Pas une priorité d'abolir la monarchie au Grand-duché de Luxembourg
Pas une priorité d'abolir la monarchie au Grand-duché de Luxembourg
Les membres du gouvernement et députés luxembourgeois affichent leur satisfaction depuis la désignation du prince héritier Guillaume comme Lieutenant représentant du Grand-duc Henri de Nassau.
Le 8 octobre 2024, le Luxembourg a vécu un moment historique avec la désignation du prince héritier Guillaume, 42 ans, père de deux enfants, comme Lieutenant représentant du Grand-duc Henri de Nassau. Habituellement effectuée devant une simple délégation de députés, la monarchie a décidé de donner un ton plus national à cette cérémonie en se rendant au sein du Parlement réuni en plénière pour l’occasion.
Une cérémonie historique pour le Luxembourg
Saluant ce changement qui démontre que démocratie n’est pas antinomique avec la monarchie, Claude Wiseler, président de la Chambre, a décrit ce moment comme « un très grand honneur » et a souligné l’excellence des relations entre la Chambre et la Cour grand-ducale. « La maison grand-ducale respecte la Chambre, et inversement. Chacun a son rôle institutionnel », explique t-il à L'essentiel. Le Premier ministre, Luc Frieden, a également partagé l’émotion ressentie lors de cette cérémonie historique, évoquant la délégation de certains pouvoirs du Grand-duc à son fils aîné. « C'est la seule fois dans ma vie que je signe un arrêté préparant l’accession au trône du Grand-duc héritier. Nous écrivons un chapitre de l’histoire de notre pays », a-t-il déclaré au même quotidien. Le chef du gouvernement a aussi exprimé sa satisfaction quant aux relations avec la Cour et se prépare à travailler plus fréquemment avec le prince Guillaume dont la date d’accession au trône n’a pas encore été rendue publique.
Un événement salué par le monde politique
Dans l’ensemble de l’échiquier politique, cette prestation de serment a été bien accueillie. Sam Tanson, député du parti Déi Gréng (écologiste), a exprimé sa satisfaction quant à la tenue de cet événement devant toute la Chambre des députés, reconnaissant que cette cérémonie avait redessiné un respect mutuel entre l’institution grand-ducale et les élus. Gilles Baum, représentant du Parti Démocratique (DP), a également évoqué l’émotion de revivre un tel moment, rappelant que le Grand-duc Henri avait prêté le même serment il y a 26 ans, avant de succéder à son père, Jean de Luxembourg (1921-2019), figure tutélaire pour cette monarchie née de sa séparation avec les Pays-Bas (1839).
Abolir la monarchie n'est pas à l'ordre du jour
Une institution, « pilier de l'identité et de la stabilité luxembourgeoise depuis des générations» pour Sven Clement, député Pirate, sur son compte Linkedin. Si son parti est favorable à un débat constant sur la forme de l’État, la question de la remise en question de la monarchie n’est pas une priorité pour celui-ci. Même le parti Déi Lenk (Gauche), traditionnellement républicain, a pris part à cette assermentation. David Wagner, député de ce parti, a affirmé que malgré leur position en faveur de la République, il est important que le futur chef de l’État prête serment devant la Chambre des députés, quand même bien le véritable pouvoir réside entre les mains du gouvernement et du pouvoir législatif.
Si certains appellent à un débat sur la forme de l’État, la monarchie luxembourgeoise continue d’être perçue esssentielle au principe d'unité, rassemblant au-delà des clivages partisans. La dernière publication sur le coût de l’institution royale a montré que la famille grand-ducale s’était astreinte à appliquer des restrictions sur ses dépenses et n’avait pas utilisé tout le budget annuel alloué en 2023. Selon un récent sondage, 60 % des Luxembourgeois estiment que la famille grand-ducale les représente bien, 25% considèrant le chef d’État devrait être élu au suffrage universel. En 2022, une tentative d’abolition de la monarchie avait été présentée au Parlement, mais avait été massivement rejetée par les élus.