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Charles de Bourbon-Sicile, à l'heure de la réconciliation dynastique ?

Le retour des cendres de trois membres de la Maison royale des Bourbons-Deux-Siciles a été l’occasion de sceller une réconciliation entre les deux branches d’un arbre dont les racines plongent au cœur de la France royale.

Le 20 juillet, plusieurs membres de la Maison royale des Deux-Siciles se sont réunis à l'église de San Ferdinando de Naples afin de rendre un ultime un dernier hommage au prince Antoine de Bourbon-Deux-Siciles (1929-2019), son épouse la princesse Elizabeth de Wurtemberg (1933-2022) et la princesse Immaculée de Bourbon-Deux-Siciles (1937-2020). Parmi lesquels, le prince Charles de Bourbon-Deux-Siciles, 61 ans, prétendant à la couronne d’un royaume emporté par le Risorgimento en 1861. 

La maison royale des Deux-Siciles à Naples @Real Casa di Borbone delle Due Sicilie

Un événement familial loin des peopleries habituelles 

Lors de cette cérémonie organisée dans ce lieu consacré, qui est historiquement lié à L'ordre sacré et militaire constantinien de Saint-Georges, dont le prince Charles est un des Grand-maïtres, ce descendant de Louis XIV a souhaité réunir tous les membres de cette branche cadette de la dynastie afin de distinguer une trentaine d’entre eux dans cet ordre prestigieux caritatif.  « Cet événement renforce efficacement les liens familiaux et historiques, en consolidant également la relation forte qui nous lie à la ville de Naples. En mémoire de nos traditions, qui remontent au Royaume des Deux-Siciles, et dans le respect des valeurs de l'Ordre Constantinien, nous réaliserons des projets communs de solidarité sociale et de soutien humanitaire dans la promotion de la paix. Ces actions reflètent notre héritage et un engagement concret pour l'avenir, à l'image de l'exemple de nos ancêtres, qui ont promu l'art, la culture et le bien-être social, dans le respect des principes qui distinguent la famille royale depuis des siècles. », a simplement  déclaré le prince  Charles de Bourbon des Deux-Siciles .

Une famille unie  @Real Casa di Borbone delle Due Sicilie

Réconciliation entre deux branches de la Maison royale des Deux-Siciles ?

Si cette cérémonie a été couverte par quelques médias locaux, loin de l’image people à laquelle cette partie de la Maison des Deux-Siciles est continuellement abonnée, elle ne cache pas les divisions dynastiques qui règnent au sein de cette famille royale et qui remontent à plusieurs décennies. Après l'extinction de la ligne principale avec la mort du dernier roi des Deux-Siciles (1894), les prétentions au titre de chef de la Maison se sont divisées entre deux branches. Le prince Charles de Bourbon des Deux-Siciles, duc de Castro, revendique le titre de chef de la Maison royale tout en étant contesté par la branche Calabre, représentée par le prince Pedro de Bourbon des Deux-Siciles. Cette querelle repose principalement sur des interprétations divergentes des lois de succession dynastique et de renonciation contestée, exacerbées par des disputes internes entre ces deux lignées sur fond d'enjeux politiques importants.

Faut-il y voir un signe de réconciliation entre ces deux branches en dépit de l'abscence des deux fils du prince Antoine, les princes François (64 ans) et  Janvier (58 ans) ? Possible. Jusqu’à présent, la descendance masculine du prince Antoine s’est toujours considérée comme les seuls héritiers directs du prince Charles, celui-ci n’ayant eu que deux filles. En 2016, le prince Charles de Bourbon-Deux-Siciles a toutefois décidé de rendre dynastes ces dernières, mettant fin à tout espoir de réconcilaition entre les deux lignées Calabre et Castro.  Il n'est cependant pas certain que la majorité des monarchistes napolitains et siciliens acceptent de reconnaître à long terme cette modification dynastique et finissent par se retourner vers la branche de Calabre, moins exhubérante, qui répond actuellement à tous les critères du défunt royaume des Deux-Siciles ou celle du prince Antoine. L'avenir répondra à cette question. 

