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Charles X, le dernier sacre de France en exposition

C'est un pan de l'histoire de France qui est actuellement offert aux Français : celui du dernier sacre du roi de France. Une immersion qui met en lumière un des évènements le plus important du règne du roi Charles X.

C’est à la Galerie des Gobelins que s’est ouverte une exposition consacrée au dernier sacre d’un roi de France. Une immersion sur un chapitre de l’histoire de France imaginée par le scénographe et décorateur Jacques Garcia et placée entre les mains de l’animateur Stéphane Bern, spécialistes des têtes couronnées, nommé pour l’occasion Commissaire -général de l’évenement.

 "Ce qui est extraordinaire, c'est qu'on a retrouvé intact deux siècles après l'ensemble du mobilier, l'ensemble du décor, les tentures, tout est là!", a déclaré le présentateur de l’émission Secret d’Histoire, interrogé par BFMTV. Une exposition qui devrait permettre aux Français(es) de redécouvrir un régne souvent décrié et le sens du sacré.  "On a fait venir la Sainte ampoule avec le reliquaire avec lequel on a sacré les rois de France. Il y a également la couronne sortie du Louvre" , a ajouté le fondateur de la Revue Dynastie. Parmi les nombreux invités à cette première, le prince Jean d’Orléans, chef de la Maison royale de France, descendant par les femmes du roi Charles X. Le comte de Paris a d’ailleurs prêté un des colliers du Saint-Esprit ayant appartenu au souverain à cette exposition. Également, le prince Louis-Alphonse de Bourbon, ainé de la Maison de Bourbon, qui a récupéré les droits au trône de la branche de Charles X dont la lignée masculine directe est éteinte (hors bâtardise). 

 

 

Charles X, le roi chevalier 

Par-delà les ors de la monarchie restaurée après la chute de l’Empereur Napoléon Ier, le règne de Charles X  va marquer à la fois l'apogée d’un certain royalisme et les premiers craquements d’un monde ancien en sursis. Celui que Chateaubriand appelait " le roi chevalier " est un souverain pieux et sincèrement convaincu du rôle sacré du roi. Il est âgé de 58 ans lorsqu'il monte sur le trône en 1824 avec une  volonté affichée, réconcilier les deux France : celle des royalistes de tradition et celle née de la Révolution.

Flamboyant frère de Louis XVI et Louis XVIII, rien ne prédestinait pourtant au comte d’Artois à ceindre la couronne des Bourbons.  Passionné de jeux et de chasse, la politique se rappelle à lui avec la Révolution française qui va bientôt mettre fin à la monarchie capétienne. Il sera l’un des premiers membres de la famille royale à émigrer, prendre la tête d’un des groupes l’armée des princes exilés sévèrement battue à Valmy (1792) ou encore tenter de prendre pied en Vendée insurgée contre la République (1795). Les cours d’Europe l’accueillent tout le temps du Premier empire avant qu’il ne revienne en France en 1814 avec l’avènement de la Restauration. Chef des Ultras royalistes, il devient le porte drapeau d’un royalisme mué dans ses gloires passées qui refuse tout changement et qui traque impitoyablement républicains comme bonapartistes.

 

 

Le retour à Reims : une mise en scène de la continuité

" Je suis le roi, mais je suis aussi le père des Français ", affirme t-il , résolu à exercer une autorité tempérée par la Charte constitutionnelle de 1814, Le sommet symbolique de son règne demeure le sacre de Reims, le 29 mai 1825. Trente-six ans après la Révolution française, un roi de France se faisait de nouveau oindre avec la sainte ampoule. Ce retour aux rituels anciens ne fut pas un simple geste nostalgique : il s’agissait, pour Charles X, de " consacrer par Dieu un pouvoir reçu de l’histoire ". Le sacre fut grandiose, solennel, soigneusement mis en scène pour renouer avec les fastes capétiens et même vendre une image de la monarchie à l'international.

Annoncé solennellement devant la Chambre quelques mois auparavant, le sacre du roi fut aussi présenté comme un geste d’union nationale. Une France encore hantée par les souvenirs de la Terreur et par la gloire impériale. Le choix de la cathédrale de Reims s’imposa par tradition — seuls sept rois n’y furent pas couronnés. Pour l’occasion, la ville fut entièrement pavoisée. Des tapis bleus semés de lys, un plafond céleste constellé d’étoiles, des frises dorées, des statues de saints et de trompettes brandies par des angelots — tout participait à une mise en scène fastueuse d’une monarchie qui retrouvait son lustre.

