Confrontée à une série de scandales, la monarchie norvégienne est condamnée à se réformer pour assurer sa survie. De plus en plus de sujets du roi Harald V réclament des mesures afin d'assurer la pérennité à une institution mise sous pression par les pro-républicains.
C’est une nouvelle année à venir qui s’annonce cruciale pour la monarchie norvégienne. Avec un roi Harald V, 87 ans, dont l’état de santé est de plus en plus préoccupant, la pression s’est accentuée sur la maison royale de Schleswig-Holstein-Glücksbourg qui occupe le trône de cette nation viking depuis plus d’un siècle.
Des réformes réclamées en profondeur par les Norvégiens
Bien qu’elle reste encore soutenue par les Norvégiens, diverses voix se sont élevées pour que la famille royale poursuive ses réformes de l’intérieur. Si les premiers changements ont été notables, aperçus sur le site officiel même de la Maison royale, la question de la modification des modalités de régence est désormais sur toutes les lèvres. Fidèle à ses principes, le roi Harald V refuse catégoriquement d’abdiquer à l’instar d’autres monarques européens et de passer la main à son fils aîné. Le prince héritier, Haakon Magnus, 51 ans, est contraint à devoir exercer des régences à répétition dès que le souverain est hospitalisé pour une raison ou une autre. C’est d’ailleurs ici que se trouve un autre point d’achoppement. La constitution norvégienne actuelle n'autorise qu'un seul régent à la fois et semble désormais inadaptée à la réalité contemporaine. C’est pourquoi plusieurs députés proposent de l’amender, ouvrant ainsi la voie à une éventuelle régence partagée entre le prince Haakon Magnus et sa fille, la princesse Ingrid Alexandra, qui vient de fêter ses 20 ans et aujourd’hui en âge légal de jouer un rôle plus actif au sein de la monarchie.
Réformes constitutionnelles et pressions politiques
L'idée d'inclure la princesse Ingrid Alexandra en tant que co-régente fait son chemin chez les Norévgiens qui adhèrent largment au concept. Plusieurs personnalités politiques estiment qu’une telle mesure permettrait non seulement d’alléger la pression sur le prince Haakon Magnus, mais également de préparer la jeune princesse à son futur rôle. « Cela donnerait à Ingrid Alexandra l’occasion d’acquérir plus d’expérience », explique le chroniqueur royal Trond Norén Isaksen. Il a également souligné que cette solution faciliterait les déplacements du prince héritier, qui pourrait ainsi représenter la Norvège plus librement à l’étranger. Le soutien à cette réforme transcende mêem les clivages partisans, avec des députés de six partis politiques favorables à cette évolution institutionnelle.
Il est probable que la prochaine étape mène également le roi Harald V à restreindre le cercle royal en raison des scandales qui ont ternis l’image de la famille royale. La princesse Martha Louise, sœur du prince héritier, a été critiquée pour l’utilisation commerciale de son mariage avec un chaman américain très controversé. Et s’il a refusé jusqu’ici de lu enlever son titre de princesse, il est à craindre que cela ne s’avère inéluctable pour garantir une certaine pérennité à la dynastie qui fait face à des critiques acerbes, encore plus depuis le déclenchement de l’affaire Marius Borg Høiby. Le fils de l’épouse du prince Haakon Magnus, la princesse héritière Mette-Marit, fait l’objet d’une enquête pour violence et consommation de drogue. Il ne devrait pas échapper à un procès qui pourrait ternir l’image du couple héritier, pointé du doigt par les médias pour avoir caché durant des années les dépendances et le train de vie dispendieux du jeune homme de 27 ans. alors qu'il n'est même pas offciiellement membre de la famille royale.
Un soutien en déclin, mais toujours solide
Selon les derniers sondages, environ 68 % des Norvégiens se déclarent en faveur du maintien de la monarchie, contre 72 % l'année précédente. Cette baisse, bien qu’inquiétante pour certains, ne remet pas fondamentalement en question l’attachement des Norvégiens à leur famille royale. Toutefois, les opposants à la monarchie, notamment le parti de gauche socialiste (SV), voient dans cette situation une opportunité pour avancer leurs revendications républicaines. Leur programme politique, déjà mis en ligne avec les prochaines élections législatives prévues en 2025, inclut la proposition d’un référendum sur l’abolition de la monarchie. « Tous ces scandales illustrent certains des défis que pose en principe une monarchie », a récemment déclaré Andreas Sjalg Unneland, député du SV. « Devons-nous attendre un scandale si énorme que nous abolirons la monarchie, ou devons-nous simplement y mettre un terme dignement ? » pose-t-il comme question. « Nous pensons que les valeurs démocratiques doivent se refléter à tous les niveaux de la société. C’est particulièrement important lorsqu’il s’agit de savoir qui sera notre chef d’État. », ajoute l’élu. Bien que leur soutien demeure minoritaire, les récentes controverses ont permis de redonner de la visibilité à leur cause, relançant le débat sur la pertinence de la royauté dans une Norvège moderne.
L’avenir de la monarchie norvégienne reste malgré tout incertain, tiraillé entre les réformes proposées pour l’adapter à la modernité et les scandales qui menacent de ternir son image. Tandis que le roi Harald V continue de lutter contre sa maladie, la possibilité d’un rôle accru pour la princesse Ingrid Alexandra semble se dessiner. Ce changement pourrait renforcer la monarchie en lui offrant une nouvelle légitimité et une continuité indispensable à sa survie.
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