Pour le 80e anniversaire de sa mort au combat contre l’ennemi, le prince Joachim Murat a rendu un hommage appuyé à son grand-père, héros reconnu de la résistance.
C’est une stèle érigée sur la Départementale 78 du Val d’Oise qui n’attire pas forcément l’attention. Pourtant sur cette route, s’est déroulé un épisode tragique de la Seconde Guerre mondiale que les manuels d’Histoire évoquent peu. Le 20 juillet 1944, le prince Joachim Murat a donné son sang pour que les Français puissent vivre libres.
Un prince inscrit dans les pas de son illustre ancêtre
Son nom est inscrit en lettres dorées sur un fond en marbre de couleur gris-noir. Pour les passionnés du Premier empire, il évoque la bravoure et le panache porté à son paroxysme, pour les autres, un modèle d'héroïsme. Joachim Murat a 20 ans quand le Maréchal Philippe Pétain annonce la fin des hostilités avec l’Allemagne nazie. La France s’apprête à entrer dans un régime de collaboration avec les Nazis. Une situation que ne peut accepter le descendant de l’illustre maréchal Murat, roi de Naples, qui a été le compagnon fidèle de l’Empereur Napoléon Ier et dont la famille a lié intrinsèquement son destin avec un pays, berceau de la liberté des peuples.
Un héros reconnu de la résistance
Sportif, élancé, regard de l’aigle, le prince Murat est un jeune homme passionné. Marié à Nicole Pastré, issue d’une famille de comtes romains, avec laquelle il aura trois enfants, il est alors élève pilote aviateur lors de la signature de l’armistice en juin 1940. Il ressent cet acte comme une trahison. Résister est le seul mot qui résonne dans sa tête. Sa décision est prise. Direction la Zone libre où il va rapidement intégrer la Résistance. Sous-lieutenant des Forces Française de l’Intérieur (FFI), au sein du maquis Carol, le prince Joachim Murat va écrire les plus pages de la résistance française et inscrire son nom parmi les héros de cette période complexe et agitée. A ses côtés dès 1943, le prince Louis Napoléon VI, son cousin, prétendant au trône de France, également entré dans la résistance. Avec le débarquement du 6 juin 1944, le prince Murat va se retrouver face à des Allemands qui battent retraite. Parmi lesquels, la fameuse seconde division SS de panzers Das Reich qui va s’illustrer par plusieurs actes ignobles à la fin du conflit. Tentant de se mettre à l’abri avec des documents importants, sous le feu de l’ennemi, Joachim Murat est subitement fauché par une rafale de mitrailleuse. Il a pris 7 balles dans le corps, son visage défiguré par la violence de l’attaque. Son chauffeur, qui a réussi brièvement à s'extirper du véhicule, va rapidement subir le même sort comme le mentionne le site de Brenne-au-coeur qui a consacré une biographie complète sur le ième prince Murat. Ironie de l’histoire, sa mort survient le jour même où des officiers, principalement issu de la noblesse allemande, déclenche l’opération Walkyrie, qui sera un échec, contre le chancelier Adolf Hitler.
Son petit-fils lui rend un hommage appuyé
Huit décennies plus tard, son petit-fils, le prince Joachim Murat, 51 ans, un prénom que portent tous les héritiers de cette maison royale, est venu rendre hommage à ce héros oublié aux côtés de son épouse, la princesse Yasmine et leur fils, Joachim, le prince Pierre Murat avec son fils Charles et son épouse, la princesse Laetitia Murat, le prince Joachim Murat (père du prince de Pontecorvo) et de son épouse. Étaient aussi présents de nombreux élus, conseillers départementaux, maires de communes voisines, les responsables du Souvenir Français et du Souvenir Napoléonien, une vingtaine de porte-drapeaux (dont deux jeunes filles avec le porte-fanion du 16 BCP, provenant de la maison de la Légion d'honneur), de nombreux anciens combattants. Une foule nombreuse. Une présence remarquée, et remarquable, la présence de Monsieur Robert Boutin, le dernier survivant du maquis qui, à 17 ans, était l'estafette du prince Murat. A 97 ans, la mémoire toujours alerte, Robert Boutin s’est souvenu avec émotion de ces moments dans la Résistance et n'a pu retenir ses larmes en embrassant la nouvelle génération de Murat. Une délégation de l'Appel au Peuple, amenée par David Saforcada, président du mouvement bonapartiste, était aussi présente marquant ainsi, s'il en était encore besoin, les liens forts tissés avec la famille royale Murat.
Le prince Joachim Murat a déposé une gerbe de fleurs près de la stèle avant de se recueillir devant elle durant de longues minutes. Interrogé par Monarchies et Dynasties du monde, le prince de Pontecorvo a déclaré que « l’hommage rendu à mon grand-père est un hommage rendu à l’esprit français de résistance contre la bêtise, le dogmatisme et l’obscurantisme ». « La France de la Résistance est une France de liberté, de souveraineté et de sens de la responsabilité jusqu’au sacrifice ultime. Elle est cette France qui prouve au monde qu’un homme debout face à l’absurdité change l’Histoire. », a souhaité ajouter Joachim Murat, colonel dans la réserve citoyenne de la Garde républicaine.
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Mes remerciements à Axel Folch pour ces photos et les détails apportés qui ont permis la réalisation de cet article.