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Aimone de Savoie -Aoste se confie au Corriere della Sera

Prétendant au trône d'Italie, le prince Aimone de Savoie-Aoste s'est confié au Corriere della Sera. Russie, querelle dynastique, ambitions personnelles, regard sur la monarchie britannique, le descendant du roi Victor-Emmanuel II réclame un statut officiel pour le chef de la Maison royale de Savoie. 

Il cousine avec de nombreuses maisons royales. Aimone de Savoie-Aoste, 57 ans, est un homme qui se situe entre traditionalisme et progressisme. Très à l’écoute de l’actualité internationale et nationale, il n’hésite pas à intervenir dans le débat public. Mais toujours avec parcimonie.

 « J’ai toujours cherché à bâtir des ponts entre les nations et à favoriser les échanges économiques, car le dialogue est la clé de toute coopération », affirme ce descendant du roi Victor-Emmanuel II. Le monarque qui a unifié l'Italie au cours du XIXe siècle. Il est issu d’une branche cadette de la maison royale qui a donné d’illustres personnages dont le destin s’entremêle avec celui de l’Italie ou de l’Afrique, qui a donné un roi à l’Espagne, un autre à la Croatie, un vice-roi à l’Éthiopie.

 

 

Un parcours entre commerce et diplomatie

Après des études à l’université Bocconi et une première expérience professionnelle à Milan, Aimone de Savoie-Aoste décide d'entamer une carrière internationale en passant par JP Morgan à Londres, avant de s’installer en Russie dans les années 1990. À une époque marquée par les privatisations massives, il s’investit dans le monde des affaires et tisse des liens forts avec le marché russe, malgré les réticences de son père, Amedeo de Savoie-Aoste (1943-2021).

Cette immersion dans le pays des Tsars va lui confèrer une compréhension approfondie de la mentalité et des mécanismes économiques du pays. Selon lui, les sanctions occidentales n’ont pas empêché la croissance économique russe, qui s’est maintenue à un niveau supérieur à celui de l’Europe en 2024. « Cela a été une erreur de diaboliser toute une nation sans chercher à comprendre ses intérêts. On ne peut pas avancer en ignorant la réalité », souligne-t-il. Il ajoute : « L’économie russe est plus résiliente qu’on ne l’imagine. Moscou a su s’adapter malgré les restrictions imposées par l’Occident. ». Le prince est loin de la doxa du moment. Il assume, ne regrette rien.

Concernant le conflit russo-ukrainien, Aimone estime qu’un dialogue aurait dû être privilégié plutôt qu’une approche purement punitive. « Il fallait essayer de parler au Président Vladimi Poutine au lieu de le mettre au ban de la communauté internationale. On ne peut pas simplement isoler un pays de cette ampleur sans en subir les conséquences », affirme-t-il. Il reconnaît cependant la gravité de la guerre et appelle à des solutions pragmatiques pour mettre fin aux hostilités. « Il faut trouver des compromis, et cela passe par une meilleure compréhension des intérêts de toutes les parties en présence », insiste-t-il.

 

 

Un regard sur la monarchie britannique

Aimone de Savoie-Aoste appartient à une lignée illustre, descendant notamment de la reine Victoria et du dernier Kaiser Guillaume II. Il partage ainsi des liens de parenté avec de nombreuses familles royales européennes, dont les Windsor et les Orléans. Il évoque notamment le roi Charles III, qu’il considère comme un monarque engagé dans les grandes causes contemporaines, en particulier la transition écologique à travers l’initiative Sustainable Markets. « Charles III a toujours cru en une Europe forte et unie. Son action en faveur du développement durable est un exemple pour tous », affirme-t-il.

Concernant le Commonwealth, Aimone souligne son rôle unificateur, notamment dans la gestion des tensions entre États membres comme les États-Unis et le Canada. Il reconnaît néanmoins la légitimité des nations à choisir leur propre destin, comme ce fut le cas pour la Barbade, passée de la monarchie à la république. « Chaque peuple doit pouvoir s’autodéterminer, c’est le fondement même des valeurs démocratiques », insiste-t-il.

 

 

Une approche mesurée sur l’héritage monarchique en Italie

En Italie, L’idée monarchique fait débat, divise même la mouvance royaliste. Aîné des Savoie, son cousin le prince Emmanuel-Philibert souhaite la restitution des bijoux de la Maison de Savoie conservés à la Banque d’Italie. Il a déposé plainte contre la République afin de les récupérer. L’un comme l’autre prétendent à la couronne d’Italie tout en conservant de bonnes relations, comme en témoignent diverses photos. Le prince Aimone, en revanche, considère que ces trésors appartenaient à la Couronne et doivent être exposés en tant que patrimoine historique plutôt que revendiqués à titre privé. « L’héritage de la Maison de Savoie appartient à l’histoire italienne, pas à un individu. Il serait bien plus pertinent de mettre ces bijoux en valeur dans un musée », estime-t-il dans une interview au Corriere della Sera. Guère du goût du petit-fils du roi Umberto II, chassé de son trône en 1946 par un référendum truqué, qui a réagi par voie d’avocat et qui a contredit le prince de Savoie-Aoste.

Le prince Aimone précise qu’il ne revendique aucune fonction officielle, étant déjà pleinement investi dans sa carrière professionnelle. « J’ai déjà un travail qui me passionne, et je n’ai pas d’ambition politique », affirme-t-il avec pragmatisme. De quoi, peut-être,  décevoir ses partisans réunis au sein de l’Union monarchique italienne (UMI). Il prône plutôt une reconnaissance institutionnelle des anciens chefs d’État italiens, qu’ils soient rois ou présidents, comme c’est le cas en Roumanie où la princesse Margarita de Roumanie joue un rôle protocolaire de premier plan en faveur de son pays. Seuls 15% des Italiens souhaitent le retour de la monarchie. 

Il porte son attachement particulier à la figure du roi Umberto II, dernier souverain d’Italie, qu’il considère comme un homme d’honneur ayant accepté l’exil pour éviter une guerre civile. Selon lui, une relecture plus objective et bienveillante de son règne serait bénéfique pour l’histoire italienne. « Umberto II a été un roi incompris. Son sens du devoir et son sacrifice mériteraient une reconnaissance plus juste », estime-t-il.

 

 

L’adaptation des familles royales à la modernité

Aimone de Savoie-Aoste reconnaît les défis auxquels sont confrontés les membres des anciennes familles royales pour s’intégrer dans la société contemporaine, citant son propre parcours, marqué par des études et une carrière dans le secteur privé. Il mentionne également le prince Charles-Louis d’Orléans, cousin du prétendant au trône de France, aujourd’hui banquier d’affaires. « Nous avons grandi avec une certaine éducation et des valeurs spécifiques, ce qui peut rendre l’intégration plus complexe, mais chacun doit trouver sa place dans le monde moderne », explique-t-il. Père de 3 enfants, il veille à leur donner une éducation similaire tout en leur enseignant l’attachement à un pays auquel il a juré fidélité.

Son parcours témoigne d’un équilibre entre devoir de mémoire et implication dans les défis du monde contemporain. « Le passé doit être une source d’inspiration, non un fardeau. C’est ainsi que l’on construit l’avenir », conclut-il. Acteur discret mais influent, à travers ses prises de position et son engagement, Aimone de Savoie-Aoste illustre la capacité d’un prince moderne à conjuguer héritage royal et réalité économique. 

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 25/03/2025

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