Le prince Joachim Murat a rendu un vibrant hommage aux soldats français tombés à Dien Bien Phu, il y a soixante-dix-ans. Une défaite qui a sonné le glas de la présence de la France en Indochine.
Le prince Joachim Murat est un amoureux de la France, de son histoire, des gloires auxquelles sa famille est étroitement liée. C’est tout naturellement qu’il s’est rendu à la Mairie du XVe arrondissement de Paris, le 7 mai 2024, afin de rendre hommage aux héros de Dien Bien Phu, tombés au champ d’honneur il y a 70 ans, au Vietnam. Un déplacement à l’invitation de Philippe Delarbre, réalisateur d’un documentaire sur cette bataille, sorti en 2014. Une défaite militaire qui a signé la fin d’un chapitre de l’histoire coloniale française, celle de l’Indochine.
Une aventure coloniale, royale, impériale et républicaine
Commencée au XVIIIe siècle, avec le traité signé entre le royaume de France et l’Empire d’Annam, cette aventure va prendre son essor sous le Second Empire lorsque Napoléon III décide de répondre à l’appel au secours des missionnaires et des Annamites chrétiens persécutés par le pouvoir impérial des Nguyen. Poussé par le milieu catholique dont il a besoin du soutien politique et celui proche de l’industrie textile, l’Empereur français mandate l’amiral Charles Rigault de Genouilly pour mener à bien la conquête de la Cochinchine et installer les premières prémices d’une colonisation durable dans le temps. L’Empire d’Annam est alors affaibli par une série de catastrophes naturelles, de révoltes et se retrouve seul face à l’armada française. L’Empereur Tu Duc est contraint de signer le traité de Saïgon en 1862 et de céder la Cochinchine. Dans la foulée, Paris s’accorde avec le royaume du Cambodge et met en place un protectorat, socle futur de l’Indochine en devenir. Il faudra encore attendre près de trois décennie, sous la IIIe République, pour que le Tonkin, le Laos et l’Annam tombe sous la férule française.
Un prince dont les nom est indissociable de l'histoire du Premier Empire
Le prince Joachim Murat est un ancien du 1er régiment parachutiste d'infanterie de marine (RPIMA) des forces spéciales. Colonel de réserve dans la Garde républicaine, il est l’héritier d’une maison qui a occupé le trône de Naples de 1808 à 1815. Une famille dont les membres ont donné leur sang pour la France, auréolés des gloires de leur ancêtre, personnage indissociable de l’histoire du Premier Empire. « (….) Avec vous Monsieur, ce sont les ombres de milliers et de milliers de cavaliers du maréchal Murat, Roi du Naples, Grand-duc de Berg et de Clèves, qui se tiennent ce jour, près de nous, à nos côtés et dont les charges sont empreintes de la plus forte et héroïque bravoure (…), qui emportaient des victoires (…), et qui ont ouvert grand les portes de la liberté », a déclaré à cette occasion Philippe Delarbre au cours d’un discours très emporté. Face à une salle comble, avec la présence de délégués de France Bonapartiste et de L’Appel au peuple, deux mouvements proches de Joachim Murat, le prince de Pontecorvo a fait part de son émotion.
L'Indochine au carrefour de toutes les ambitions
Rappelant les événements et les raisons qui ont conduit l’intervention de la France en Annam en 1858, le prince Murat a rendu hommage aux décisions du dernier Empereur de France. « Napoléon III souhaite augmenter le domaine français. Il va le faire en Indochine, en Afrique, au Mexique avec beaucoup moins de bonheur, dans une vision de prospérité commune des peuples » explique Joachim Murat. « L’héritage de Napoléon III en Indochine reste un héritage respecté. Vous avez encore au Vietnam, le caodaïsme, dont une des divinités, une figure spirituelle et majeure reste Victor Hugo » rappelle le prince. Non sans une certaine ironie quand on connaît les relations désastreuses entre le célèbre poète et Napoléon III. « Après 1945, la péninsule indochinoise devient le terrain de jeu de la guerre froide entre les empires communistes et américains en pleine expansion. Une solution avait été trouvée avec Bao Dai (dernier Empereur d’Annam de 1926 à 1945 et 1949-1955 -ndlr) pour un Vietnam indépendant en 1948. Malheureusement Ho Chi Minh, créature du parti communiste chinois, formé par les écoles françaises, va entraîner la péninsule dans une guerre grâce au soutien de la Chine Maoïste » poursuit le candidat du parti « Nous le Peuple » aux prochaines élections européennes. Allusion subtile également à la visite du Président chinois Xi Jinping en France, le même jour que l’hommage rendu aux soldats de Dien Bien Phu.
Le prince Murat dénonce les trahisons de l'époque et les ravages du communisme en Indochine
« Dès 1946, les combats contre le Viet Minh continueront jusqu’à la défait de Dien Bien Phu en 1954. L’honneur de l’armée, qui n’a jamais été mis en doute, sera incarné par les troupes coloniales, métropolitaines, par la légion, la cavalerie, les artilleurs, les fameux paras de (Marcel) Bigeard, les 1520 volontaires (dont les 680 non parachutistes) qui vont se présenter (…) pour sauter dans la fournaise » rappelle le prince Murat, qui profite de cette occasion pour rendre également hommage au personnel civil et féminin qui a été aussi partie prenante de ce conflit. « Nous avions perdu une bataille, mais pas la guerre. La politique des Blocs et le gouvernement de Pierre Mendès-France (Président du Conseil de 1954 à 1955 -ndlr) vont en décider autrement alors qu’il y aurait pu avoir une autre issue à cela » déplore le prince Murat. « 50000 français ont été sacrifiés, le Vietnam s’est enfoncé dans une guerre instrumentalisés par la Chine, par l’URSS, par les USA et qui finira en 1975 avec la création de la République socialiste du Vietnam avec comme parti unique, le parti communiste, avec entre temps le massacre de la population cambodgienne par les Khmers rouges, autre héritage tragique du jeu des blocs en Indochine . La solution que nous avions trouvé en 1948 avec Bao Dai (..) aurait certainement évité des décennies de massacre de la population qui se sont chiffrés en millions de morts » renchérit le prince Murat.
« Avec le sacrifice des héros de Dien bien Phu, nous commémorons aussi (…), le sacrifice des Français qui représentait l’expression chimiquement pure de l’esprit gaulois chevaleresque et frondeur de ce « marche ou crève », d'Austerlitz au serment de Koufra (1941-ndlr) en passant par Camerone qui ont fait la forge de la France et des Français, les plus fabuleux combattants du monde » lance en guise de conclusion le prince Joachim Murat. Un hommage qui a su séduire l’assistance, visiblement conquise par le descendant du plus célèbre Maréchal de l’épopée napoléonienne.
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