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 26/07/2024

Commentaires

  • Guy Stair Sainty

    1 Guy Stair Sainty Le 26/07/2024

    On peut voir ici comment le prince Pedro est traité en Espagne, où la seule autorité capable de déterminer la personne de l'héritier à la tête de la branche dynastique de la maison royale des Deux-Siciles est le roi d'Espagne. C'est Carlos III qui, dans son Décret Pragmatiste de 1759, a établi le système de succession, comme il était obligé de le faire lorsqu'en tant que roi de Naples et de Sicile, il est également devenu roi d'Espagne, en vertu de deux traités internationaux. Après la restauration de la monarchie espagnole en 1874 (après l'effondrement de la première république), la constitution de 1876 a conféré un droit de succession à l'Espagne à tous les princes des Deux-Siciles issus du mariage de Francesco Ier avec l'infante Isabel (sœur de Fernando VII).

    Ainsi,, tous les fils du comte de Caserte ont servi dans l'armée espagnole et ont été commissionnés - Ferdinando Pio, duc de Calabre, l'aîné (dont le seul fils est mort enfant), a ensuite été commissionné dans l'armée bavaroise après son mariage avec une princesse bavaroise, mais le prince Carlo (créé infante de grâce en 1901) a atteint le grade de capitaine général. Son frère cadet, Ranieri, était également un officier espagnol, mais Alphonse XIII a refusé de reconnaître son mariage avec la comtesse Carolina Zamoyska comme dynastique (bien qu'il ait été reconnu par le comte de Caserte). Deux autres frères, les princes Filippo et Gabriele, ont reçu des titres espagnols d'Alphonse XIII comme princes de Bourbon et Altesse Royale, et tous deux ont été tenus de demander la permission pour que ces titres soient transmis à leurs descendants. Le fils aîné du prince Gabriele, le prince Antonio, est le père du prince Francesco, qui aurait été éligible à ce titre espagnol avant le décret de 1987 réformant la succession des titres royaux. Le prince et infante Carlo s'est remarié après la mort de la princesse des Asturies avec la princesse Isabel d'Orléans et a eu un fils (tué pendant la guerre civile) et trois filles - la deuxième, Maria de las Mercedes, a épousé Juan, comte de Barcelone, et était la mère du roi Juan Carlos. Le fils du prince et infante Carlo, Alfonso, duc de Calabre, a épousé la princesse Alice de Bourbon-Parme et est ainsi l'héritier général des derniers rois légitimes de France, de l'empereur Charles V, du roi Édouard le Confesseur d'Angleterre et du roi David d'Écosse (les derniers chefs des deux plus anciennes dynasties britanniques). Le fils d'Alfonso et d'Alice, le prince et plus tard infante Carlos, duc de Calabre, était marié à la princesse Anne d'Orléans, duchesse douairière de Calabre ; ils ont eu un fils Pedro, duc de Calabre (père de quatre fils et trois filles) et quatre filles (dont Maria est mariée à l'archiduc Simeon d'Autriche).
  • Guy Stair Sainty

    2 Guy Stair Sainty Le 26/07/2024

    18 mois plus tard, le prince Charles a unilatéralement révoqué cet accord solennel, déclarant ses filles comme ses héritières et prétendant même leur attribuer les titres de duchesse de Calabre et de Noto qu'il avait reconnus pour la branche aînée. Que ceux maintenant juniors dans la ligne de succession du prince Charles aient été soi-disant rétrogradés plus bas que ses filles est impossible, car le prince Charles n'a aucune autorité en tant que prince cadet, ni même s'il était chef de la maison, pour modifier un système de succession établi par deux traités internationaux.
  • Guy Stair Sainty

