Plaidoyer pour un retour de la monarchie !

« La solution dynastique aurait l’avantage de faire disparaître la rivalité quais structurelle entre le président de la république et le premier ministre et de rééquilibrer la constitution gaullienne selon la lettre et l’esprit du texte de 1958 (…) ». Crise identitaire, économique, sociale et politique, la France fait désormais face aux menaces d’une dérive autoritaire du gouvernement, qui profite de la crise du covid-19 pour s’octroyer quasiment les pleins pouvoirs. Une situation inquiétante et anxiogène palpable chez les français et qui pourrait plonger l’Hexagone dans une guerre civile. Système institutionnel encore présent dans de nombreux pays, dont l’Europe, la monarchie apparaît de nouveau  comme une alternative crédible à une Vème République étatiquement épuisée et sur son lent déclin. Avec trois prétendants au trône, deux Bourbons et un Napoléon, les français ont le choix du roi !

Menacée par le terrorisme et la remise en cause de sa paix civile,  au bord de la catastrophe financière, la France est un volcan citoyen qui gronde depuis plusieurs mois. Face à un gouvernement qui n’arrive pas à endiguer une crise morale qui frappe de plein fouet les français ni à trouver des solutions à la crise sanitaire, liée à la pandémie covid-19, qui secoue l’Hexagone, nos compatriotes se cherchent une alternative.  « La monarchie constitutionnelle est une banalité en Europe, que ce soit au Royaume-Uni, au Danemark, en Norvège ...alors pourquoi pas chez nous ?». Interviewé par le magazine l’Express en 2019, le prince Jean d’Orléans, héritier des Capétiens, pose cette question pertinente qui commence à faire débat parmi la classe politique, quoique prompte à critiquer ou profiter de toute la pompe monarchique qui caractérise la Vème république et sa constitution taillée sur mesure pour un roi. Raillée, sempiternellement caricaturée,  malmenée par l’histoire officielle, avec presque un millénaire d’existence,  la monarchie française a pourtant un bilan dont elle ne saurait rougir et sur lequel ont marché amplement les républiques qui se sont succédées depuis 1870.

Ce qui caractérise le principe monarchique, c’est cette continuité qui fait figure de dogme et qui lui garantit une évolution sans heurts. L’idée n’est plus jugée comme ringarde, elle séduit même 17% de la population française selon un sondage BVA (2016) [1], notamment chez les 18-35 ans. Une enquête riche d’enseignements puisque 40% des sondés pensent qu’un retour de la monarchie aurait des conséquences plutôt positives pour l’unité nationale et 37% pour la stabilité du gouvernement. « Le roi représente l’état. Il est la figure emblématique d’une société politique et du groupe social qui en constitue le substrat. Il est l’image que le pays offre aux regards de l’intérieur comme de l’extérieur » expliquait très justement le bimensuel « Diplomatie ». En juin 2019, le magazine a consacré un dossier très sérieux sur ce vent monarchique qui parcourt l’Europe tout en rappelant l’importance du roi en tant qu’arbitre naturel qui ne répond à aucune pression de partis politiques. A contrario d’un président qui représente les seuls intérêts de son mouvement dans le seul but d’assurer sa réélection et qui manque cruellement d’indépendance au regard du bien commun, socle de la Res Publica. D’ailleurs, dans le denier classement des états du monde par indice de démocraties, dans les dix premiers pays cités, six sont des monarchies.  Voilà qui casse singulièrement les poncifs du genre qui affirment que la monarchie est antinomique avec le principe de démocratie si cher aux français et qui n'enlève en rien le fait de voter pour élire leurs représentants, comme cela se faisait déjà sous l'Ancien régime. Pis, elle est un avantage financier non négligeable. Si on transposait par exemple le budget de la couronne britannique sur celui de la France, la monarchie ne représenterait que 70 centimes d’euros par ménages français contre 2 euros actuellement. Les rapports comptables publiés par Buckingham Palace et ceux de l’Elysée sont facilement vérifiables et des calculs rapides démontent une nouvelle fois le mythe d’un roi ruineux pour ses concitoyens. 

