Le prince Jean d’Orléans, candidat politique en devenir ? Jamais un Orléans n’aura été autant actif sur la scène politique qu’aujourd’hui. Depuis qu’il est le nouveau comte de Paris, le descendant du dernier roi des Français, Louis-Philippe Ier, est quotidiennement présent dans la presse et sur les réseaux sociaux. Alors que l’Hexagone subit de plein fouet les conséquences de la crise du covid-19, notamment au niveau économique, le prétendant au trône de France semblerait se positionner comme une possible alternative politique !?
Tout est dans la communication et dans la symbolique de la continuité dynastique. Livres sur la table, lunettes vissées sur le nez, penché sur son ordinateur « Apple Imac », le prince Jean d’Orléans travaille sous le regard de son ancêtre, Philippe VII, premier comte de Paris. Son journal de bord est suivi par 13000 personnes abonnées à sa page officielle éponyme, il a publié des tribunes dans divers journaux de renom et fait quelques apparitions remarquées à la télévision. Pas un seul mois passé sans que l’héritier au trône de France, qui a pris les rênes de sa maison le 21 janvier 2019- date anniversaire de la mort de Louis XVI- n’ait été présent dans les médias
Son grand-père, Henri, avait été pressenti pour succéder au général de Gaulle et son père avait songé à se présenter à l’élection présidentielle en 2007 avant de finalement renoncer. L’actuel comte de Paris se prépare-t-il à suivre le même chemin ? Ou sur un terrain plus local ? Début janvier de cette année, lors d’une interview accordée au magazine l’Incorrect, il s’est affirmé « comme un homme de convictions qui entend rester au-dessus des partis sans pour autant être absent du débat ». L’année dernière, il a fait une brève incursion dans le champ des prérogatives présidentielles et initié au château d’Amboise, la rencontre entre le président Emmanuel Macron et le président Sergio Mattarella qui a permis la réconciliation entre les deux pays en quasi rupture diplomatique. Aujourd’hui, crise du covid-19 oblige, il se porte au chevet d’une France malade de son identité et de sa politique. Le prince d’Orléans est agacé et le fait savoir. « J’ai noté un clair manque de stratégie générale. J'ai le sentiment qu’aucune anticipation n’est de mise et que le gouvernement navigue à vue» déclare-t-il dans son dernier billet publié dans son journal de bord, le 26 avril. La plume est directe, le ton et un brin irrité, il évoque « la nature hasardeuse des décisions successives (et) la manière dont elles sont annoncées (qui) relève plus de la communication que de l’information ». Jean d’Orléans se fait l’écho du sentiment national : «Comment ne pas comprendre que de nombreux Français se sentent manipulés quand le gouvernement conseille le port général du masque un mois après que son porte-parole a affirmé qu’il était inutile ! Et chaque décision, à peine proclamée est aussitôt nuancée au point qu'on ne la comprend plus ». Longtemps soupçonné de courtiser le président de la république, qu’il a rencontré à diverses occasions, le prince fait mentir ici les mauvaises langues.
«La France est un pays déjà profondément fracturé. Les émeutes en banlieue de ces derniers jours, dont les premières victimes en sont ses habitants mêmes, sont également un énième révélateur de la fragilité de l’autorité de l’État sur une partie du territoire ». Le prince Jean se pose indubitablement en alternative. Le discours ressemble à celui d’un candidat en pré-campagne et qui entend s’inscrire dans le long terme. Il a esquissé ses premières propositions dans le magazine d’actualité hebdomadaire « Marianne », à la grande surprise des monarchistes. Le comte de Paris entend participer à « cette refondation, cette renaissance » qu’il appelle de ses vœux.
Dénonçant les » mauvais effets de la mondialisation, aujourd’hui communément constatés, (qui) nous obligent à repenser notre modèle de développement», « La France, riche de son expérience millénaire et sans cesse fortifiée par l'énergie de ses citoyens, sera une nouvelle fois exemplaire pour elle-même et pour le monde» assure le prince qui se veut souverainiste. « Il est temps que nos gouvernants prennent conscience de ce qui est leur responsabilité : le service de la France et des Français». Soutien aux gilets jaunes, il a même été à leur rencontre. Le comte de Paris entend faire un tour de France afin de se faire connaître et se constituer une «base ». Électorale ? La question reste encore sans réponses et que seule le prince possède.
Surnommé le « prince de l’avenir » par ses partisans, les prochaines pages de l’histoire du monarchisme français restent encore à écrire. Ce prétendant au trône de France sera-t-il au rendez-vous d’un destin qui ne dit pas encore son nom ? Trouvera-t-il un soutien parmi les français ou les monarchistes qui restent toujours divisés ? Il lui appartient désormais d’achever la mission que lui ont légué tour à tour ses ancêtres, son grand-père, celle de «couronner la démocratie ».
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