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Les Français et la Monarchie : Un retour possible ?

La France, tout en ayant guillotiné son roi, n'a jamais complètement fait le deuil de ce régicide qui continue de hanter son subconscient collectif. Récemment, la visite du roi Charles III a ravivé la curiosité des Français, profondément attachés à la famille royale britannique qu'ils ont accueillie dans leurs foyers. Face à la cacophonie nationale à laquelle la France est confrontée, la question d'un retour de la monarchie se pose de plus en plus, offrant un espoir de retrouver un arbitre naturel, une figure qui semble manquer cruellement à l'institution républicaine actuelle.

Le 8 septembre 2022, le décès de la reine Elizabeth II a ébranlé la France. En tant qu'icône internationale, sa popularité était immense. Les funérailles de ce monarque britannique au règne inégalé de 70 ans ont battu tous les records d'audience, mobilisant des rédactions entières pendant des semaines et donnant lieu à des centaines d'articles et numéros spéciaux en librairie. Un an plus tard, la visite de son successeur, Charles III, a suscité un engouement similaire de la part des médias. Sa visite d'État de trois jours, marquée par un discours historique au Palais du Luxembourg, a été largement couverte à travers des éditions spéciales. Durant cette visite, les dignitaires français n'ont pas hésité à utiliser le titre de "Sire" pour le fils de la "Queen", rappelant ainsi les jours glorieux de la monarchie française. Cette déférence anachronique a suscité des débats, laissant planer la question : les Français sont-ils nostalgiques de l'institution royale ?

Un Français sur cinq souhaite le retour de la monarchie 

Selon une enquête d'opinion réalisée en 2016 par l'institut de sondage BVA, moins d'un Français sur cinq (soit 17%) serait favorable au retour d'un roi. Ce pourcentage, en constante augmentation depuis trois décennies (au début des années 1980, il n'était que 10% à titre de comparaison), est révélateur de l'époque actuelle où la France traverse une crise identitaire, politique, économique et sociale profonde. L'autorité même du président de la République est remise en question par une majorité de Français. Les observateurs notent que cette opinion sur le rapport entre monarchie, unité nationale et stabilité gouvernementale pourrait être la réponse des Français à cette situation difficile. Frédéric Rouvillois, professeur agrégé de Droit public à l'Université Paris-Descartes, analyse cette tendance en ces termes : "L'opinion des Français sur le rapport entre monarchie, unité nationale et stabilité gouvernementale me semble être une manière de répondre à la situation difficile qu'ils perçoivent à juste titre : l'unité du pays n'est plus une évidence et le tissu social et culturel est gravement abîmé par rapport à ce qu'il était jadis et même naguère". Cette nostalgie pour un passé perçu comme plus stable et cohérent se traduit également dans l'analyse de Jean-Michel Bretonnier de La Voix du Nord, qui s'est demande le mois dernier si un monarque inoffensif ne pourrait pas apaiser la colère populaire, laissant ainsi le Premier ministre assumer le mécontentement national.

Le monarque, symbole de neutralité

Le désir de restaurer la monarchie n'est pas nouveau en France, un pays où le spectre de la guillotine plane toujours depuis la Révolution française. L'idée a refait surface à maintes reprises depuis la chute du Second empire en 1870. La Troisième République a failli la rétablir, mais des désaccords sur le choix du drapeau ont fait avorter le projet. La montée de l'Action française, mouvement résolument monarchiste et anti-parlementariste, a maintenu cette idée vivace. Même pendant la Seconde Guerre mondiale, les royalistes ont tenté de jouer leur carte en Algérie française, soutenant le prétendant au trône de l'époque, le prince Henri d'Orléans (1908-1999), en tant qu'autorité naturelle en 1942. Malgré ces efforts, la France a poursuivi son chemin républicain en dépit d'une autre tentative de retour de l'institution royale dans les années soixante. Le général de Gaulle, en dotant la Ve République d'une constitution aux allures monarchiques (1958), a eu l'intention avouée de retrouver cette ascendance perdue. Un rôle aujourd'hui dévoyé, selon l'ancien président Nicolas Sarkozy interrogé récemment à ce propos par le Petit Quotidien qui explique que pour diriger la France, il faut être un leader (de parti politique-ndlr) et non pas un arbitre. Pour Chantal Delsol, philosophe, la monarchie apporte à la politique une continuité et une distance inexistantes dans les régimes républicains. Elle souligne dans Atlantico que l'amour du peuple pour le roi crée un lien puissant, un élément qui fait défaut au régime actuel.

Alors que la confiance des Français envers leur institution actuelle s'est largement érodée, de plus en plus de voix s'élèvent en faveur d'une possible réforme, voire d'un référendum sur le sujet. L'idée de placer un monarque tel que les princes Jean d'Orléans ou Louis-Alphonse de Bourbon pour les royalistes, ou le prince Jean-Christophe Napoléon pour les bonapartistes, en tant qu'arbitre naturel du pays gagne en popularité et beaucoup se demandent si son rétablissement ne pourrait pas être la solution pour la France.  Les Français sont-ils  vraiment sur le point de tourner la page de la République pour revenir à leurs racines monarchiques, rempalcer la copie par l'original ? Seul le temps nous le dira.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 01/10/2023

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