    3 Guy Stair Sainty Le 26/07/2024

    La succession aux trônes de Naples et des Deux-Siciles (depuis 1815 les Deux-Siciles) est déterminée par le traité de Vienne de 1737 et celui de Naples de 1759, ainsi que par le Décret Pragmatiste de Charles III du 6 octobre 1759, intégré dans les constitutions de 1820, 1848 et 1860. Ceux-ci exigent que le trône soit transmis par primogéniture masculine (effectivement comme une seconde primogéniture de la Maison d'Espagne), le fils aîné survivant de Charles III devenant roi d'Espagne (Carlos IV) et son second fils survivant (Ferdinand) devenant roi de Naples et de Sicile. Dans le cas où Carlos IV serait mort sans descendance, le trône d'Espagne serait passé à Ferdinand et le fils suivant deviendrait roi de Naples et de Sicile. Il y avait une interdiction absolue de l'union des couronnes d'Espagne avec celle de Naples et de Sicile. Il y a eu de nombreux mariages entre les membres des branches espagnole et des Deux-Siciles, notamment en 1868 lorsque le prince Gaetano, comte de Girgenti, a épousé l'Infante Isabel, qui, après l'abdication de sa mère, est devenue princesse des Asturies. Un acte de renonciation à la succession des Deux-Siciles a été rédigé en cas de besoin, si Isabel devenait reine (ce qui n'a jamais eu lieu), mais il n'a pas été signé.

    En 1900, le prince Carlo, deuxième fils du comte de Caserte, a épousé la princesse des Asturies ; le gouvernement espagnol a déclaré aux Cortes qu'aucune renonciation n'était nécessaire, et cela a été convenu dans des lettres entre le comte de Caserte et la reine régente, indiquant que la seule renonciation nécessaire était celle de la nationalité. La double nationalité n'était alors pas légale et une femme prenait la nationalité de son mari, il était donc nécessaire que Carlo soit citoyen espagnol, renonçant ainsi à sa nationalité antérieure. À la demande de son père, il a également signé un acte déclarant qu'il renoncerait "à la succession éventuelle... selon nos lois, constitutions et coutumes familiales et en exécution de la Pragmatique de Charles III, notre auguste ancêtre, du 6 octobre 1759, dont il déclare librement et explicitement souscrire et obéir." Ces lois prévoyaient une seule circonstance nécessitant une renonciation, à savoir prévenir l'union des deux couronnes (dont l'une, en 1900, n'existait plus). La princesse des Asturies est décédée en 1904, son fils, Alfonso, a été pendant 3 ans héritier présomptif, mais en 1907, le premier enfant d'Alphonse XIII est né. Aujourd'hui, le petit-fils d'Alfonso, le prince Pedro, duc de Calabre, est le chef de la Maison, et non Carlo, le petit-fils du frère cadet de Carlo, Ranieri. En 1983, à la demande du fils de Ranieri, Ferdinando, le roi d'Espagne a commandé une enquête auprès de cinq des plus hautes instances de l'État (l'institut de recherche en généalogie et héraldique, l'académie royale de jurisprudence et de législation, les ministères de la justice et des affaires étrangères et le conseil d'État). En 1984, ces instances ont conclu à l'unanimité que l'héritier était alors le prince Charles, plus tard Infante (créé en 1994 comme "le représentant d'une ligne dynastique historiquement liée à la couronne d'Espagne"), duc de Calabre, l'héritier mâle primogéniture du dernier roi régnant. Le 24 janvier 2014, un accord solennel a été signé entre la branche aînée dirigée par l'Infante Don Carlos, duc de Calabre (qui était lui-même malade et donc signé en son nom par son fils Pedro, alors duc de Noto) et le prince Charles, dans lequel chacun reconnaissait réciproquement les titres de la branche aînée (duc de Calabre, duc de Noto et duc de Capoue) et de la branche cadette (duc de Castro, duchesse de Palerme et duchesse de Capri). https://www.constantinian.org.uk/wp-content/uploads/2014/01/ACT-OF-FAMILY-RECONCILIATION-OF-THE-HOUSE-AND-DYNASTY-OF-BOURBON.pdf
  • Guy Stair Sainty