La Maison civile du roi, les grands noms de la noblesse comme les de Polignac ou de Blacas, les préparatifs surveillés de près par une police inquiète d’un attentat : tout un royaume s’activait autour de l’événement. Le carrosse royal, œuvre d’orfèvre sur roues, tiré par huit chevaux blancs, ajoutait à cette solennité un éclat quasi mythologique. Le roi souhaitait respecter les traditions sans heurter les sensibilités modernes. Adieu donc aux litanies contre les " nations hérétiques ", place à une cérémonie épurée, plus conforme à l’esprit de la Charte. La presse d’époque, friande de détails, commente avec exubérance les moindres aspects du rituel, de la décoration aux invités, en passant par les objets du sacre : l’épée Joyeuse, les éperons d’or, le sceptre de Charlemagne. Mais, c’est la présence discrète de figures telles que Talleyrand qui donne tout son sel politique à l’événement : le prince des diplomates, artisan du retour des Bourbons, chausse lui-même le roi. Un geste symbolique, presque ironique, d’un empire à l’autre.

Le 29 mai, à 8h30, Charles X entre en catéchumène. Il prête serment à la Charte et à la foi catholique, avant de recevoir les onctions sacrées, le sceptre, la main de justice et enfin la couronne, posée par ses pairs avec un cérémonial orchestré par l’archevêque de Reims, Monseigneur de Latil. Au moment où la lumière envahit la nef, les portes s’ouvrent : le roi apparaît, consacré à Dieu et à la nation. La marche de Cherubini résonne, la foule acclame le monarque avec un enthousiasme qui enterre défibitivement les horreurs de la Révolution française. Le 31 mai, fidèle à la tradition des rois thaumaturges, Charles X touche les écrouelles de 130 malades, ultime geste d’une monarchie qui veut croire encore en ses vertus divines.

 

 

Un monarque qui repose en exil 

Pourtant, pendant quelques mois, la France crut au miracle. Le parti royaliste exultait, les libéraux se rassuraient. " Moins autoritaire que l’Empire, moins démocratique que l’Angleterre, mais plus évoluée que l’Ancien Régime ", la monarchie de Charles X semblait tenir sa promesse d’équilibre. Si le sacre fut un succès éclatant sur le plan symbolique et populaire — la presse, même libérale, salua la grandeur du moment —, il ne parvint pas à masquer les tensions de fond. La loi d’indemnisation des émigrés, les maladresses de communication, l’ombre persistante des ultras et les craintes d’un retour au cléricalisme alimentaient déjà une défiance croissante. Le vote de ces mesures finiront par faire vaciller un trône fragilisé par le temps. En dépit de l’aide apportée aux grecs et la conquête d’Algérie censée redorer son blason,  à peine cinq ans après son sacre, la monarchie de Charles X s’effondre brutalement lors des Trois Glorieuses, une révolution qui scelle la fin de la Restauration. Contraint d’abdiquer, il s’exile en Autriche, puis en Bohême, où il meurt en 1836 à Gorizia.

Sa vision du pouvoir, trop ancrée dans le passé, heurta une société en pleine mutation. Comme l’écrivait Tocqueville, " Charles X voulait gouverner en roi du XVIIIe siècle un peuple du XIXe siècle ", son règne, souvent caricaturé comme réactionnaire, fut pourtant celui d’un roi sincère dans sa foi et dans sa mission, fidèle à une certaine idée de la France et de la royauté. Il reste, à ce jour, le dernier roi sacré de l’histoire de France. Le prince Jean d’Orléans, à contrario de son concurrent au trône s’est dit favorable au retour des restes du roi et de sa famille vers la France. Toutes les tentatives organisées en ce sens ont toute échoué à ce jour.

Copyright@Frederic de Natal

 

Date de dernière mise à jour : 11/04/2025

Commentaires

  • Alexandre

    1 Alexandre Le 11/04/2025

    Louis XX c’est dit une fois favorable et une fois défavorable eu retour de Charles X en France et il a demandé au gouvernement de Mitterand de s’en occuper, Mitterand a demandé à Chirac de s’en occuper et Chirac à fait l’erreur d’appeler le comte de Paris et le comte de Paris s’y est fortement opposé pour s’opposer à Louis XX.

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