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La famille royale de Grèce pourrait récupérer sa nationalité

La famille royale de Grèce va-t-elle être autorisée à récupérer sa nationalité sans que cela ne provoque une polémique et un vaste débat au Vouli ? C’est toute la question sur laquelle se penche actuellement le gouvernement conservateur du Premier ministre Kyriákos Mitsotákis.

Le gouvernement conservateur grec va devoir prendre une décision qui pourrait sonner comme une revanche pour l’ancienne maison royale de Grèce. Selon plusieurs quotidiens locaux qui a confirmé, dans leurs éditions du 7 juillet 2024, que «les procédures institutionnelles ont déjà été engagées », la reine Anne-Marie de Grèce, née princesse du Danemark, et deux de ses fils, les princes Paul et Nicolas, ont réclamé au Premier ministre Kyriákos Mitsotákis que leur nationalité leur soit enfin restituée.

Un long combat pour la dignité

Un contentieux avec le gouvernement qui trouve son origine dans le combat mené de son vivant par le roi Constantin II (1940-2023). Privé de ses biens depuis l’abolition de la monarchie (1973), le monarque déchu avait réussi à négocier avec le père de l’actuel chef du gouvernement, le Premier ministre Konstantinos Mitsotákis (1990-1993), la rétrocession de 68 tonnes d’objets personnels (mis sous séquestre), de ses propriétés et son retour dans son pays après des décennies d’exil. L’arrivée du roi Constantin II avec toute sa famille avait alors provoqué des remous politiques importants. L’opposition dirigée par le PASOK (Parti socialiste) n’avait pas hésité à dénoncer la proximité des conservateurs avec le roi et la mouvance monarchiste, à pointer du doigt ces officiers qui saluaient le monarque ou encore de fausses velléités de reconquête du pouvoir par le souverain acclamé par les Grecs à chacune de ses visites dans telle ou telle ville. Revenu au pouvoir, le PASOK s’était empressé de rendre caduque tous les précédents accords et avait retiré leur nationalité aux membres à tous les membres famille royale (loi 2215/1994), contraints de voyager sous passeport diplomatique. L’affaire avait été portée devant la Cour européenne des droits de l’homme et le roi Constantin II, au prix d’une longue procédure, n’avait alors pu obtenir qu’une simple indemnisation financière en guise de compensation.

Le prince Paul de Grèce et le Premier Ministre Kyriákos Mitsotákis @EPT/Wikicommons

Les partisans de la Maison royale de Grèce se mobilisent

La demande de restitution de nationalité par un membre de la famille royale n’est pas un fait nouveau. En 2005, grâce au ministre de l’Intérieur, Prokopis Pavlopoulos, feu le prince Michel de Grèce, cousin du roi Constantin II, avait pu récupérer son passeport ainsi que pour ses deux filles, faisant ainsi jurisprudence.  Mais dans le cas de la reine Anne-Marie et de leurs deux fils, les choses sont plus complexes puisqu’elles relèvent aussi d’un caractère politique. Si les conditions de restitution incluent une déclaration de respect de la Constitution et du régime politique actuel, une renonciation aux revendications liées au trône et une inscription aux registres civils grecs comme le rappelle Parapolitika, ceux qui sont en faveur du prétendant au trône estiment que cette initiative renforcerait le leadership de Kyriakos Mitsotakis, en symbolisant la clôture d'un chapitre historique à l'occasion du 50e anniversaire de la fin de la dictature en Grèce. Cette démarche pourrait également permettre au gouvernement de se rapprocher d'une partie de sa base de droite, en démontrant une capacité à gérer des dossiers sensibles avec pragmatisme et sensibilité historique. Les défenseurs en faveur de cette demande soulignent que le comportement modéré et adapté de la famille royale depuis leur exil démontre un respect des normes et des valeurs démocratiques de la Grèce moderne. Pour le prince Paul, la question ne se pose d'ailleurs pas : « J'ai un nom de famille. Celui de la Grèce. C'est ce que nous avons toujours été. Pourquoi devrais-je changer notre nom de famille ? Quand cette loi a été faite, c'était pour nous attaquer. (...) Je suis né avec ça, mes descendants ont passé toute leur vie avec ce nom. » expliquait-il encore récemment à Newsbomb.

L'opposition déjà en ordre de bataille 

Cependant, cette mesure n'est pas sans controverses. Certains craignent que la restitution de la citoyenneté aux princes Paul et Nicolas ne ravive des tensions sociales, en particulier du côté du centre et du centre-gauche. L'ouverture de ce dossier sensible, en pleine période de multiples défis pour le gouvernement, pourrait être perçue comme une tentative de détourner l'attention des grecs des vrais problèmes ou même une provocation par certains couches de la population. Ceratins estiment que ce geste pourrait être interprété comme une tentative de réhabilitation de la monarchie, ce qui serait en contradiction avec les principes de la République grecque. Si seulement 12% des Grecs souhaitent le retour de la monarchie (sondage de 2007) et que le prétendant actuel semble avoir renoncé à toutes activités apolitiques, la famille royale jouit toujours d’une bonne popularité en dépit de certaines critiques sur son style de vie, jugés trop people (notamment les enfants du prince Paul) et incompatible avec leur charge. Pour l’extrême-gauche, il est déjà hors de question que le moindre droit soit accordé aux « Glücksbourg » comme elle surnomme avec mépris les membres de la maison royale.

La décision du gouvernement grec sur la restitution de la nationalité à la reine Anne-Marie, aux princes Paul et Nicolas est attendue avec un mélange d'anticipation et d'appréhensions. Le Premier ministre Mitsotakis se trouve ainsi face à un choix délicat, dont les répercussions se feront sentir bien au-delà des cercles royaux. Le défi consistera à équilibrer les considérations historiques et symboliques avec les réalités politiques actuelles pour prendre une décision qui soit bénéfique pour la nation tout entière.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 06/08/2024

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