Venu pour trois jours en visite officielle à Budapest, le Pape François a été accueilli par une importante délégation composée de différents membres du gouvernement. Parmi les personnes autorisées à saluer le Pontife à sa descente d’avion, l’archiduc Edouard de Habsbourg-Lorraine, ambassadeur de Hongrie au Vatican. Il revient sur les relations entre les deux États qui sont muées par un seul intérêt : la protection des chrétiens.
C’est une visite officielle qui a fait grincer les dents les opposants au Premier ministre Viktor Orban. Entre le 28 et 30 avril 2023, le Pape François s’est rendu à Budapest, accueilli par une importante délégation à sa descente d’avion. Un déplacement intervenu une semaine après celui du dirigeant hongrois au Vatican. Parmi les officiels accrédités pour recevoir le Saint-Père, l’archiduc Edouard de Habsbourg-Lorraine. Ambassadeur de Hongrie depuis 2015, il est à la fois le représentant d’une nation très fière de ses racines et de son histoire, de celui d’une dynastie dont le nom est indissociable des grandes heures de la Hongrie et le porte-parole d’un gouvernement regardé avec méfiance par Bruxelles. Un exercice de jonglage auquel est rompu ce prince de la branche palatine de la maison impériale d’Autriche.
Un Habsbourg, oriflamme du catholicisme
Interviewé en marge de cette visite, l’archiduc Edouard de Habsbourg-Lorraine est également un homme pieu, auteur de plusieurs ouvrages, au parcours hétéroclite. Sa famille a toujours été proche du Saint-Siège. Son grand-père maternel Karl, prince Löwenstein-Wertheim-Rosenberg, était un ami du pape Pie XII. Né en1967 et élevé à Munich, Edouard de Habsbourg-Lorraine a appris l'italien à Venise, où son père travaillait dans le textile. Passionné par les langues mortes, il passe pour l’intellectuel de la famille. En 1980, son père l'a amené pour la première fois derrière le Rideau de fer en Hongrie, où la police secrète communiste « était nerveuse à l'idée que les Habsbourg puisse revenir ». En 1989, un an après avoir terminé son service militaire, ce geek (fou de mangas) se perfectionne en hongrois, étudiant la philosophie et l'histoire à l'Université catholique d'Eichstätt-Ingolstadt en Allemagne. C’est là qu’il découvre les écrits de Saint-Thomas d’Aquin. Une brève incursion dans la télévision, il écrit des scénarios au bord du Danube avant d’être propulsé dans la diplomatie. C’est aussi un catholique convaincu, père de six enfants. « Vous avez besoin d'un certain nombre de familles soucieuses de la tradition, ayant des enfants, se mariant avec d'autres personnes partageant les mêmes idées. C'est comme dans l'Église. Les personnes qui vivent les sacrements, qui vivent la foi, qui cherchent vraiment le Christ, ils épouseront des personnes partageant les mêmes idées. Leurs enfants grandiront normalement » déclare le descendant des Empereurs d’Autriche. Certaines idéologies modernes l'inquiètent. « Nous vivons à une époque où certains veulent enlever tout cela. Ils font la promotion de l’individualisme jeté dans un univers où l’homme et la femme peuvent se définir librement, et changer librement de genre toutes les cinq minutes. Mais savoir d'où tu viens, savoir qui tu es, te donne de la force, te donne une identité, explique ta vie » affirme Edouard de Habsbourg-Lorraine.
La Hongrie s'érige en protecteur des chrétiens
La Hongrie possède un « riche mélange d'églises chrétiennes vivant très bien ensemble », des catholiques de rite byzantin aux calvinistes, explique l’archiduc. Le Premier ministre Viktor Orbán et la présidente Katalin Novák font tous deux partie de l'Église réformée hongroise d'orientation calviniste, qui compte plus de 1,6 million de membres. « La plupart des gens sont très surpris quand je leur dis que Viktor Orbán, notre Premier ministre, et aussi Katalin Novák, notre présidente, ne sont pas catholiques » explique Edouard de Habsbourg-Lorraine. « En Hongrie, nous avons environ 60% de catholiques, mais nous avons environ 15% de calvinistes » précise ce représentant de la banche palatine dont l’histoire se mélange étroitement à celle de la Hongrie. « Les calvinistes hongrois sont des chrétiens très féroces et fiers lorsqu'ils parlent de leur foi. Et cela conduit à ce que la foi chrétienne soit fortement présente dans notre espace public, les calvinistes de participer au gouvernement qui compte un nombre elevé de leurs représentants. Le christianisme a une histoire millénaire en Hongrie. Saint Étienne, roi de Hongrie, a conduit son pays à embrasser la foi chrétienne au XIe siècle. Lors du précédent voyage du pape François en Hongrie pour le Congrès eucharistique international en 2021, vous avez pu contester que la Hongrie a une foi forte et vibrante » se félicite l’archiduc. « Deux jours avant l'arrivée du pape, il y a eu une procession avec 300 000 personnes suivant le Saint-Sacrement dans l'ostensoir à travers les rues de Budapest. Je n'ai jamais rien vu de comparable dans aucun pays d'Europe au cours des dernières années » s’enthousiasme t-il.
Le gouvernement de Viktor Orban a mis en place un système d’aide aux chrétiens persécutés dans le monde. Au cours des six dernières années, le ministère hongrois des Affaires étrangères a travaillé pour aider les chrétiens persécutés au Moyen-Orient, au Nigeria, au Pakistan et dans d'autres parties du monde grâce à un programme appelé « Hungary Helps ». « Le pape est au courant de nos activités en faveur des chrétiens persécutés dans le monde » rappelle l’archiduc, très heureux des résultats obtenus. Le programme n’oublie pas pour autant d’aider les réfugiés d’autres pays en guerre comme en Ukraine. 35000 Ukrainiens ont été accueillis dans son pays. « C'est le plus grand travail humanitaire que nous ayons jamais fait en Hongrie » déclare le prince impérial. « Il n'y a que deux voix en Europe qui plaident fortement pour la paix, pour un cessez-le-feu immédiat et des négociations de paix - c'est la Hongrie et le Saint-Siège, c'est-à-dire Viktor Orbán et le pape François » affirme d’ailleurs l’archiduc Edouard qui a dédié sa vie au catholicisme et à la Hongrie, le projet de toute une vie qui se poursuit encore aujourd’hui.
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