Un descendant de Napoléon III réclame le retour de ses restes en France

Depuis 1873, les restes de l’Empereur Napoléon III reposent paisiblement à Farnborough, au Royaume-Uni. Un de ses descendants réclame aujourd’hui leur rapatriement. Une demande aux allures de quête nationale.

Longtemps entouré d'une légende noire, habilement élaborée par la IIIe République, Louis-Napoléon, d’abord Président de la IIe république (1848-1851), puis Empereur Napoléon III (1851-1870), a subi une vaste réhabilitation grâce au travail de Philippe Séguin, ancien Président de l'Assemblée nationale. Bien que la question du rapatriement de sa dépouille ait été soulevée à maintes reprises, aucune décision concrète n'a encore été prise par le Gouvernement.

La France a vainement réclamé le retour des restes de l'Empereur Napoléon III

En 2017, Christian Estrosi, alors ministre et actuel maire de Nice, avait formulé une demande de retour des cendres dans le cadre des célébrations du 150e anniversaire du rattachement de cette ville à la France. La même année, lors de la campagne présidentielle, Marine Le Pen, candidate du Rassemblement National, avait également plaidé en faveur de ce retour, y voyant une opportunité électoraliste. Plus récemment, des personnalités publiques telles que Dimitri Casali et d'autres élus ont posé la question d'un éventuel rapatriement de Napoléon III, bien que cela n'ait pas été suivi d’effets. La Maison impériale Napoléon, elle-même, ne semble pas encline à soutenir une telle requête. Se réfugiant derrière les volontés de l'Impératrice Eugénie (1826-1920), qui souhaitait que son corps auprès de ceux de son époux et de son fils à Farnborough, le prince Charles Bonaparte et le prétendant au trône, le prince Jean-Christophe Napoléon, se sont opposés à cette demande. Même le lieu de la réinhumation suscite des débats et ne fait pas consensus, comme le souligne le prince Joachim Murat, descendant du célèbre maréchal du Premier Empire.

Un descendant de Napoléon III en appelle au roi Charles III

L'un des descendants directs de l’Empereur Napoléon III, le comte Jean-Marc Banquet d’Orx, a suscité la surprise en organisant un colloque le 9 janvier 2024 sous l'égide de l'association "Tout pour la République" en collaboration avec Matteo Pottier Bianchi, doctorant en histoire, désigné comme porte-parole dans ce dossier. Invité à partager ses réflexions sur l'héritage du Second Empire, le descendant de l’empereur des Français a abordé la question du rapatriement des restes de l'Empereur des Français : " Interroger le retour des dépouilles de Napoléon III (décédé en 1873, à l’âge de 65 ans-ndlr) et de sa famille en France, c'est adopter un prisme double. Tout d'abord, celui de l'histoire et de l'avenir de la France, car seule une nation qui connaît son passé peut envisager son avenir. Ensuite, celui des volontés familiales, de la descendance de l’Empereur qu'émane la demande de son retour ?", affirme-t-il. En mai 2023, Jean-Marc Banquet d’Orx avait écrit directement au roi Charles III pour solliciter sa "bienveillance et sa générosité" afin d'entamer la procédure de rapatriement des cendres de son aïeul, neveu de Napoléon Ier. Sans réponses à ce jour.

Une demande "citoyenne" qui transcende les clivages politiques actuels

Cette démarche "dépasse la question des destins personnels et des volontés familiales", selon Matteo Pottier Bianchi. Par ailleurs engagé aux côtés de l'ancien ministre Jean-Pierre Chevènement, Matteo Pottier Bianchi souligne que cette demande "citoyenne" transcende les clivages politiques actuels. "Nous entrevoyons, à travers l'inhumation de la famille impériale en France, un élément engageant la réconciliation du peuple français avec son passé ", souligne ce conférencier. La légitimité de la filiation de Jean-Marc Banquet d'Orx, reconnue au même titre que celle des autres descendants directs par l'ordonnance de 2005, ne saurait être remise en question, d'autant qu'il partage une troublante ressemblance avec Napoléon III. " En tant que souverain, l’Empereur appartient à l’histoire, constitue une partie du patrimoine physique et moral de la nation. Son lieu de repos ne peut être ailleurs que sur le territoire national tant sa destinée dépasse sa seule personne.", selon Matteo Pottier Bianchi. Ce dernier plaide en faveur de l'Église Saint-Augustin à Paris comme lieu de sépulture pour l'Empereur.

Engagé dans ce projet, ce fin connaisseur de l'histoire de Napoléon III espère que l'Élysée comprendra l'importance de cette démarche qui illustre "un acte français audacieux, à l'image de notre dernier souverain".

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