Depuis 2006, le monarchisme italien est profondément divisé entre les partisans du prince Victor-Emmanuel de Savoie et ceux de son cousin le prince Amédée de Savoie-Aoste. C’est donc chacun de leurs côtés que les deux prétendants à la couronne ont adressé leurs vœux de nouvel an à l’Italie durement touchée par la crise de coronavirus. Des communiqués relayés par la presse locale et empreints de patriotisme comme d’espoirs, synonymes de « renaissance » pour les deux prétendants qui ont déploré que cette pandémie ait « sacrifié les rêves de toute une jeune génération » et qui ont appelé de concert à la fin du « tout individualisme ».
« L'année qui vient de se terminer restera gravée de manière indélébile dans nos esprits et nos cœurs ». C’est par ces mots que le prince Victor-Emmanuel de Savoie, fils du roi Humbert II, a adressé ses vœux de nouvel an aux italiens. Un pays durement frappé par la pandémie de coronavirus, qui a fait 74000 morts en un an d’après les statistiques du ministère de la santé, et qui n’a pas permis à la maison royale de Savoie de se déplacer à l’Abbaye de Hautecombe pour confirmer la princesse Vittoria ( 17 ans) dans sa nouvelle position d’héritière au trône. « La pandémie, qui a frappé comme un cyclone notre patrie et le monde entier, a bouleversé nos vies, nous a heurté avec une froideur impitoyable, nous a confiné chez nous et a provoqué un effet de tsunami sur l'économie, anéantissant en quelques jours la sécurité d'un monde globalisé qui se sentait invincible. (…) Et pourtant, à côté de l'horreur et de la peur, comme dans les moments les plus difficiles de notre histoire nationale, cette tragédie nous a unis dans la douleur et ne nous a pas divisé. Jusqu’à présent, nous avons fait face à cette adversité dans un esprit patriotique, regardant finalement au-delà des factions et des intérêts partisans » s’est félicité Victor- Emmanuel de Savoie qui vit en Italie depuis 2002, date de l’abrogation de la loi d’exil votée cinquante-six ans auparavant, à la chute de la monarchie. C’est justement sur le sens de la patrie et la fin du tout individualisme que le prince a orienté ses vœux, remerciant une nouvelle fois le courage de ces « infirmières, médecins, agents de santé, forces armées et forces de l'ordre, prêtres, enseignants, bénévoles , les soignants et toutes ces personnes qui connaissent la voie du sacrifice pour le bien de la communauté ».
Egalement prétendant à la couronne, le prince Amédée de Savoie-Aoste, qui a le soutien de la majeure partie des mouvements monarchistes italiens (dont l'Union monarchique italienne. UMI) depuis qu’il a fait acte de candidature à la couronne vacante en 2006, a également adressé un message à ses compatriotes, publié la veille de Noël. « Une année de graves souffrances et de deuils qui, partout, ont atteint beaucoup de familles, fil rouge de notre identité nationale » a tenu à rappeler dès les premières lignes de son communiqué le prince d’Aoste et qui s’est (à son tour) félicité de « l’abnégation de tout le personnel médical, qui a réussi partiellement à contenir ce virus (…) qui nous a tous pris au dépourvu ». Sur un ton plus grave et plus politique que son cousin, le prince Amédée de Savoie-Aoste, dont la famille a donné un roi à l’Espagne, à la Croatie et un vice-roi à l’Ethiopie, a regretté la gestion de cette pandémie par le gouvernement. « Nous avons été bombardés par des communiqués sans cesse contradictoires qui ont généré confusion, anxiété, angoisse, avec de graves conséquences au niveau psychologique. Je pense avant tout aux jeunes qui, à cause de la distanciation sociale, ont été privés de cette gaîté, liberté et des contacts humains, indispensables à leur croissance et formation. A toutes ces personnes âgées qui malgré leur besoin d’attentions, de support moral et matériel, sont restées isolées, et privées de contacts avec leurs êtres chers » a déploré le prince avant de saluer « l’intelligence et la détermination » des italiens qui doivent se préparer à une lourde crise économique à venir. « La reprise sera longue et difficile, qu’elle concerne la situation sanitaire ou économique. Un effort extraordinaire de nos institutions sera nécessaire afin de retrouver notre compétitivité et mettre en place des aides appropriées afin de sauver ceux qui se trouvent en difficulté. Le Parlement doit retrouver sa lucidité et capacité législative, afin qu’il puisse approuver des lois qui ne devront pas générer d’injustices et qui ne devront pas fragiliser notre état » a averti Amédée de Savoie-Aoste qui se pose ici en chef d’état.
Loin des tumultes et de l’instabilité politique, le prince Victor-Emmanuel de Savoie, qui continue d'entretenir des rapports très houleux avec son cousin, a conclu son message aux italiens en rappelant la « combativité » de la reine Marie-José de Belgique. « Derrière la résilience des italiens, je vois le sourire de ma mère » a déclaré le descendant de Victor-Emmanuel II, le souverain du Risorgimento, qui reste persuadé que 2021 sera synonyme d’une nouvelle « renaissance pour l’Italie » grâce aux vaccins qui débarquent en Europe et qui devraient mettre fin à cette pandémie pour que l’on puisse enfin « donner un avenir à nos enfants et nos petits-enfants » a renchéri le prince Amédée de Savoie-Aoste. Selon un sondage daté de 2008, 15% des italiens souhaiteraient le retour de la monarchie afin de mettre fin à la gabegie parlementaire qui règne dans le pays avec, en moyenne, un premier ministre par an depuis la création de la république, née sur les bases d’un référendum truqué et qui s’est empressée d’inclure un article dans sa constitution qui empêche sa remise en cause. Dernièrement, le prince Emmanuel-Philibert de Savoie a créé un think-tank et un parti politique afin de convaincre les italiens de la nécessité de restaurer la monarchie.
Copyright@Frederic de Natal