Louis-Alphonse de Bourbon : ¡ No pasarán !

Aîné de la maison de Bourbon, le prince Louis-Alphonse de Bourbon est aussi l’arrière-petit-fils du général Francisco Franco. Un héritage qu’il assume au grand dam de la coalition de gauche au pouvoir en Espagne. Multipliant les humiliations contre le descendant de Louis XIV, elle entend bien l’exproprier du Pazo de Meirás, la demeure familiale des Franco.

Depuis 2018, le prince Louis-Alphonse de Bourbon est en guerre constante avec le gouvernement espagnol de coalition de gauche qui ne cesse de remettre en cause son héritage familial. Cousin du roi Felipe VI, prétendant au trône de France, Louis-Alphonse de Bourbon est aussi l’arrière-petit-fils du général Franco dont il assume pleinement l’héritage. Président d’honneur de la Fondation Francisco Franco, il n’a pas hésité à défendre publiquement le bilan du généralissime et à devenir le porte-drapeau des nostalgiques du franquisme. Une période qui divise toujours très profondément les Espagnols. Lorsque le Premier ministre Pedro Sanchez a ordonné l’exhumation du général Franco de la Vallée de Los Caïdos où il repose depuis 1975, Louis-Alphonse de Bourbon s’est démené afin de faire stopper cette action devant les tribunaux de justice. Une affaire qui a connu de multiples rebondissements et fait les titres de la presse nationale comme internationale. En vain. Contrainte à rendre les armes, la famille Franco a dû organiser, sous l’œil des télévisions locales, le transfert des restes de l’illustre aïeul, de son mausolée vers le cimetière de Mingorrubio, en octobre 2019. Loin de s’arrêter à cette mesure, le gouvernement a fait renforcer la loi sur la mémoire démocratique et a obtenu la suppression des titres de noblesse attribués par le général Franco et par ceux du roi Juan Carlos Ier qui rappelaient la dictature. Un combat anachronique pour certains, nécessaire pour les autres qui a permis à la Gauche de faire abolir le duché de Franco dont le descendant de Louis XIV était le titulaire en droit. Le prince ne cachait pas sa volonté de le récupérer au décès de sa mère, Carmen Martínez-Bordiú y Franco.

Le combat d'honneur d'un Bourbon

Si le prince n’a pas réagi officiellement à ce retrait, laissant l’indignation d’un tel acte à sa fondation, Louis-Alphonse est désormais préoccupé par un autre combat. Préserver le Pazo de Meirás, la maison familiale des Franco,que la justice lui a ordonné de restituer à la région. Manoir de style gothique de trois hectares, situé dans la municipalité espagnole de Sada, en plein cœur de la province de La Coruña (Galice), le Pazo de Meirás, a été acheté en 1938 par le régime franquiste au prix de 400 000 pesetas de l'époque et l'a immédiatement « offert » au général Franco dans des conditions controversées. Le gouvernement franquiste n’hésitant pas à payer tous les frais de sa famille. Celle-ci décidera de conserver la propriété après le décès du célèbre patriarche. Décrétée bien d'intérêt culturel en 2008, la famille du duc d’Anjou, détentrice aussi du titre de « Señor de Meirás » (également aboli), s’est toujours opposé à ce qu’elle soit ouverte au public, appréciant d’y passer ses vacances. En 2011, forcés par une décision de justice, les Franco ont dû pourtant ouvrir les portes de la demeure qui abrite les meubles et le legs de l’écrivaine Emilia Pardo Bazán (1851-1928), la première propriétaire. Une décennie plus tard, le gouvernement de Pedro Sanchez a dénoncé une « usurpation de propriété ». En septembre 2020, le Tribunal de Première Instance d'A Coruña a ordonné la saisie du manoir, l’expulsion des Franco. Louis-Alphonse de Bourbon et sa famille ont saisi leurs avocats qui ont contre-attaqué afin de faire suspendre cette décision, apportant les preuves censées justifier de la légalité de l’achat. En avril 2022, ils ont obtenu le droit de rester dans cette maison à laquelle est très attachée le duc d’Anjou. C’est en effet ici que lui et son épouse ont passé leur lune de miel après leur mariage. Pour autant, le combat judiciaire n’est pas terminé. Le gouvernement espagnol entend toujours faire expulser le prince Louis-Alphonse et les Franco de ce manoir. L’arrière-petit-fils du général Franco, que des mouvements verraient bien sur le trône d’Espagne (auquel il aurait droit si l’histoire et Alphonse XIII n’avait pas décidé de retirer à son fils aîné tous ses droits à la couronne), s’est dernièrement fait remarquer en portant un tee-shirt avec la photo du manoir imprimée dessus sur lequel on pouvait lire cette inscription : « Arrêter l'expulsion ».

En visite dans la ville de Corogne, il a été pris en photo par un journaliste. La photo a été diffusée par Guadalajara Alcarria TV et a suscité de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux. La maire socialiste de La Corogne, Inés Rey a réagi et ironisé sur l’inscription mal orthographiée présente sur le tee-shirt renvoyant le cousin du roi Felipe VI à son dictionnaire. Pour les médias, le prince a subtilement fait passer un message qui ne laisse place à aucun doute. ¡ No pasarán ! Il n’abandonnera pas le Pazo de Meirás aux héritiers de cette Gauche contre laquelle le Caudillo s'est battu durant la guerre civile (1936-1939).

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