La monarchie norvégienne, un trône désormais fragilisé
La monarchie norvégienne, un trône désormais fragilisé
Un récent sondage a révélé qu'une majorité de Norvégiens souhaiteraient que le roi Harald V retire à sa fille, la princesse Märtha Louise, son titre royal. Un chiffre qui s'inscrit dans un contexte de chute dramatique du soutien à la monarchie et qui a atteint ces derniers mois son plus bas niveau historique.
Le soutien global à la monarchie norvégienne a drastiquement diminué au cours des derniers mois, passant de 81 % en 2017 à seulement 62 % aujourd'hui, selon un récent sondage réalisé par Norstat pour le média NRK. Deux événements récents ont contribué à ternir l'image de la famille royale de Norvège : l’affaire judiciaire impliquant le fils de la princesse héritière, issu de son premier mariage, et la controverse autour du mariage de la princesse Märtha Louise avec le chaman afro-américain Durek Verrett.
Le roi Harald V a tranché sur le devenir de sa fille
En effet, le couple a suscité de vives réactions en vendant les droits exclusifs de leur mariage à Hello! Magazine et à Netflix. Cet accord commercial a choqué de nombreux Norvégiens, renforçant l'idée d'une exploitation mercantile de l'institution royale. Tor Bomann-Larsen, historien et auteur spécialisé dans la royauté, a qualifié cette baisse de "sensationnelle" et a souligné qu’elle reflète un malaise croissant au sein de la population. "La chute spectaculaire de l'été de cette année a été sensationnelle", a-t-il déclaré. Dans ce même sondage, 69 % des personnes interrogées ont exprimé leur souhait que la princesse perde son titre. Même parmi les partisans de la monarchie, 63 % sont en faveur d'un retrait du titre. Pourtant, comme le souligne Tor Bomann-Larsen, "en pratique, retirer le titre à la princesse n'aurait que peu ou pas de signification, tant que la volonté d'exploiter commercialement la royauté persiste". Il ajoute toutefois que cette mesure pourrait avoir une portée symbolique, marquant un alignement entre la perception de la maison royale et celle du peuple sur le rôle et la conduite de la monarchie. Le roi Harald V, 87 ans, d'un état de santé fragile, bien que très populaire avec une note de 9,3 sur 10 attribuée par ses compatriotes, semble peu enclin à retirer le titre de sa fille. "Le roi a déclaré qu'il considérait le mot princesse plus comme un nom que comme un titre", explique Bomann-Larsen, rappelant que "personne ne peut exiger qu’un père divorce de sa fille".
Une monarchie sous pression
Le débat sur l’avenir de la monarchie en Norvège a pris de l'ampleur. De plus en plus de citoyens remettent en question l’institution (en 2019, des députés ont vainement tenté de faire abolir la monarchie lors d'un vote parlementaire), certains appelant à une révision de la Constitution pour modifier la ligne de succession. Bien que la décision de retirer le titre à la princesse relève uniquement du roi, l'avenir de la monarchie pourrait dépendre d'un consensus familial. Pour l'heure, la maison royale n'a pas souhaité commenter ces résultats et s'est contentée de changer discrètement le site de la Maison royale, reléguant au second plan la fille du monarque. "Nous ne commentons généralement pas les sondages d'opinion", a déclaré Guri Varpe, responsable de la communication du Palais. Carina Scheele Carlsen, la manager de la princesse Märtha Louise, a également refusé de s’exprimer sur ce sujet sensible.
Bien que les Norvégiens continuent de soutenir massivement le roi Harald V, l'institution monarchique, instaurée en 1905 après sa séparation avec le royaume avec la Suède, semble plus fragile que jamais.