En cas de restauration de la monarchie, qui pour porter la couronne ? Trois prétendants se disputent le trône. Le comte de Paris, le prince Jean (IV) d’Orléans[2], descendant de Louis-Philippe Ier, dernier roi des Français (1830-1848), le duc d’Anjou et prince Louis (XX)-Alphonse de Bourbon[3], descendant de Philippe V d’Espagne et généalogiquement l’aîné des Bourbons et enfin le prince Jean-Christophe Napoléon (VII) [4], descendant du prince Jérôme, le frère de Napoléon Ier. Tous descendent d’Henri IV, le premier roi Bourbon qui a unifié une France divisée par les guerres de religion et  qui restent impliqués dans les affaires de la France. Avantage au comte de Paris, dont le grand-père a failli succéder au général de Gaulle lorsque celui-ci a songé à restaurer la monarchie entre 1960 et 1965 [5]. Pas un mois sans que Jean d’Orléans (55 ans), cet écolo dans l’âme et amoureux de ce patrimoine qui caractérise notre histoire, n’accorde d’interviews dans les journaux, magazines, télévision ou communique sur les réseaux sociaux. Il a même conduit la réconciliation franco-italienne l’année dernière au château d’Amboise, a été reçu officiellement par des ambassades (Japon, Russie…) et reste soutenu par le quasi majorité des mouvements royalistes (Action Française[6], Nouvelle Action Royaliste[7], Groupe d’ Action Royaliste [8]…). Face à lui, Louis-Alphonse de Bourbon (46 ans) doté d’un pédigrée plus espagnol et soutenu par une minorité de royalistes qui reprochent à son adversaire d’être aussi un descendant de Philippe Egalité, ce prince qui a voté la mort de Louis XVI en 1793. Un régicide impardonnable aux yeux de ses partisans nostalgiques d'une monarchie fantasmée et qui positionnerait (entre autres raisons) leur poulain, tout de même arrière-petit-fils du général Franco (dont il défend âprement le souvenir) et du roi Alphonse XIII, sur la première estrade de cette course pour le trône. Très investi politiquement et socialement en Espagne, à la tête d’une immense fortune, il vient rarement en France et accorde peu d’interviews. Il est représenté par l'institut de la Maison de Bourbon[9]. En 2018, il a  toutefois fait le buzz  lors de la crise des gilets jaunes et on peut lire ses diverses positions, mélange d'idées conservatrices et christiques, sur sa page officielle facebook largement suivie. Pour autant, ses partisans restent très actifs sur le net (ils répugnent à participer à toutes élections de manière générale et n'ont pas de réelle base militante politique), multipliant les pages de soutiens sur le net dont la plus notable est Vive Le Roy[10], organisant des conférences ci et là. Quelques points communs cependant entre ces deux Bourbons que tout oppose idéologiquement : défense du catholicisme, rejet du mariage pour tous, de la PMA- GPA, de l’euthanasie ou encore un soutien affiché aux gilets jaunes, ils sont tous deux souverainistes et partisans d’une monarchie constitutionnelle. Un « Games of throne » à la française qui dure depuis 1883. Faute au comte de Chambord, petit-fils de Charles X (roi de 1825 à 1830),  le fameux Henri V qui a refusé une couronne offerte par l’assemblée nationale (1870-1873) par simple aversion du drapeau tricolore et de n'avoir pas désigné de successeur à sa mort, sans enfants. Reste enfin le prince Jean-Christophe ( 34 ans) Napoléon qui vit à Londres. Quasiment inaudible dans l’espace public français, il a connu un regain de notoriété l’année dernière, avec son mariage médiatisé avec une descendante des Habsbourg. De quoi raviver la flamme des nostalgiques des deux empires qui ne manquent pas et que l’on retrouve politiquement chez « France Bonapartiste » [11]. Le mouvement compte même un soutien de taille avec le prince Joachim Murat, descendant du maréchal du même nom à qui Napoléon doit la réussite de son coup d’état en 1799, et qui pourrait faire acte de candidature pour une élection. A noter que le prince Charles Bonaparte, père de l'héritier au trône, a été élu adjoint au maire d'Ajaccio (2001-2008) et conseiller municipal de Nemours (2008) avec de très forts scores électoraux. Des succès qui ne se démentent pas chez les royalistes qui comptent de nombreux élus localement et des soutiens au sein de l'hémicycle français.

«Les Français n'en peuvent plus de changer d'orientation politique tous les cinq ans. Pouvoir changer, c'est bien gentil, mais si l'alternance nous conduit à faire deux pas en avant, deux pas en arrière, alors on n'avance pas » expliquait le professeur Frédéric Rouvillois, lors d’un entretien donné au  Figaro Vox, en 2016[12]. « La solution dynastique aurait l’avantage de faire disparaître la rivalité quais structurelle entre le président de la république et le premier ministre et de rééquilibrer la constitution gaullienne selon la lettre et l’esprit du texte de 1958 (…) » affirme quant à lui Bertrand Renouvin, ancien membre du Conseil économique et social et auteur de l'ouvrage, « Le Royalisme, histoire et actualité ». La conclusion s'impose par elle-même ! A cette pâle copie offerte par la république et son lot de divisions ou à défaut d’octroyer un statut officiel aux princes de France, pourquoi les français ne s’offriraient-ils pas le luxe rappeler l’institution monarchique, un « gage de cohésion nationale et d’union » comme le précisait en 1985, le chroniqueur bien connu et amis des têtes couronnées, Stéphane Bern. Nous y gagnerons déjà en économie et en stabilité.

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[1] https://www.bva-group.com/sondages/les-francais-et-la-monarchie/  : Sondage sur le retour de la monarchie en France

[2] : https://www.facebook.com/comtedeparis : Page officielle Facebook du prince Jean d'Orléans

[3] https://www.facebook.com/louisducdanjou : Page officielle Facebook du prince Louis de Bourbon 

[4] https://www.facebook.com/jcnapoleon : Page personnelle du prince Jean-Christophe Napoléon

[5] : https://www.monarchiesetdynastiesdumonde.com/pages/actualites-des-monarchies-du-monde/europe/france/henri-d-orleans-et-l-echec-de-la-restauration-de-la-monarchie.html : Les tentatives de restauration de la monarchie en France

[6] https://www.actionfrancaise.net/: Site officiel de l'Action française

[7] http://nouvelle-action-royaliste.fr/ : Site officiel de la Nouvelle Action royaliste

[8] http://www.actionroyaliste.fr/ : Site officiel du Groupe d'Action royaliste

[9] https://www.royaute.info/ : Site officiel de l'Institut de la Maison de Bourbon

[10] https://viveleroy.net/ : Site Vive le roy , soutien de Louis-Alphonse de Bourbon

[11] https://francebonapartiste.fr/ : Site officiel de France Bonapartiste

[12] https://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/09/02/31001-20160902ARTFIG00331-frederic-rouvillois-pourquoi-les-francais-sont-nostalgiques-de-la-monarchie.php : Entretien de Frederic Rouvillois sur la monarchie