Le prince Louis-Alphonse de Bourbon aurait-il quitté définitivement l’Espagne pour s’installer aux Etats-Unis ? Continuellement sous le feu de l’actualité avec l’affaire Franco, qui a connu un énième rebondissement ces dernières heures avec la prise de position de la maison royale d’Espagne, le duc d’Anjou aurait choisi de quitter Madrid pour s’installer à New-York, où il possède un appartement. Un départ qui a fait, depuis hier, l’objet de plusieurs titres de la presse espagnole qui s’interroge sur les réelles motivations d’un membre de la famille Bourbon à vivre loin du trône de France auquel il prétend depuis 1989.
Le 20 jvier dernier, à la Chapelle expiatoire, Louis-Alphonse de Bourbon est apparu avec les traits tirés. A peine coiffé, une barbe de deux ou trois jours mal rasée- une allure qui n’a pas été sans avoir été âprement commentée sur les réseaux sociaux de la part de certains légitimistes qui ont trouvé cet aspect peu princier- le duc d’Anjou a toutefois rempli son rôle de prétendant au trône avec le sourire, la piété catholique et la patience qui le caractérise. Entre deux interviews à Boulevard Voltaire ou à la chaîne M6, selfies et quelques mots adressés ci et là, se déclarant comme à son accoutumée disponible pour l’Hexagone si les français le souhaitait, le prétendant de la Légitimité a terminé sa journée dans un restaurant avec ses partisans, ravis de cette présence royale à leurs côtés. Avant de repartir vers Madrid.
De quoi refroidir pourtant certains légitimistes qui auraient souhaité qu’il prenne la tête du cortège de la « manifestation pour la vie » (à succès) organisée le jour même et qui s’en sont épanchés sur les pages facebook consacrées à leur tendance. En vain. Le prince répondrait –il plus à un devoir filial que par conviction dans ses prétentions au trône de France ? Et c’est bien la controverse que soulève dans son édition le journal El Pais. Le décès inattendu du comte de Paris, le prince Henri d’Orléans, autre prétendant au trône de France, a gâché la nouvelle mise en lumière de celui que ses partisans appellent Louis XX. Durant deux semaines, toute la presse nationale et internationale a évoqué ce décès, renvoyant dans l’ombre la visite du duc d’Anjou. En dépit du buzz, formidable coup de communication de son secrétariat qui a manifestement tenté une « opa » très éphémère sur les « gilets jaunes », Louis –Alphonse de Bourbon se fait toutefois absent des préoccupations françaises pour se concentrer sur le combat qu’il mène autour de la dépouille de son arrière-grand-père, le général Francisco Franco. Une affaire qui embarrasse par ailleurs la Légitimité. Même la présence de ces quelques « gilets jaunes » à la Chapelle expiatoire n’a pas été sans provoquer quelques remous chez les légitimistes qui ont peu apprécié de les voir dans ce lieu consacré avant de donner lieu à l’objet de théories diverses comme celui d’un nouveau « coup de com’ » monté par l’équipe du duc d’Anjou.
« S’il a longtemps fait profil bas en politique », « la mort de sa grand-mère, Carmen Franco, a radicalement changé le fils de Carmen Martínez-Bordiú et Alfonso de Borbón et son comportement en public » note El Pais. Le « bisnieto », futur duc de Franco, ne cesse depuis que de « parler de l’Espagne, de politique espagnole, de religion espagnole ou de l’avenir de l’Espagne » sur les réseaux sociaux renchérit le journal. Avec 3 voyages à peine par an en France il est vrai que les prétentions du duc d’Anjou sont à peine audibles pour ses propres partisans agacés que divisés sur la nouvelle personnalité de leur « roi » et ses prises de positions diverses. Son discours au XIIème Congrès des Familles, en septembre dernier, a irrité les plus modérés des légitimistes, déjà échaudés par son « franquisme revival », son soutien à Vox (le parti d’extrême-droite espagnol) et le fait qu’il ne s’exprime qu’en espagnol sur les réseaux sociaux, qu’elle a ravi la partie la plus conservatrice de ses partisans qui ont y vu un retour en force de leur prince. A un tel point, que sa nouvelle équipe s’est empressée de créer une page Facebook et un compte twitter en Français afin de traduire ses nombreux post pour le rendre plus « prétendant franco-compatible », choisissant avec soin ceux-ci et évitant soigneusement toute référence à l’affaire inhérente à « Los Francos » qui passionne plus les médias espagnols que leurs collègues français.
