« Après une crise de grande ampleur, (…) il y a toujours eu des renaissances (…) ». Descendant du roi Victor–Emmanuel II de Savoie, le souverain qui a unifié les états italiens sous son sceptre en mars 1861, le prince Amedeo de Savoie-Aoste est l’un des prétendants au trône d’Italie (depuis 2006). Il a récemment accordé une interview au quotidien « Il Giornale » et a fait part de ses sentiments sur la pandémie de Covid qui a frappé durement la botte de l’Europe, les évènements qui ont entaché la fin du mandat du président Donald Trump, donné son avis sur politique tumultueuse italienne et jeté un regard attendrissant sur sa famille. Un entretien sans aucune concession pour un héritier qui se veut optimiste pour l’avenir de son pays.
Sa généalogie est éloquente. Il descend de Victor-Emmanuel II de Savoie dont le nom rime avec Risorgimento (« Résurrection »). Une maison royale qui a parachevé l’unité de l’Italie en annexant, les uns après les autres, les différents états indépendants qui constellaient la botte de l’Europe. Exit les Bourbon-Parmes, les Habsbourg-Toscane et autres Bourbon-Deux-Siciles, le prince Amedeo de Savoie-Aoste est l’héritier d’une histoire qui continue de fasciner notre siècle et qui renvoie aux plus belles photos du film de Luchino Visconti, « Le Guépard ». A 77 ans, le duc de Savoie-Aoste est un des deux prétendants au trône d’Italie, un pays qui a mis fin à sa monarchie en juin 1946 et dont la branche compte un roi d’Espagne et un éphémère roi de Croatie. Confiné sur l’ile sicilienne de Pantelleria, il a répondu aux questions du quotidien « Il Giornale ». « Il serait louable que nous ayons un vaccin efficace contre ce virus » affirme très rapidement le prince Amedeo de Savoie-Aoste qui avoue n’avoir pas trop souffert des restrictions décrétées par le gouvernement afin de faire face à la pandémie qui a durement touché le pays. « Je me ferais certainement vacciné et je pense que les hautes personnalités de notre état doivent montrer l’exemple » poursuit le petit-fils maternel du roi Constantin Ier de Grèce qui ajoute : « Comme un roi devrait le faire ! ». « Ce virus est un film d'horreur de la pire espèce et personne n'aurait pu prédire les ravages qu’il allait faire » regrette le prince royal qui comprend que des gouvernements se soient retrouvés démunis face à au covid-19.
Il est un passionné de politique et soutenu par la plus grande association royaliste d'Italie, l'Union monarchique italienne, qui compte pas moins de 70 000 membres. Il n’a pas connu réellement l’exil comme son cousin, le roi Umberto II et après quelques semaines revient vivre en Italie afin de poursuivre des années plus tard des études dans la Marine où il n’hésite pas à jurer fidélité à la République pour suivre la voie de ses ancêtres. Il a été tenté de se présenter à une élection et même pensé créer un parti monarchiste qui aurait rassemblé diverses couleurs dans les années 1990. Avant d’y renoncer et se consacrer à ses vignobles. Il a regardé, interloqué, les évènements au Capitole qui ont marqué la fin du mandat à la présidence américaine de Donald Trump et donne son avis. « Ce qui s'est réellement passé doit certainement être attribué à la période que nous vivons, car ce sont des choses qui pourraient se produire dans n'importe quelle partie du monde » s’inquiète le prince qui toutefois rappelle que « sans prendre parti pour [Donald] Trump ou [Joe] Biden, (…) la plupart de ces personnes n'étaient ni fascistes ni quoique soit d’autres » tout en se posant des questions sur les défaillances flagrantes de sécurité. Pour le prétendant au trône, cette journée qui a marqué le monde entier ne peut être attribuée à des extrémistes mais le signe d’une population excédée à contrario des actions des « Black Blocs européens » précise-t-il et qu'il ne porte pas dans son coeur. « Je ne suis pas en faveur du fascisme et du nazisme. Le fascisme est mort après Mussolini et il faudrait donc expliquer aux gens que les fascistes n'existent plus (aujourd’hui) » martèle Amedeo de Savoie-Aoste qui a condamné à diverses reprises l'émergence des mouvements populistes.
Que pense-t-il alors de l’ancien président du Conseil (2014-2016), le sénateur Matteo Renzi battu aux dernières élections ? « Il pris un très bon départ puis le vernis s’est rapidement craquelé et il a perdu toute sa crédibilité. Lui comme Marian Elena Bochi [ancienne Secrétaire d'Etat à la président du Conseil des ministres] ont fait des déclarations importantes, pris des engagements publiques vis-à-vis des italiens avant de les démentir » s’irrite Amadeo de Savoie-Aoste. « Mais comme vous le savez en Italie, on pardonne tout assez vite » ajoute le prétendant qui évoque ses liens avec Milan « une ville européenne très en avance pour son temps ». Mais lui préfère le charme sicilie du Sud de l’Italie où une partie de la population regarde encore sa famille comme des usurpateurs. « Vous voyez, nous Savoie-Aoste, nous avons vécu longtemps en Afrique: mon oncle Amedeo était vice-roi d'Ethiopie [de 1937 à 1942] et quand il a achevé sa carrière dans la marine,il a créé en Somalie l'une des plus grandes fermes: 25 mille hectares de culture intensive, villages, petites usines de transformation de la canne à sucre, etc » explique le prince. « C'est pourquoi nous nous sentons ici un peu comme les Italiens d'Afrique » ironise Amedeo de Savoie-Aoste. « Je suis moi-même né à la campagne et j'ai toujours vécu parmi les agriculteurs bénéficiant d'une certaine sagesse de cette terre, qui est au fond le tissu de base de notre péninsule. La campagne mène à un certain mode de vie socialement très concret » affirme celui qui a signé un document réfutant à la branche rivale tout droit de modification des lois de succession par primogéniture masculine qui ont régi le royaume d’Italie (janvier 2020).
Amedeo de Savoie-Aoste a eu 4 enfants dont trois avec la princesse Claude d’Orléans, tante de Jean d’Orléans, l’actuel comte de Paris prétendant au trône de France et dont il a divorcé en 1982 après 18 ans de vie commune. « J'ai toujours eu de bonnes relations avec mes enfants. Aimone vit en Russie, où il travaille depuis vingt ans, puis Bianca vit à Venise et Mafalda à Florence J'ai onze petits-enfants qui vivent dans les villes respectives de leurs parents. Je dois dire que c'est une belle grande famille même si malheureusement nous n'avons pas pu être ensemble pour les vacances de Noël (dernier) » explique le prince qui appelle sa famille régulièrement par internet. Pour le futur, le duc de Savoie-Aoste se veut optimiste. « Après une crise de grande ampleur, (…) il y a toujours eu des renaissances (…) » rappelle tout simplement celui qui pourrait monter sur le trône d’Italie si ses concitoyens souhaitent un jour rappeler leur maison royale chassée par un vote populaire truqué. Selon un récent sondage, seul 15% des italiens souhaiteraient de nouveau le retour du roi.
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