    4 Guy Stair Sainty Le 26/07/2024

    La succession aux trônes de Naples et des Deux-Siciles (depuis 1815 les Deux-Siciles) est déterminée par le traité de Vienne de 1737 et celui de Naples de 1759, ainsi que par le Décret Pragmatiste de Charles III du 6 octobre 1759, intégré dans les constitutions de 1820, 1848 et 1860. Ceux-ci exigent que le trône soit transmis par primogéniture masculine (effectivement comme une seconde primogéniture de la Maison d'Espagne), le fils aîné survivant de Charles III devenant roi d'Espagne (Carlos IV) et son second fils survivant (Ferdinand) devenant roi de Naples et de Sicile. Dans le cas où Carlos IV serait mort sans descendance, le trône d'Espagne serait passé à Ferdinand et le fils suivant deviendrait roi de Naples et de Sicile. Il y avait une interdiction absolue de l'union des couronnes d'Espagne avec celle de Naples et de Sicile. Il y a eu de nombreux mariages entre les membres des branches espagnole et des Deux-Siciles, notamment en 1868 lorsque le prince Gaetano, comte de Girgenti, a épousé l'Infante Isabel, qui, après l'abdication de sa mère, est devenue princesse des Asturies. Un acte de renonciation à la succession des Deux-Siciles a été rédigé en cas de besoin, si Isabel devenait reine (ce qui n'a jamais eu lieu), mais il n'a pas été signé.

    En 1900, le prince Carlo, deuxième fils du comte de Caserte, a épousé la princesse des Asturies ; le gouvernement espagnol a déclaré aux Cortes qu'aucune renonciation n'était nécessaire, et cela a été convenu dans des lettres entre le comte de Caserte et la reine régente, indiquant que la seule renonciation nécessaire était celle de la nationalité. La double nationalité n'était alors pas légale et une femme prenait la nationalité de son mari, il était donc nécessaire que Carlo soit citoyen espagnol, renonçant ainsi à sa nationalité antérieure. À la demande de son père, il a également signé un acte déclarant qu'il renoncerait "à la succession éventuelle... selon nos lois, constitutions et coutumes familiales et en exécution de la Pragmatique de Charles III, notre auguste ancêtre, du 6 octobre 1759, dont il déclare librement et explicitement souscrire et obéir." Ces lois prévoyaient une seule circonstance nécessitant une renonciation, à savoir prévenir l'union des deux couronnes (dont l'une, en 1900, n'existait plus). La princesse des Asturies est décédée en 1904, son fils, Alfonso, a été pendant 3 ans héritier présomptif, mais en 1907, le premier enfant d'Alphonse XIII est né. Aujourd'hui, le petit-fils d'Alfonso, le prince Pedro, duc de Calabre, est le chef de la Maison, et non Carlo, le petit-fils du frère cadet de Carlo, Ranieri. En 1983, à la demande du fils de Ranieri, Ferdinando, le roi d'Espagne a commandé une enquête auprès de cinq des plus hautes instances de l'État (l'institut de recherche en généalogie et héraldique, l'académie royale de jurisprudence et de législation, les ministères de la justice et des affaires étrangères et le conseil d'État). En 1984, ces instances ont conclu à l'unanimité que l'héritier était alors le prince Charles, plus tard Infante (créé en 1994 comme "le représentant d'une ligne dynastique historiquement liée à la couronne d'Espagne"), duc de Calabre, l'héritier mâle primogéniture du dernier roi régnant. Le 24 janvier 2014, un accord solennel a été signé entre la branche aînée dirigée par l'Infante Don Carlos, duc de Calabre (qui était lui-même malade et donc signé en son nom par son fils Pedro, alors duc de Noto) et le prince Charles, dans lequel chacun reconnaissait réciproquement les titres de la branche aînée (duc de Calabre, duc de Noto et duc de Capoue) et de la branche cadette (duc de Castro, duchesse de Palerme et duchesse de Capri). https://www.constantinian.org.uk/wp-content/uploads/2014/01/ACT-OF-FAMILY-RECONCILIATION-OF-THE-HOUSE-AND-DYNASTY-OF-BOURBON.pdf

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