Un Murat de nouveau au palais Bourbon ?

« Il faut un réveil énergique pour empêcher le déclassement de notre pays et relancer une politique de grandeur et de souveraineté sur le plan intérieur comme à l’international ». Dans une longue tribune, publiée dans le webzine « Brumaire »  de France Bonapartiste, le prince Joachim Murat esquisse ce qui ressemble fortement à un réel programme politique.  Le  descendant du célèbre maréchal d'Empire a décidé de poser les premiers  jalons d’un mouvement bonapartiste novateur et qui entend redonner à la France de ce siècle toutes ses lettres de noblesse  et sa grandeur impériale. 

Dans une longue tribune, publiée ce mois dans le webzine « Brumaire » du mouvement France Bonapartiste, le prince Joachim Murat  tranche dans le vif et ne perd pas de temps. Il rappelle l’héritage de l’empire napoléonien qui a participé à la construction de la France, laquelle bénéficie encore des vastes réformes entamées sous les deux empires et qui est aujourd’hui la victime  de « l’émergence et finalement la domination d’un courant de pensée qui mélange économisme, déconstructivisme, communautarisme à l’anglo-saxonne, auto-flagellation et angélisme » selon lui. Le prince de Pontecorvo est une altesse royale qui à la verve facile tout comme le maréchal du même nom dont il descend, la passion au corps. « (…)  Il faut un réveil énergique pour empêcher le déclassement de notre pays et relancer une politique de grandeur et de souveraineté sur le plan intérieur comme à l’international » L’héritier de cettte maison, qui a brièvement régné de 1806 à 1815 sur Naples, va-t-il suivre le chemin de ses ancêtres et partir à la conquête du Palais Bourbon ? C’est toute la question qui agite le milieu bonapartiste actuellement. Si le prince Joachim affirme «  n’être candidat à rien », il ne s’exclut pas d’y songer pour autant.

« Jusqu’à la Seconde guerre mondiale le bonapartisme hérité du premier et du deuxième Empire jouait un rôle important dans le paysage politique français » rappelle le prince. C’est en 1939 que le bonapartisme a été mis en sommeil par le grand-père de l’actuel prétendant au trône impérial de France. A cette époque, le prince Louis Napoléon avait pris cette décision pour que le mouvement ne tombe pas aux mains des nazis. Napoléon et Murat s’étaient alors engagés dans la lutte contre l’occupant qui avait pourtant multiplié les gestes en faveur, notamment en faisant rapatrier les cendres de l’Aiglon. Chez les Murat, on a la politique dans le sang, le sens du devoir. Force politique, l’Appel au Peuple a eu ses élus au parlement, notamment avec le prince Joachim entre 1919 et 1924 comme député du Lot. Son grand-père a donné sa vie pour son pays, « abattu le 20 juillet 1944 par la division « Das Reich », le corps d’armée nazi responsable du massacre d’Ouradour-sur-Glane » alors qu’il n’avait que 24 ans. « (…) Le sens de l’honneur, le courage, le panache, le service d’un collectif qui nous dépasse et nous grandit. Le désir d’une construction de soi qui ne s’arrête pas à la construction d’un patrimoine. Le refus de se résigner à avoir pour seul horizon de n’être qu’un tube digestif endetté. Une philosophie de la responsabilité et de la résistance à la médiocrité. C’est cela le bonapartisme » explique le prince Murat dans son éditorial.

C’est en février 2020 que les assises du bonapartisme ont eu lieu, au palais du Luxembourg. Il balaye les accusations de dictature très souvent assénée à l’imagerie bonapartiste par ses opposants. « À l’origine, le bonapartisme est un courant politique qui vise à établir un État national à exécutif fort, centralisé et d’essence républicaine, donc sociale. Il puise sa légitimité dans l’adhésion de la Nation par la consultation régulière des citoyens via référendum. Il garantit ainsi à la souveraineté populaire de s’exercer pleinement et d’être absolument respectée » rappelle Joachim Murat, soutien de la première heure aux Gilets jaunes. « La volonté de grandeur, la défense acharnée des intérêts nationaux et de la souveraineté nationale, le respect de l’ordre et des Lois sont inscrits dans le génome bonapartiste. La consultation populaire régulière par voie de référendum permet un dialogue continu entre les citoyens et leurs représentants. Elle assure un contrôle par le peuple des principales évolutions du Pays et, surtout, promeut une élite au service de l’intérêt général » poursuit le prince qui souhaite redonner ses lettres de noblesse à la France malmenée aujourd’hui de l’extérieur comme de l’intérieur  par « les titans d’une mondialisation économique qui a accélérée notre désindustrialisation et nous relègue au rang de puissance moyenne ». Joachim Murat déroule une longue litanie des méfaits dont il estime que l’Hexagone et ses DOM-TOM sont la victime  et qui ont créé un sentiment de frustration perceptible chez ses concitoyens : « chômage structurel de masse, construction européenne qui ne satisfait pas les peuples et dissout notre souveraineté, immigration massive dont l’assimilation devient un défi existentiel, attaques contre nos principes de laïcité, explosion de l’insécurité et ultra violence de la délinquance de voie publique, fuite des cerveaux et vente de nos champions nationaux à l’étranger, déclin dramatique du niveau scolaire et disparition de la méritocratie depuis l’abandon de la sélection dans l’enseignement, importation de la « cancel culture » américaine, démantèlement de nos services publics, fraude fiscale, fraude aux prestations sociales, impréparation face aux risques systémiques tels qu’une pandémie ou les défis environnementaux ».

« Face à ces défis il faut un réveil énergique pour empêcher le déclassement de notre pays et relancer une politique de grandeur et de souveraineté sur le plan intérieur comme à l’international ». Joachim Murat se positionne et esquisse fortement dans sa tribune ce qui ressemble à un éventuel programme bonapartiste. « Restaurer la souveraineté nationale et l’adhésion populaire par l’exercice du référendum, renégocier les traités comme la  gouvernance de l’Euro, être prêts à quitter l’Union Européenne quitte à relancer une nouvelle construction européenne, cette fois alignée sur la volonté populaire », sont autant de points que développent le prince  royal. « Restaurer l’autorité de l’État sur l’ensemble de notre territoire. Immédiatement et avec la plus grande fermeté » précise  Joachim Murat qui s’agace du peu de moyens déployés par l’état alors que de plus en plus de zones de non-droit se développent au sein de la république français. Enfin « restaurer notre puissance économique, reprendre en main nos leviers de souveraineté économique  et unir les Français en nous rassemblant autour de l’idée de grandeur et de fierté nationale » assène le prince qui rappelle que « le  bonapartisme est l’exacte expression de ce courage politique » dont il se veut le protecteur. « Le peuple français dans son ensemble et dans toute sa diversité a soif de fierté et de grandeur »  écrit le prince en guise de conclusion et que l’on pourrait, voir bientôt sur des plateaux de télévision, briguant un siège. A condition que le mouvement bonapartiste se structure en parti politique, une condition sinéquanone pour le descendant du maréchal Murat déjà monté sur la selle de  son cheval et prêt à plonger dans la mêlée, le sabre tiré au clair. Sous le regard de l'Aigle.

Copyright@Frederic de Natal