Le titre s’affiche en une du bulletin de l’Association des amis de la maison de France (AAMF) daté d’automne 1995. A cette époque, Jean d’Orléans a tout juste 30 ans, il incarne les espoirs d’une maison qui a régné sur la France entre 1830 et 1848 et qui aura marqué toute l’histoire d’une famille, celle des Bourbon. Fils et petit-fils du comte de Paris, le prince Jean d’Orléans est –il ce prince de l’avenir, ce capétien dont une prophétie de Nostradamus a prédit la montée sur le trône en 2026 ?
Depuis le décès de son frère, le prince François, comte de Clermont, en décembre 2017, le prince Jean d’Orléans assume pleinement et légitimement sa position de « dauphin de France». Lors des festivités du millénaire capétien (1987), il avait reçu le titre de courtoisie de « duc de Vendôme » de la part de son grand-père, Henri d’Orléans, comte de Paris. Le prétendant au trône de France était le visage médiatique d’un monarchisme français, divisé dynastiquement et idéologiquement. Mais aussi familial. Des tensions que chacun pouvait alors suivre dans les magazines spécialisés qui étalaient les disputes du comte de Paris et de son fils éponyme en une de leurs couvertures. Ses parents, Henri d’Orléans et Marie-Thérèse de Wurtemberg (actuelle duchesse de Montpensier) ont divorcé en 1984. Jean d’Orléans est le 4ème enfant du couple dont le mariage avait reçu les félicitations personnelles du général de Gaulle. Les espoirs de retour de la monarchie se dessinaient doucement. Aujourd’hui, Jean d’Orléans se prépare à devenir, un jour prochain, le chef de la maison royale de France. Il porte le prénom d’un roi à qui on doit la création du franc français. Le fondement monétaire même d’un royaume de France marqué par la guerre civile, l’occupation d’une partie du territoire par les anglais, les intrigues de palais, les révoltes en tout genre. De cette histoire dont il est un des héritiers, le prince Jean en avait exprimé ses réflexions dans un livre paru en 2004 et qui avait rencontré un certain succès en librairie, « Jean de France, un prince français».
Un véritable programme politique dont le but avoué était de présenter le prince aux français. Point de nostalgie, Jean d’Orléans affirme sans complexe ne pas être un homme de commémoration mais un prince qui agit sur le terrain pour le renouveau de la France. Une renaissance qui passe indubitablement par le retour de la royauté. « Je crois fermement que la Maison de France et surtout son chef ont un rôle à jouer dans la vie politique » déclarait-il en 1994 au magazine Point de Vue. « Une élément de stabilité à travers un arbitre impartial » expliquait-il encore dans son livre. Il s’est toujours préparé à son rôle, a marqué progressivement son indépendance vis-à-vis de son père avec lequel il entretient parfois des rapports houleux teintées d’admiration filiale. Père de 4 enfants lui-même, (un cinquième étant à venir au vu des rondeurs affichées par son épouse Philomena de Tornos y Steinhart avec laquelle il va bientôt fêter ses noces d’étain), il s’affiche désormais partout. Sa page Facebook suivie par 5000 personnes, comme son site personnel fait régulièrement l’écho de ses activités, de son attachement à l’idée de nation sous la bannière du drapeau tricolore. Symbole de la réconciliation nationale dont les origines sont indubitablement capétiennes, expression d’une odieuse révolution sanglante pour ses détracteurs qui n’ont de cesse de lui rappeler le rôle joué par son ancêtre, le duc Louis- Philippe d’Orléans que l’histoire a retenu sous le nom de Philippe Egalité et dont certains affirment qu’il a été le dernier à voter la …mort de son cousin Louis XVI en 1793.
Jean d’Orléans se refuse de regarder dans la lorgnette du passé de l’histoire. Quel que soit la teneur du nom qu’il porte, il en assume la charge, la responsabilité, se fait critique mais aussi clairvoyant vis-à-vis des fonctions dont il est le premier des porte-drapeaux, regrettant que les manuels d’histoire continuent encore de présenter une image caricaturale de la monarchie qui « est pourtant une idée neuve, moderne en Europe » . Il est de tous les combats. A commencer par la défense de la foi chrétienne, un crédo qu’il partage avec son cousin Louis de Bourbon, son aîné au seul titre de chef de la maison de Bourbon, mais son cadet dans l’âge. La religion pour le prince « est cette racine de base de vie, de solidarité, d’entente, de paix et de justice, un équilibre de vie » rappelait-il déjà en 1995 au Figaro.
