« Je suis en faveur d'un capitalisme égalitaire et non autoritaire, avec un leader crédible qui dirigerait [l’Italie] travers une sorte de monarchie constitutionnelle » Prononcée le 1er décembre par Roberto Vecchioni lors d’une interview accordée au « Libero Quotidiano », cette phrase n’est pas passée inaperçue dans les médias italiens. Un des héritiers au trône d’Italie, le prince Emmanuel-Philibert de Savoie a tenu à réagir immédiatement aux propos de cet auteur-compositeur connu pour ses positions tranchées à gauche et tenté de remettre les choses dans leur contexte. Selon lui, bien qu’il pointe du doigt les incohérences et l’incompétence du gouvernement actuel, il est encore trop tôt pour parler d’un retour de la monarchie en Italie.
« Basta incompetenti, datemi una monarchia » (assez de compétences, réinstaurons la monarchie). Connu pour ses positions tranchées à gauche, Roberto Vecchioni, auteur- compositeur italien à succès, a surpris tout le monde lors d’une interview accordée au « Libero Quotidiano » en réclamant le retour de l’institution royale abolie en 1946, après un référendum truqué. A la tête d’une coalition fragile, le premier ministre Guiseppe Conte est menacé à sa droite par la Ligue (du Nord) de l’ancien ministre Matteo Salvini qui bénéficie toujours d’une forte côte de popularité. Pour une frange d’italiens, environ 15% selon un sondage daté de 2018, l’option monarchique doit être envisagée afin de ressouder l’unité italienne également mise à mal par des séparatismes locaux. Régulièrement l’objet d’attentions des médias et à la tête d’un think tank (Piu Italia), prélude à la formation d’un parti politique, le prince Emmanuel-Philibert de Savoie est un des prétendants au trône d’Italie. Selon lui, si les propos de Roberto Vecchioni démontrent une nouvelle fois le souhait des italiens d’un changement profond des institutions, il se montre plus réservé sur la volonté de ses compatriotes à plébisciter une telle idée en cette période de crise.
« J'ai lu l'interview de Roberto Vecchioni avec un intérêt particulier et je dois dire que je suis accord avec lui sur de nombreux points qu’il a évoqué durant cette interview. Et plus particulièrement un sur lequel je me dois d’exprimer ma propre opinion » a écrit le prince de Venise. « Si les premiers pays au monde reconnus pour leur qualité de vie sont des monarchies constitutionnelles et qu’un de leurs éléments fondamentaux est de travailler pour le bien commun avec à leurs têtes un chef d’état super partes élevé pour servir son peuple et sans couleur politique, je pense qu’avec les difficultés que nous traversons, il est trop prématuré d’aborder cette question alors que nous faisons face à une crise sanitaire, économique et sociale » affirme le petit-fils du roi Humbert II qui douche quelque peu les espoirs de ses partisans.
« La monarchie, et en particulier celle du royaume d'Italie, a toujours représenté un idéal de liberté, de possibilité, de tradition et d'inclusion. Et aujourd'hui il est impossible de parler et de penser à une réforme en ce sens (…) » poursuit le prince qui rencontre un vif succès aux Etats-Unis avec l’ouverture de sa chaîne de restaurant. « Par contre, je suis d'accord avec ce qu’il a dit concernant la politique de notre pays qui devrait être menée par des personnes ayant du bon sens, de la bonne foi et dotées d'une solide culture » écrit le prince qui en profite pour écorner les incohérences et les compétences du gouvernement actuel. « Un pays dans lequel des positions de premier plan sont occupées par des personnes qui ne parlent pas de langues étrangères, comme notre ministre des Affaires étrangères, qui n’ont jamais travaillé, comme l’ancien ministre de l’intérieur (…), n’est pas un pays qui démontre ses capacité à vouloir s’améliorer » fustige Emmanuel-Philibert de Savoie. « Je crois que ce dont a besoin l’Italie aujourd’hui est surtout d’un homme capable de répondre à nos attentes » surenchérit l’héritier au trône.
Je ne sais pas ce qui va se passer dans ce pays, dans mon Italie, dans les prochains mois mais j'espère que ces mots pourront faire bouger quelque chose, à défaut de changer nos institutions, faire réfléchir ceux qui m’ont lus. Et j'espère que la prochaine Chambre et le Sénat seront occupés, après les prochaines élections et comme le stipule le Statut Albertin [constitution royale de 1848-ndlr] à montrer le meilleur que notre pays a à offrir » conclu le prince de Savoie qui a récemment apporté tout son soutien aux habitants de Nice, frappés par un terrible attentat fin octobre dernier.
Père de deux filles et époux de l'actrice Clotilde Courau, le prince Emmanuel-Philibett est âgé de 48 ans. Ancien candidat malheureux aux élections locales de 2008 et européennes de 2009, il s'est dissocié des tribulations judiciaires de son père. Connu pour sa participation à des shows de téléréalité, il modifié les règles de succession au trône d'Italie en début de cette année afin de permettre à la princesse Vittoria, son aînée de 16 ans, de pouvoir assumer un jour son rôle de future reine d'Italie. Si le prince devait participer à une élection demain, les sondages le créditent de 10% d'intentions de vote.
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