Victor-Emmanuel de Savoie appelle à l’unité des deux branches rivales

C’est un appel à l’unité entre les deux branches rivales lancé par le prince Victor-Emmanuel de Savoie, chef de la Maison royale d’Italie. Dans un long courrier adressé au prince Aimone de Savoie-Aoste, il demande à son cousin de bien vouloir travailler étroitement avec son fils, le prince Emmanuel-Philibert « pour le bien et l’avenir de la Maison de Savoie » et que cesse la querelle dynastique « surtout à une période si complexe pour notre Patrie, où l'attention de nous tous est à juste titre indissociable » affirme le fils du roi Umberto II.

La sortie du nouveau site officiel du prince Aimone de Savoie-Aoste, qui réaffirme ses droits au trône, a réveillé une nouvelle fois les démons de la querelle dynastique qui agite la maison royale d’Italie. Depuis 2006, deux branches, issues du même tronc généalogique, les Savoie et les Aoste, se disputent le trône vacant d’Italie. Une monarchie abolie en 1946 dans des circonstances controversées, à la suite d’un référendum dont les résultats semblent avoir été truqués, et qui n'a pas laissé que de bons souvenirs aux Italiens. Notamment en raison de sa compromission avec le fascisme. Aujourd’hui, faisant fi du passé et des contentieux qui persistent entre les deux maisons largement alimentées par leurs partisans respectifs, le prince Victor-Emmanuel de Savoie a appelé à l’unité.

Une réconciliation à deux vitesses

Dans un long courrier daté du 16 octobre, rendu public, le fils du roi Umberto II, s’est adressé directement à son cousin Aimone de Savoie-Aoste afin de « le mettre face ses responsabilités ». « (….) Vos déclarations, publiées en juillet dans une interview à un hebdomadaire italien bien connu, ont représenté un signal de paix important pour moi » écrit le prince Victor-Emmanuel de Savoie. « (….) Il n'y a jamais eu d'acte hostile envers vous, comme je vous l’ai indiqué lors de notre dernière conversation téléphonique il y a quelques mois et votre rencontre avec mon fils Emmanuel-Philibert en Russie [lors du mariage du Grand-duc Georges Romanov. Une photo qui avait fait le buzz dans les milieux concernés-ndlr] a été dans la direction que nous souhaitons (…) » poursuit le prétendant au trône.

« L'Italie d'abord »

Rappelant sa position de chef de la Maison royale d’Italie, il pointe du doigt une série de documents présents sur le site officiel du prince Aimone de Savoie-Aoste qui remette en cause son héritage, notamment « une prétendue correspondance privée entre lui et le Roi son Père, sur lequel il n’est jamais intervenu » affirme Victor-Emmanuel qui regrette les manipulations dont il fait l’objet par les partisans du duc de Savoie-Aoste « dont le but n’est que de protéger leurs propres intérêts » . « Juste parce que je comprends l'amour profond que tu as pour ton père Amedeo, tu peux comprendre pleinement mes sentiments lorsque je lis ces récits tronqués sur la relation entre moi et mon Auguste père, de la part de gens qui sont tous des étrangers à notre famille qui continuent à nourrir les divisions (…) » déplore Victor-Emmanuel. « (..) Mes bras seront toujours ouverts pour construire quelque chose d'utile, au nom de notre mémoire dynastique et dans le respect des rôles de chacun. Mais rappeler la devise « L'Italie d'abord » ne peut être qu’un seul exercice rhétorique » explique encore le fils du « Roi de mai ».

Un mariage contesté

En marge de cette querelle, la validité du mariage du fils du roi Umberto II avec Marina Doria en 1970 , qui serait contraire au regard des règles de la loi de succession (statut Albertin) selon ses détracteurs. Une division qui s’est encore creusée avec la décision du prince Victor-Emmanuel d’abroger la loi salique afin de privilégier les deux filles du prince Emmanuel-Philibert, désormais nommées héritières au trône d’Italie. Un geste qui a provoqué un large mécontentement au sein des monarchistes qui regrettent le choix de carrière de mannequin et les prises de positions de la princesse Vittoria (19 ans), l'aînée des deux filles. Créé en 1995, reconnu par Umberto II comme la plus haute autorité monarchique d'Italie, le Conseil des Sénateurs du Royaume a été incapable de trancher sur la question. Chaque camp continue d’avancer ses arguments contre l’autre.

Une main tendue par Victor-Emmanuel de Savoie

Proposant à Aimone de Savoie-Aoste de le nommer au sein de l'Ordre de Saint-Maurice et Lazare (il est pourtant détenteur du chapitre-ndlr), « à quatre-vingt-cinq ans et depuis que j’ai succédé à mon Auguste père il y a 40 ans, il est plus que jamais de mon devoir aujourd'hui, de formuler ce dernier appel à l'unité. Je ressens le besoin de vous demander d'accompagner mon fils Emmanuel-Philibert, en vue de la tâche qui l'attend, car je crois qu'ensemble, vous pourrez faire beaucoup pour l'avenir la maison de Savoie. Je crois qu'il est possible d'avancer ensemble, mais que tout le monde sache que la paix se construit en deux et que je ne peux pas le faire seul » écrit en conclusion le prince Victor-Emmanuel. Un geste tendu au prince Aimone de Savoie-Aoste qui n’a pas encore répondu à cette demande.

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