Ce descendant de Saint-Louis s’est drapé dans le manteau de protection des minorités chrétiennes du Liban à la Syrie, pays qu’il a visité. «Être prince Chrétien, c’est incarner la nécessaire réconciliation de tous les français autour de l’histoire ancienne et récente des français ». La famille a un sens pour Jean d’Orléans qui entend agir en « prince français ». Et c’est tout naturellement qu’il avait participé aux manifestations contre le mariage pour tous en 2013. Il ne s’agissait pas pour lui de nier des droits aux couples de même sexe mais d’éviter que la loi ne dénature le caractère sacré du mariage pour lequel il porte une haute estime. D’ailleurs, le prince est un modéré pragmatique mais ce n’est pas pour autant qu’il entend sacrifier ses principes, refusant le moindre soutien à la notion de GPA-PMA. « Je n’exige évidemment de personne qu’il partage mes convictions » dit Jean d’Orléans « dont le souci est de s’adresser à tous ses compatriotes et de les rassembler dans une même affection ».
Parmi les mouvements royalistes, soutiens à sa famille, de l’Action française à la Nouvelle action royaliste, on ne cache pas sa tendresse au prince Jean d’Orléans. Quitte à entrer en opposition au comte de Paris, l’actuel chef de la maison d’Orléans et prétendant au trône, dont ils se défient tout en étant déférant envers lui. Comte de Paris, un titre qu’entend relever le prince Jean d’Orléans qui se veut dans la continuité et la protection de sa mission royale, celle de « préserver la souveraineté de la France ». 1789 ? « une erreur fondée sur un contresens (qui ) a cassé la dynamique d’un pays qui avait (cependant) besoin d’être réformé ». 1814, « un rendez-vous manqué » reconnaît ce prince qui par un curieux hasard généalogique descend de Charles X, le dernier roi de la Légitimité , renversé par son cousin Louis-Philippe Ier qui alors réalisé les rêves de toujours de la branche cadette, celle de monter sur le trône de France. Et c’est dans cet esprit de réconciliation qu’il soutient le retour de son ancêtre en France nonobstant les objections de son cousin Louis de Bourbon à ce sujet. Les relations avec celui-ci ? Cordiales et sans aucune animosité, résume-t-il régulièrement, se désespérant lors d'une interview à Politique magazine (2016) du manque d'unité des royalistes. N’avaient-ils pas été vus ensemble avec leurs enfants respectifs en 2010 pour l’hommage rendu du fondateur de la maison de Bourbon, Henri IV. Une « tête controversée» plus tard, le père de Louis XIII et de Gaston d’Orléans, éternel prince rebelle, est inscrit au panthéon personnel du prince Jean d’Orléans qui apprécie la capacité du roi à rassembler, une politique initiée pour le bien de la nation dans la cohésion, la tolérance et qui aura permis aux deux religions (catholiques et protestantes) de cohabiter ensemble après des décennies de guerres civiles. Une main tendue , une solution contre tout extrémisme religieux et communautariste.
Jean d’Orléans ne juge pas l’histoire mais s’autorise à l’analyser avec un certain recul. Les deux empires ? La popularité des Napoléon est indéniable, mais elle aura coûté cher à la France sur le plan humain et économique mais aussi familial selon lui . Pourtant, faisant fi du passé, le prince avoue qu’il a une affection particulière pour la princesse Napoléon, veuve du prétendant Louis Napoléon dont les relations avec son grand-père furent exécrables. « Il faut assumer l’histoire toute entière, avec ses bons et mauvais côtés. C’est une question d’état d’esprit. Quelles leçons tirer du passé ? Ce qui m’intéresse, c’est la valeur ajoutée que chacun peut apporter » affirme le prince. Préservation de l’environnement, un de ses nombreux combats personnels, crise des migrants ( « si l’hexagone est un pays d’immigration, la crise ne nous permet plus d’accueillir dignement tous ceux qui voudraient s’installer ici »), réforme des corps intermédiaires, développement de l’espace francophone (le prince confesse ses liens étroits avec la « Belle province », le Québec), « redonner à la France son attrait dans la compétition mondiale, renouvellement des relations avec la Russie, refonte de l’Europe (dont il est un critique des institutions actuelles) ou encore développement de la défense (le prince est parrain de divers régiments militaires), des amorces de ce programme politique dont il affine doucement et actuellement tous les contours.
« L’histoire me place en position d’arbitre, fidèle à cet état d’esprit capétien qui permet de dépasser les querelles dans lesquelles se sont abîmées les français ». Avec 17% de français prêt à soutenir le retour éventuel de la monarchie, Le prince Jean d’Orléans est-il aujourd’hui l’image d’un nouvel avenir pour la France ? « La monarchie a cet avantage sur la république : le roi contrairement au président n’est pas soumis à l’élection. Et c’est bien ce qui change tout. Un prince ne gouverne pas au «doigt mouillé », en fonction des sondages comme c’est trop souvent le cas aujourd’hui. Il n’a pas besoin de gagner les faveurs des uns ou des autres pour s’assurer une place. Il peut écouter chacun, ne négliger personne, prendre les conseils de tous et de décider en son âme et conscience, guidé par le souci du bien commun.» achève de conclure, Jean d’Orléans, un autre capétien de cette maison de Bourbon qui en mille ans de règne a construit la France. Un héritage dont la république s’est appropriée en toute illégalité, un jour de septembre 1870.
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Publié le 22/07/2018