Le prince Paul de Grèce, prétendant au trône, a été invité aux commémorations du soulèvement de 1821. Un événement couvert par la presse nationale mais qui n'a pas été du goût des socialistes du PASOK qui ont déposé plainte.
La péninsule de Magne oriental occupe une place particulière dans l'histoire de la Grèce, notamment en raison de son rôle dans la révolution grecque contre l'Empire ottoman. C'est dans ce contexte que le prince Paul de Grèce s'est rendu à Areópoli, le 17 mars 2025, afin d'assister aux festivités commémorant cet événement fondateur de l'indépendance grecque.
Une guerre libération, objet des attentions européennes
La Grèce a été tour à tour occupée par les Byzantins, les Latins, les Vénitiens et enfin les Turcs dès le XVe siècle. C'est l'archevêque de Patras qui a donné le signal du soulèvement le 27 mars contre la tutelle de la Sublime Porte, dont l'influence et le pouvoir n'avaient eu de cesse de décroître. Les premiers affrontements se sont transformés en massacres de part et d'autre. Il a fallu peu de temps avant que les grandes puissances monarchiques européennes (France, Russie et Royaume-Uni) n'interviennent pour soutenir les nationalistes grecs et tentent d'imposer leur influence sur les leaders de la révolte.
Il faudra attendre le protocole de Londres, en février 1830, pour que la Grèce obtienne enfin sa pleine indépendance et la constitution d'un État dont la couronne sera confiée à un prince de Bavière. L'unité nationale, quant à elle, n'a été parachevée que plusieurs années plus tard.
Paul, salué comme un prince royal en Laconie
Prétendant au trône de Grèce, dont il a récemment adopté le patronyme, le prince Paul II, 57 ans, a été chaleureusement accueilli tant par la municipalité que par les habitants de la région. « Considérant que nous ne sommes ici que des Grecs, chacun de nous a le droit de croire ce qu'il veut. Cependant, je crois personnellement que les titres ne meurent jamais et suivent une personne tout au long de sa vie. Alors, je souhaite la bienvenue au prince Paul », a déclaré le maire Petros Andreakos sous les applaudissements généraux des participants, toutes générations confondues, à cette commémoration.
Au terme d'une reconstitution historique, incluant la prestation de serment des différentes familles de la péninsule de Magne (Mani), la présidente d'honneur du Corps d'honneur de la municipalité a offert au fils de l'ancien roi Constantin II le drapeau de la Révolution, orné d'une couronne royale en son centre. « Le Comité d'honneur de la municipalité de Mani oriental, avec respect, émotion, amour et fierté, souhaite que vous acceptiez notre cadeau, qui est un symbole d'aujourd'hui », a proposé Athéna Andreakou durant la cérémonie. Un geste qui a ému le prince Paul, qui a accepté l'offre. « Merci beaucoup de m'avoir offert ce cadeau. C'est un honneur particulier d'être ici avec vous, car la notion de patrie est très importante pour moi. La religion et la nation sont ce qui nous maintient tous ensemble. Merci beaucoup. Vive la Grèce, vive Mani ! », a-t-il déclaré au micro, face à l'assistance.
Le PASOK dépose une plainte le prince Paul de Grèce
Cet événement a été largement commenté dans la presse locale et a provoqué la colère du parti socialiste (PASOK), qui n'a jamais caché son animosité envers la maison royale, par le passé comme aujourd'hui. Le parti a émis une protestation officielle : « Lors des événements anniversaires de la révolution de 1821, le maire de Mani oriental, Petros Andreakos, a accueilli Paul de Grèce (...) », peut-on lire dans les premières lignes de la déclaration. « L'invité n'a pas refusé le titre de noblesse qui lui a été donné par le maire, prouvant qu'il ne respecte pas le régime législatif sous lequel il a acquis sa citoyenneté et qui stipule explicitement qu'il "renonce aux prétentions et aux titres de noblesse " », fulminent les socialistes, expliquant qu'ils ont saisi le gouvernement sur cette question.
Une demande qui embarrasse le gouvernement du Premier ministre conservateur, Kyriákos Mitsotákis. En effet, aux côtés du prince Paul se trouvaient divers dignitaires importants, de la Nouvelle Démocratie comme Nikos Dendias, ministre de la Défense, l'ancien Premier ministre Kosta Karamanlis, l'ancien président de la République Prokópis Pavlópoulos, Kostas Bakoyannis, ancien maire d'Athènes, l'archevêque de Crète M. Evgenios, le vice-ministre de la Défense nationale Thanasis Davakis, et le chef de la Défense nationale, le général Choupis. Un parti politique assez proche de la maison royale de Grèce. Interrogé à la radio, le vice-ministre du Travail a rappelé qu'il était important que tous respectent le principe de la constitution, des autorités élues aux simples citoyens. Il a ajouté que le service concerné, chargé d'analyser la plainte, se réservait le droit d'appliquer les sanctions adéquates si nécessaire, dans une tentative maladroite d'étouffer une affaire bien loin des préoccupations des Grecs.
Si le prince Paul n'a pas réagi, cet épisode révèle une fois de plus la persistance du débat autour de la monarchie en Grèce abolie en 1974 et l'attachement symbolique que certains Grecs, notamment dans des régions historiques comme la Magne, continuent d'accorder à la famille royale. Il met également en lumière les tensions politiques encore vives sur la place de la royauté dans la société grecque contemporaine. Selon un sondage de 2007, seuls 12% des grecs souhaitent le retour de l'institution défunte dans la patrie de Péricles.