L'entretien n'est pas passé inaperçu. Héritière des rois d'Italie, future prétendante au trône, la princesse Vittoria de Savoie, s'est confiée sur son rôle à venir. Pour l'arrière-petite-fille du roi Umberto II, aucun doute, il sera loin du trône.
La princesse Vittoria de Savoie, fille aînée du prince Emmanuel-Philibert de Savoie et de l’actrice Clotilde Courau, incarne la nouvelle génération de princesse italienne, symbolisant l’équilibre entre tradition et modernité. Née le 28 décembre 2003 à Genève, elle est l'aînée de la maison de Savoie, une dynastie qui a joué un rôle central dans l’unification de l’Italie sur laquelle elle a régné jusqu'en 1946.
Un destin tracé par l'Histoire
En janvier 2020, Vittoria a été officiellement désignée comme héritière de la maison de Savoie par son grand-père, le prince Victor-Emmanuel de Savoie, dernier prétendant au trône d'Italie. Cette décision marque un tournant historique, car elle a rompt avec la loi salique qui réservait jusqu’ici la succession à la seule lignée masculine. Ce changement a suscité un violent débat parmi les monarchistes italiens, déjà divisés par une querelle dynastique. Les partisans de la branche de Savoie-Aoste se sont opposés à cette modification qui contrevient aux statuts de la loi Albertine, arguant d’un manque de cadre législatif pour valider. Mais pour les soutiens de la branche de Savoie, il reflète l’évolution des mentalités dans une Europe où l’égalité des sexes devient un impératif même au sein des familles royales.
Représentante d'une dynastie qui a marqué le destin de l’Europe, titrée princesse de Carignan, Vittoria de Savoie se démarque par son approche résolument moderne et son refus des conventions souvent associées à son rang. Si aujourd'hui, cette influenceuse suivie sur les réseaux sociaux par 104 000 personnes, accepte de parler de son histoire familiale, cela n'a pas toujours été facile, comme elle l'a confié dans une récente interview au Figaro. « Jusqu'à mes 18 ans, je détestais parler de monarchie, je pouvais même me mettre en colère si on m'appelait princesse. Je ne me suis jamais considérée ainsi… », explique-t-elle, avec franchise. La princesse Vittoria, qui a grandi à Paris, a mené une vie relativement discrète, éloignée des projecteurs du Gotha mais pas ceux du strass (elle a été mannequin). Elle a suivi sa scolarité dans un collège du VIIe arrondissement avant de poursuivre ses études à l'École Diagonale, un établissement réputé pour valoriser les talents artistiques et sportifs de ses élèves. Elle s’est faîte remarquée lors de la crise du Covid où elle a interpellé le Président Emmanuel Macron sur la situation des étudiants (2021).
Après avoir obtenu un baccalauréat en géopolitique, la jeune femme s’est inscrite à des études de sciences politiques à Londres. Mais malgré cette orientation, Vittoria admet avoir toujours été attiré par les planchers de théâtre : « J'ai toujours été attirée par la scène, mais la comparaison avec ma mère me faisait tellement peur que j'ai préféré m'orienter dans une voie très différente. » Pourtant, la passion de l'art dramatique semble inévitablement la rattraper. En septembre dernier, elle est revenue vivre chez sa mère et a pris une décision majeure : intégrer l’École supérieure d’art dramatique. Pour se préparer à cette nouvelle étape, la princesse Vittoria s'est engagée dans une formation intensive, prenant des cours de théâtre, de chant, de danse et même de clown. L'été dernier, elle a également eu l'opportunité de suivre un stage au Lee Strasberg Theatre and Film Institute à New York, un institut légendaire dans le monde de l’art dramatique. « J'étais fière, car je me suis offert ce stage avec mon argent, celui que j'ai gagné avec le mannequinat et les petits boulots que j'ai pu exercer dans des pubs ou des restaurants. Ma mère nous a toujours appris, à ma petite sœur Luisa, 18 ans, et à moi, la valeur du travail ».
Une princesse moderne
Vittoria de Savoie ne se voit pas comme une princesse dans le sens traditionnel du terme, un rôle qu’elle considère comme purement honorifique. « Moi, je ne me vois jamais comme une princesse. De plus, la monarchie italienne ayant été abolie en 1946, la question d'accéder un jour au trône ne se pose pas ! » explique t-elle. Toutefois, il lui arrive d'accompagner son père, le prince Emmanuel-Philibert, lors de déplacements officiels de bienfaisance . « Mais c'est tellement loin de ma réalité : je dois faire bonne figure et m'habiller en conséquence, alors que je ne me sens bien qu'en look extralarge. Je suis un vrai garçon manqué », ajoute la princesse.
Cette personnalité libre et authentique se reflète aussi dans ses convictions écologiques. Elle refuse d'acheter des vêtements neufs, privilégiant les achats de seconde main ou le plaisir d'aller au théâtre ou au cinéma. Une approche très à gauche, revendiquée, qui tranche avec l'image souvent glamour des familles royales, mais qui correspond parfaitement à la philosophie de vie de Vittoria.
Entre héritage dynastique et indépendance
Bien que la monarchie italienne n'existe plus, l’héritage de la maison de Savoie reste important pour la jeune fille, mais il ne dicte pas sa vie. En se forgeant son propre chemin entre Paris, Londres et New York, la jeune femme se distancie de l'étiquette royale pour embrasser une carrière artistique qui lui est propre. Ses ambitions sur scène et ses engagements personnels montrent que Vittoria de Savoie est avant tout une jeune femme de son époque, ancrée dans le monde moderne tout en respectant ses racines.
Loin des clichés de la royauté, Vittoria est un exemple de liberté et de détermination. Si elle est fière de son histoire familiale, c’est par ses propres choix et ses efforts qu’elle compte se faire un nom. La princesse de Savoie incarne ainsi cette nouvelle génération de princes et de princeses qui savent concilier héritage et indépendance, avec une vision résolument tournée vers l’avenir. Pas sur que cette attitude fédère les partisans de la lignée de Savoie autour de la princesse Vittoria lorsqu'il sera temps pour elle de devenir « Reine de jure d'Italie» .
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