Le prince Emmanuel-Philibert de Savoie s’est rendue à l’abbaye de Hautecombe. Interrogé par divers quotidiens, il a assuré que le retour en Italie des restes du roi Umberto II et de la reine Marie-José étaient en bonne voie, louant le travail de la Présidente du Conseil, Georgia Meloni.
Une fois n’est pas coutume. Le 15 mars 2025, le prince Emmanuel-Philibert de Savoie, 52 ans, s’est rendu à l’abbaye de Hautecombe, dans la région française qui a vu naître sa dynastie, en présence des membres des Ordres dynastiques de la Maison Royale et les membres de l'Institut National de la Garde d'Honneur des Tombes Royales du Panthéon. Divers ducs et rois de Piémont-Sardaigne reposent dans ce lieu consacré du XIIIe siècle tout comme le roi Umberto II, dernier roi d’Italie, et son épouse, la reine Marie-José. Le prétendant à la couronne d’Italie ne fait pas mystère de ses intentions. Il entend rapatrier ses grands-parents à Rome.
Une histoire dynastique contemporaine controversée
Emmanuel-Philibert de Savoie assume sa position de futur monarque depuis le décès de son père, le prince Victor-Emmanuel (1937-2024). Il se bat pour réhabiliter l’image de la maison royale entachée d’une compromission avec le régime fasciste qui lui sera fatale au lendemain de la fin de la Seconde Guerre mondiale, chassée de son trône par un référendum truqué en 1946. « Papa m'a appris l'histoire de mon pays et j'ai partagé beaucoup de ses passions », assure Emmanuel-Philibert de Savoie. « Il était un livre d'histoire vivant. Ma grand-mère m'a raconté l'époque où son frère, le roi des Belges, l'avait envoyée négocier seule les rations de pain avec Hitler au Nid d'Aigle. Je lui ai demandé : qu'est-ce qu'Hitler t'a dit ? Et elle : elle a juste répété « Nein nein ». Et moi : qu'est-ce qui vous a frappé chez lui ? Et elle : qu'il avait les mains terriblement moites » se rappelle-t-il.
Il regrette que la « diabolisation » de sa famille se poursuive encore de nous jours. « L'Italie était une monarchie constitutionnelle, les pouvoirs du roi étaient limités. Le fascisme a été voté au Parlement. S’ils n’avaient pas voté pour lui, Mussolini ne serait pas devenu Premier ministre. Qui a voté au Parlement ? Les fascistes ? Non, il n'y avait que quelques dizaines de fascistes au Parlement, donc d'autres partis ont également voté pour lui », se défend Emmanuel-Philibert de Savoie qui refuse que l’on mette tout sur le dos de son arrière-grand-père. « Le roi est responsable de son peuple et de son pays : mais il n’est pas coupable. Le fascisme ne peut être identifié au roi. La responsabilité est une chose, la culpabilité en est une autre. Le roi, comme nous le savons, détestait le fascisme et détestait Mussolini. Ici en Italie, il y a encore des gens qui font le salut romain. Le roi ne l'a jamais fait », affirme le prince.
Emmanuel-Philibert de Savoie s’est excusé pour les lois raciales de 1938. Il a demandé pardon à la communauté juive pour le manque de résistance de sa famille. « La chose la plus honteuse que l’Italie ait jamais faite. Le fascisme était une chose horrible dont je ne veux même plus entendre parler. », déclare le prétendant au trône. Il loue l’action du roi Umberto II, qui en se retirant, à éviter à l’Italie de plonger dans la guerre civile. « Il ne voulait plus de bain de sang. C'est pour cela qu'il est parti en exil », explique-t-il.
Un prince entre passion de la politique et vie familiale tumultueuse
Il n’entend plus entrer dans le champ politique. En 2005 et 2009, ses deux tentatives ont été un échec. « Je n’étais pas prêt, c’était une erreur, mais faire campagne a été merveilleux car, juste après ma sortie d’exil, cela m’a permis de rencontrer des gens et des lieux extraordinaires. », se défend t-il au Corriere. Quant à l’actuel gouvernement, il ne tarit pas d’éloges sur la Présidente du Conseil. « Georgia Meloni a fait un excellent travail. L’Italie peut être la force motrice de l’Europe.», assure le prince royal. La déclaration fera certainement grincer des dents les opposants au retour de la monarchie. 15% selon un sondage daté de 2018.
Il évoque ses deux filles, les princesse Vittoria (21 ans) et Luisa (18 ans) : « Pour un père, les filles sont toujours des petites filles. Luisa étudie le droit en Espagne. Vittoria étudie le théâtre, l'art, l'histoire et possède sa propre compagnie avec laquelle elle lance et promeut de jeunes artistes. Il est juste qu’elle construise sa vie avant de penser à comment être l'héritière du titre, même si elle m'accompagne déjà à divers événements », poursuit le prince Emmanuel-Philibert de Savoie.
Dernièrement, il a fait l’actualité people en s’affichant au bras d’une jeune femme, Adriana, Abascal. Il s’agace de ce que les magazines et sites spécialisés sur le Gotha peuvent écrire à ce sujet. Il est séparé de son épouse, la princesse Clotilde Courau, depuis trois ans. Le couple reste très uni en dépit de cette distance qu’ils ont mis entre eux. : « Que puis-je dire de moi-même ? Quand les histoires se terminent, il faut continuer tout en respectant les gens qu'on aime. Je pense que mes filles savent aujourd'hui qu'il est important que leur père soit heureux et qu'il ait trouvé quelqu'un avec qui il se sente bien. », se justifie-t-il.
Rapatrier les restes du « roi et de la reine de Mai » en Italie
Il a un projet désormais et celui-ci lui tient à cœur. Ramener les restes du roi Umberto II et de la reine Marie-José en Italie afin de les inhumer au Panthéon de Rome. Il assure que les négociations sont en bonne voie. « La présidence du Conseil, les différents ministres et le Vatican ont donné un avis favorable, mais il manque le oui du président Sergio Mattarella, en qui j'ai confiance : c'est lui qui, en 2017, a ramené le corps de Victor- Emmanuel III d'Alexandrie, en Égypte. Ce serait une réconciliation importante avec l'histoire, même si des normes bolcheviques archaïques persistent dans la Constitution, comme la confiscation des biens de la Maison de Savoie », explique Emmanuel-Philibert de Savoie.
En se tenant debout dans l’abbaye de Hautecombe, Emmanuel-Philibert de Savoie se pose en prétendant et tend la main au gouvernement italien. Faire revenir les derniers membres de sa famille poche en Italie permettrait de réconcilier monarchie et république sous le sceau de l’histoire.
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