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Nugzar Bagration-Gruzinsky, prétendant au trône de Géorgie, est décédé

Prétendant contesté au trône de Géorgie, homme de théâtre et metteur en scène réputé, le prince Nugzar Petres Bagration-Gruzinsky a rendu son dernier soupir. Son décès réouvre le débat sur la succession au trône.

Le prince Nugzar Petres Bagration-Gruzinsky, chef de la maison royale et prétendant au trône de Géorgie, est décédé ce 1er mars 2025, à l’âge de 74 ans. Figure culturelle notable, sa disparition relance la querelle successorale qui divise depuis des décennies la dynastie Bagration et pose la question de l’avenir de la monarchie dans le pays.

Né le 25 août 1950 à Tbilissi, le prince Nugzar Petres Bagration-Gruzinsky a été longtemps une figure marquante du monde culturel géorgien. Diplômé de l’Institut national de théâtre de Tbilissi en 1971 et de la Faculté de mise en scène en 1976, il a successivement travaillé comme réalisateur à la télévision géorgienne (1975, 1980-1984), au Théâtre des acteurs du cinéma de Tbilissi (1975-1980, 1984-1991), avant d’enseigner à l’académie des Arts durant trois ans. Auteur de divers spectacles nationalement populaire, le prince avait pris la direction du Théâtre des acteurs du cinéma de Tbilissi à partir de 1997.

La querelle dynastique entre Gruzinsky et Mukhrani

Descendant direct en ligne masculine du dernier roi de Kartli-Kakhétie, Georges XII, dernier souverain de Géorgie, un royaume annexé par l’Empire russe en 1801, le prince Nugzar s’est toujours présenté comme l’héritier légitime de la couronne géorgienne. Il a d’ailleurs grandi dans l'amour de son pays et le respect traditions, traçant ses pas de ceux de son père, resté en Géorgie après la chute de la monarchie. Poète, le prince Pierre (1920-1984) a connu les geôles staliniennes, arrêté en 1945 pour activités anti-soviétiques et accusé d’avoir ourdi un complot monarchiste.  A l’issue de son procès, il sera interné dans un hôpital psychiatrique, finalement relâché en 1948.

Bien que sa branche soit techniquement l’aînée des Bagration, elle est sévèrement contestée par la lignée des Bagration-Mukhrani. Une querelle dynastique qui a pris une ampleur particulière en 2007 lorsque le patriarche Ilia II de Géorgie a officiellement appelé à la restauration de la monarchie comme moyen d’unification nationale. Sans héritier masculin, père de deux filles ( Ana née en 1976 et Maria en 1978 qu’il a eu de son mariage avec l’actrice Leila Kipian) , le gouvernement géorgien a alors décidé d’unir son aînée avec le prince David Bagration-Mukhrani, héritier de la branche concurrente. Un mariage hautement médiatisé en 2009 qui a donné naissance à un héritier, le prince Georges (14 ans aujourd’hui).

Un avenir incertain pour la succession au trône

Une alliance qui s’est terminée néanmoins par un divorce retentissant, renvoyant chacune des deux lignées à la case départ de leurs prétentions. Malgré ces tensions persistantes, le prince Nugzar a assisté en 2013 au baptême du prince Georges, célébré par le patriarche Ilia II dans la cathédrale de Mtskheta. « Le prince Georges est le descendant direct du dernier roi de la Géorgie unie, Georges VIII, et du dernier roi de Kartli-Kakhétie, Georges XII. Nous avons l’espoir qu’il obtiendra un jour la dignité royale de sa mère », avait alors déclaré Nugzar Petres Bagration-Gruzinsky.

Bien que le prince Georges reste l’espoir de la mouvance monarchiste géorgienne, dont l’influence n’a cessé de décroître depuis l’indépendance de la Géorgie en 1990, qu’il aura la charge d’unifier les deux branches, son grand-père ne l’a jamais formellement reconnu comme son héritier direct. Lors d'une interview en 2014, il a répété que « son petit-fils ne serait que prince et non héritier au trône », rappelant que sa fille avait déjà deux enfants d'un précédent mariage.  

Aujourd’hui, le décès du prince Nugzar rouvre le débat sur l’avenir de la dynastie Bagration. Selon la loi de succession au trône, pendant des années, c’est le prince Yevgeny Petrovich Gruzinski (1947-2018) qui a toujours été considéré comme son probable successeur dans les prétentions au trône. Mais celui-ci est également décédé sans descendance masculine. De son vivant, le prince Nugzar lui-même a plaidé en faveur de la désignation de sa fille aînée, Ana, comme son héritière conformément à la loi dynastique géorgienne « Zedsidzeoba ».

Il n’est pas encore certain que cette dernière accepte une couronne qui résonne encore de nos jours comme un symbole national. Selon divers sondages, 30% des Géorgiens souhaiteraient la restauration de la monarchie dans cette partie du Caucase, carrefour de deux cultures, dont l'ifluence est disputée par l'Union européenne (UE) et la Russie.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 02/03/2025

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