, ou au prince Carl Philip Bernadotte, fils du roi Carl XVI Gustav. Mais pour les Setos, pas question d’avoir un monarque étranger. Il sera donc élu parmi les membres de cette communauté ethnique dont une petite minorité réside en Russie voisine.  Il ou elle porte le nom de Peko, le héros légendaire Seto. Selon la légende, Peko dort pour l’éternité dans une grotte de grès près de Petseri. Comme il ne peut plus les gouverner, c’est donc son « représentant terrestre » qui est chargé de faire appliquer ses ordres au peuple. Le candidat qui souhaite ceindre la couronne doit être impérativement d'origine Seto et maîtriser la langue locale, avoir récolté des promesses de dons et être soutenu par au moins 10 personnes. Une fois le roi (parfois qualifié de régent) choisi, un défilé militaire a lieu, plein d'apparat. Ouvert à tous, son « armement » se compose souvent de pelles et d'autres outils agricoles.

Cette année, c'est la chanteuse Evelin Leima qui a été élue souveraine de Setomaa. Reconnue pour sa défense du folklore seto (elle est membre du groupe vocal-instrumental Kliora), bien que son rôle  reste purement honorifique, son règne consistera à assister à quelques centaines de réunions et à effectuer des déplacements afin de promouvoir la région de Setomaa.

DR@Frederic de Natal