« Ce n'est pas l'Amérique que je connais - celle dans laquelle j'ai longtemps grandi, où je suis allé à l'école. Le président Trump doit être tenu pour responsable ». Tout avait bien commencé en 2016 lors de l’élection de Donald Trump comme 45ème président des Etats-Unis. Prince héréditaire de Monaco, Albert II avait envoyé une lettre de félicitations au nouvel élu en lui souhaitant « tout le succès possible ». Tout en marquant quelques inquiétudes. Au fur et à mesure que les années se sont écoulées, l’occupant du Rocher a déchanté et a publiquement manifesté son agacement vis-à-vis du leader du parti Républicain. Lors de l’invasion du Capitole par ses partisans, frustrés par sa défaite lors du dernier « round » électoral qui a vu la victoire de son adversaire, le démocrate Joe Biden, le prince de Monaco n’a pas mâché ses mots vis-à-vis de l’attitude de Donald Trump dans cette crise post-électorale inédite. Des propos chocs à découvrir.
« À l'occasion de l'annonce de votre élection en tant que 45e président des États-Unis, je voudrais vous adresser mes meilleurs vœux pour le succès de votre action au cours des quatre prochaines années ». Adressée à Donald Trump lors de son arrivée à la Maison Blanche, la lettre du prince Albert II s’était voulue chaleureuse mais également empreinte d’inquiétudes. Dans son courrier officiel, il avait également exprimé ses angoisses sur le peu d’engagement du Républicain dans sa lutte pour la préservation de l’environnement. « Je veux croire que vous montrerez votre détermination à préserver nos efforts pour mener en matière de protection de l'environnement en particulier les engagements de lutte contre le changement climatique, avec une attention particulière pour nos océans » avait rappelé le prince régnant. Dans un entretien au journal » Nice Matin », il y a deux jours, Albert II est revenu durement sur les récents événements qui ont secoué les Etats-Unis, le 6 janvier, et tenu le monde entier en haleine durant plusieurs heures.
Fils de Rainier III, Albert II est aussi le fils de l’actrice américaine Grace Kelly, égérie d’Alfred Hitchcock, le maître du suspens. Un conte de fée qui avait été largement médiatisé et avait abouti à leur mariage en 1956. Il a passé de nombreuses années aux Etats-Unis où sa fondation éponyme pour la préservation de l’environnement à de nombreuses activités. En 2018, il a effectué une visite d’état mais sans prendre la peine de rencontrer le président Donald Trump. Entre les deux hommes, une certaine animosité qui trouve son origine dans l’accord de Paris (qui fait de la lutte contre le réchauffement climatique, une priorité mondiale) contesté par Donald Trump. Un an auparavant, le prince Albert II avait lancé un avertissement au leader des Républicains et lui avait demandé « d'écouter un peu plus attentivement les scientifiques et (de lire) les conclusions scientifiques publiées depuis longtemps ». La décision des Etats-Unis de se retirer de l’accord de Paris avait été jugée « décourageante » par le prince Albert II. Lors d’un diner avec le couple Barack Obama ( président de 2009 à 2017 ), le frère de Caroline et Stéphanie de Monaco avait abordé la situation préoccupante qui prévalait politiquement aux Etats-Unis marquée par des profondes divisions raciales et la naissance du Black Lives Matter ( « la vie des noirs compte »). C'est donc de très près qu'il a suivi de près la campagne électorale émaillée d’incidents et d’invectives entre les deux camps. Lorsque le candidat Démocrate s’est engagé à faire réintégrer les Etats-Unis dans l’accord de Paris, Albert II s’est immédiatement félicité de cette décision. « L'élection montre un nouvel espoir pour l'avenir. Ils ont déjà pris un bon départ sur des questions importantes » avait alors déclaré Albert II.
« Il est dangereux de voir quelqu'un comme lui se présenter à l'élection, quelqu'un qui peut faire croire aux gens que tout cela est une conspiration » contre lui. Cette petite phrase confiée au magazine « People » n’était pas passé inaperçue outre-Atlantique. Avec l’invasion du Capitole par les partisans de Donald Trump qui crie à la fraude massive depuis que leur poulain a perdu l’élection présidentielle, Albert II a pointé du doigt la responsabilité du président sortant dans cette affaire. « Ce n'est pas l'Amérique que je connais - celle dans laquelle j'ai grandi, où je suis allé à l'école. Le président Trump doit être tenu pour responsable » a affirmé le prince dans un entretien à « Nice Matin » et « People » magazine. «J'étais dans notre maison de campagne, Roc Agel, et je me suis décidé à regarder les informations avant d'aller me coucher. Ce que j’ai vu était simplement incroyable. Je suis toujours sous le choc, mais en même temps, je ne suis pas totalement surpris car, malheureusement, c'était le chmein que prenait les Etats-Unis » poursuit le prince faisant allusion aux nombreux tweets de Donald Trump où il appelait ses électeurs à rejeter les résultats de l’élection. « C'était un choc de voir ce qui se passait à Washington, un sentiment d’incrédulité, puis ça s'est rapidement transformé en dégoût» explique le prince qui ajoute : « mais aussi de la colère sur la façon dont cela est arrivé et comment cela a été alimenté par le président Trump » regrette Albert II.
« Cela fait des mois que je sentais que quelque chose comme cela allait arriver. C'est un moment très sombre, non seulement pour les États-Unis mais dans l'histoire du monde contemporain: un président toujours en fonction qui a, directement et indirectement, déclenché une révolte comme celui-ci afin de se maintenir. Je suis d'accord avec ceux qui ont disent que le président Trump doit être tenu responsable de cela » réaffirme Albert II qui craint que le pouvoir de nuisance du président continue à empoisonner la politique américaine. En effet, des rumeurs affirment que le milliardaire va se représenter en 2024 avec un nouveau parti qui menace de faire écrouler celui des Républicains. Des élus qui l’ont progressivement lâché au cours de la nuit du 6 au 7 janvier, les réseaux sociaux lui ayant également coupé le sifflet (Twitter a banni définitivement Donald Trump de sa plateforme tout comme Snapchat. Facebook lui a interdit ses accès jusqu'au 20 janvier date d'investiture de Joe Biden). «Cette vaste adhésion à ces théories [conspirationistes-ndlr)], ce suivi aveugle des gens pour quelqu'un qui est clairement dérangé, c’est délirant. Comment en nous sommes arrivés à ce point et c’est bien qui me trouble encore » se demande le prince Albert II qui déplore et constate « un grand changement de mentalité et de valeurs » dans le monde.
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