Jamais tragédie n’aura autant mobilisé les différents prétendants au trône de France que depuis ce 15 avril. La soirée à peine débutée et sans que l’on ait encore déterminé les circonstances exactes à l’origine de cette catastrophe, un des plus beaux joyaux du patrimoine français est parti en fumée. Victime des flammes, toute la charpente de la cathédrale de Notre Dame de Paris s’est consumée sous le regard ahuri des passants, spectateurs ou touristes de passage. La perte de ce symbole de la puissance capétienne a rapidement suscité un émoi national chez tous les français attachés à leur patrimoine et au catholicisme. Parmi lesquels, les princes Jean d’Orléans, Louis-Alphonse de Bourbon et Jean-Christophe Napoléon.
Twitter ou Facebook, ce sont les réseaux sociaux qui ont été privilégiés comme vecteur de communication par les prétendants au trône. Le comte de Paris, le prince Jean (IV) d’Orléans, comte de Paris, a été le premier à réagir immédiatement évoquant sa « profonde tristesse et une grande inquiétude » devant les images de cette splendeur gothique se consumant à grande vitesse et tournant en boucle sur les chaînes de télévision. Plusieurs minutes plus tard, c’est au tour du prince Louis (XX) -Alphonse de Bourbon, duc d’Anjou d’exprimer son « émotion » tant en français qu’en espagnol, ses deux langues natales devant la perte de ce lieu sanctifié qui a vécu les plus belles heures de notre roman national. Un point que ne manquera pas de relever la presse. Il faudra attendre encore 24 heures avant de pouvoir lire le communiqué officiel du prince Jean-Christophe (VII) Napoléon appelant « les français à s'unir pour reconstruire la cathédrale Notre-Dame- de Paris, « symbole de notre patrimoine et de notre histoire ».
Chaque camp en présence, orléaniste, légitimistes et bonapartistes, applaudit de concert, les princes sont au chevet de de cette vieille et noble dame dont la première pierre a été posée au milieu du XIIème siècle. Et d’attendre que leur prétendant respectif se déplace. Instants de grâce sur les réseaux sociaux dont les espoirs vont bientôt laisser place aux incertitudes et aux dépits pour la Légitimité. Appelé par ses partisans à venir en France afin de constater les dégâts et communier avec le peuple français, le duc d’Anjou restera à Madrid. De cette tragédie nationale, le prince retweetera quelques photos afin de marquer sa solidarité ou marquant sa suspicion sur l’origine criminelle de l’incendie en partageant sur son compte la thèse complotiste propagée par le député franco-israélien Meyer Habib, proche de la droite radicale israélienne. Irritations ou agacements ont été très vite palpables sur les pages Facebook consacrées à la Légitimité déjà échaudée par l’annonce du comte de Paris, recevant le 2 mai prochain dans un des châteaux les plus prestigieux de la Renaissance, le président français et celui d’Italie.
« Exit », l’héritier des deux empires, les bonapartistes nostalgiques ou fidèles de la mémoire de Napoléon Ier devront se contenter de sa présence à l’hôtel des Invalides, le 5 mai. C’est assurément le comte de Paris qui occupe l’espace médiatique. Articles de presse, réseaux sociaux, une interview radio, déclarations, le prétendant au trône de France montre qu’il a été est touché dans son âme de fervent de chrétien. Il rencontrera le recteur archiprêtre de la cathédrale, Monseigneur Patrick Chauvet, le lendemain de la tragédie afin de faire le point sur la situation. La majeure partie des trésors ont été sauvés comme la couronne d’épines du Christ et la tunique de Saint-Louis, d’autres n’ont pas eu cette même chance comme le tapis de Charles X entièrement détruit. Et pour le descendant de Louis-Philippe Ier, l’émotion de cette vision apocalyptique est double. C’est ici que le premier des comtes de Paris issu de son rameau, le prince Philippe (VII) d’Orléans, a été baptisé le 2 mai 1841. La cérémonie avait été une des plus fastueuses de la monarchie de Juillet, le clergé catholique s’était singulièrement rapproché de cette maison montée sur le trône en 1830. La dernière des Bourbons à régner sur le trône de France. Pour Jean d’Orléans, venu prier en toute simplicité avec son frère Eudes parmi les français, la cathédrale de « Notre-Dame-de-Paris est bien plus qu’un bâtiment, plus même qu’un symbole, c’est le signe visible et bien réel du génie de la France. Du génie et du dévouement de ses admirables bâtisseurs, mais aussi du génie de ceux qui durant plus de 850 ans, siècle après siècle, ont chéri ce trésor national, et nous l’ont transmis sans faillir» déclare-t-il au Figaro.
«Je pense en prince chrétien, j'agis en prince français ». La devise du prince s’inscrit en lettres royales sur son site officiel, largement rénové depuis son « avènement de jure » le 21 janvier dernier. Et qui a redistribué indubitablement les cartes au sein du monarchisme français. Le prétendant au trône entend s’inspirer de Saint-Louis et le revendique, à l’instar de son cousin, le prince Louis-Alphonse de Bourbon qui s’y réfère régulièrement dans ses communiqués. Il s’en explique facilement. Le fils de la reine Blanche de Castille, mort en pleine croisade, est une « fontaine d’équité » selon le prince. « Il n’y a pas d’autorité sans justice, ni de justice sans amour » déclare-t-il en paraphrasant son grand-père, Henri (VI) d’Orléans dont il entend suivre les traces. « Du peuple au roi, du roi au peuple, c’est par cette voie que montre le loyalisme et descend la contrepartie d’autorité, celle qui permet l’efficacité gouvernementale dans le respect des libertés individuelles » ajoute-t-il. Le prince se pose pleinement ici en prétendant et justifie sa présence aux abords de ce haut-lieu de la chrétienté. « La monarchie a le souci constant des faibles et des opprimés et ne se reconnaît d’ennemis que les ennemis du peuple » déclarait-il dans un entretien en 2004. Sous la rosace de la cathédrale, les plus belles phrases du roman éponyme de Victor Hugo qui ont célébré l’histoire d’un monument consacré à la fille aînée de l’église.
Le fils du regretté Alphonse de Bourbon et actuel cousin du roi d’Espagne, fervent croyant, ne cache pas sa proximité avec les courants traditionalistes catholiques, une religion jusqu’ici l’apanage de la Légitimité, dont le duc d’Anjou est le premier des représentants dévots. Mais force est de constater que les partisans de Louis- Alphonse (que les plus zélés d’entre-eux appellent « Sa Majesté très chrétienne ») viennent de trouver un sérieux concurrent en la personne du comte de Paris qui ne cache pas sa fidélité à la religion catholique, citant en exemple, Jean Paul II ou le roi Baudouin Ier de Belgique. « Un modèle de prince chrétien » affirme le prince, qui entend aussi réconcilier toutes les autres religions entre elles. « Comme Fils de Saint Louis, roi bâtisseur, je me rattache aussi pleinement à cette continuité » déclare le comte de Paris dans sa tribune au Figaro et qui souhaite désormais s’ériger en blason protecteur du patrimoine français.
Appelant les français « à se rassembler dans une époque de fractures et d'incertitudes », Jean d’Orléans a replacé soudainement sa maison au centre de l’échiquier national dont elle en avait été absente depuis des décennies. Une position qui est désormais loin d’être ignorée par le gouvernement actuel qui sera son hôte au château d’Amboise. Là où en 1987, il avait été officiellement présenté aux français comme dauphin de France par son grand-père dont il porte aujourd’hui le titre.
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Publié le 18/04/2019