Attendue la naissance de son 4ème fils, le février dernier, n’a pas été sans s’accompagner d’une polémique tant parmi les légitimistes que les partisans du nouveau comte de Paris, le prince Jean d’Orléans. Enrique de Jésus (rapidement francisé en « prince Henri » par la Légitimité qui a été fort prompte le jour même à créer sa page wikipedia et qui continue à gommer toute trace d’hispanité de leur poulain tant bien que mal) est né à New-York et possède la triple nationalité américaine, française et vénézuélienne. Si la presse espagnole n’évoque pas les deux dernières, elle fait remarquer que le jeune duc de Touraine est avant tout américain comme sa sœur et ses deux frères. Selon la presse espagnole, la famille de Louis-Alphonse de Bourbon avait pris ses quartiers peu de temps avant Noël afin de permettre la naissance de leur enfant aux Etats-Unis. Et si les faireparts de naissance en espagnol et en Français sont curieusement différents, l’un comme l’autre, tant pas leurs logos que par leurs traductions respectives, les médias espagnols se sont également attardés sur les soubresauts financiers vénézuéliens de sa belle-famille. Président d’honneur de la Fondation Francisco Franco, à la tête d’une fortune considérable et d’un nombre d’entreprises qui l’ont classé parmi les premiers influenceurs d’Espagne, le prince Louis-Alphonse de Bourbon est aussi le vice -président de la Banco Occidental de Descuento, récemment partiellement nationalisée par le gouvernement de Nicolas Maduro qui ne tient pas en odeur de sainteté la famille Vargas, pourtant autrefois premier banquier de feu le Président Hugo Chavez. En décembre 2016, le prince avait dû se précipiter au chevet de son beau-père, brièvement embastillé, accusé de comploter contre le pouvoir en place. Ce qui expliquerait également et peut-être en partie pourquoi le duc d’Anjou a apporté son soutien en filigrane aux manifestants de Caracas sur son compte Twitter.
Le prince, qui semble inconsolable de la perte tragique de son frère aîné et de son père (on apprend dans l’édition de Vanitatis [qui parle également du déménagement de los Borbones-ndlr] que Louis-Alphonse de Bourbon aurait longtemps parlé de de Francisco comme s’il était vivant, refusant que l’on touche ou déplace la moindre affaire dans sa chambre) s’éloignerait –il des affaires espagnoles et françaises ? La récente mise en garde du palais royal de toute tentative d’enterrer l’arrière-grand-père du prince à la cathédrale de l’Amuldena, alors que la famille Franco a déposé un nouveau recours contre l’exhumation du caudillo, après deux défaites devant les tribunaux et la cour suprême, a-t-elle décidé le prince à déménager définitivement loin des tumultes politiques et sociaux que traversent ses deux pays de coeur ? El Mundo qui évoque d’ailleurs de son côté le peu d’intérêt qu’il montre à réellement prétendre au trône de France à contrario son père, le prince Alphonse, plus présent de son vivant, pose également la même question sans avoir de véritables réponses à apporter. Finalement l’éternel dilemme d’une maison qui, depuis 1883, a toujours été partagée entre Espagne et France sans avoir jamais avoir pu choisir vers quelle capitale tourner son regard, toute aînée soit-elle.
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Publié le 07/02/2019