La Maison royale des Pays-Bas a annoncé une visite d’État historique du roi Willem-Alexander et de la reine Máxima au Kenya, en mars prochain. Un déplacement qui suscite une vaste polémique dans cette ancienne colonie britannique.
C’est à l’invitation du président kenyan William Ruto que le roi Willem-Alexander et de la reine Máxima des Pays-Bas se rendront dans cette partie de l’Afrique de l’Est. Une visite d’État historique, du 18 au 20 mars 2025, qui doit mettre en lumière des liens diplomatiques et économiques existant entre les deux nations. Cependant, elle suscite également des controverses en raison de critiques locales sur la situation des droits de l’homme au Kenya.
Un renforcement des relations bilatérales
Dans un communiqué publié le 7 janvier dernier, la Maison royale des Pays-Bas a rappelé que les deux pays collaborent étroitement au sein des Nations Unies et d’autres organisations internationales pour promouvoir des valeurs communes telles que la démocratie, l’état de droit, la paix et la sécurité. Une visite qui sera également l’opportunité de discuter des défis mondiaux actuels, notamment ceux liés au réchauffement climatique ou encore les problèmes de malnutrition sur le continent, l’agriculture durable ou encore les diificultés liés l'accès de l’eau pour tous.
« Cette visite réaffirme la relation solide et vise à explorer de nouveaux partenariats tout en renforçant ceux qui existent déjà », peut-on lire dans le communiqué.
Une opposition locale face à la visite royale
Pour autant, cette visite ne suscite pas l’engouement que la monarchie néerlandaise pourrait espérer. Plus de 300 emails ont été envoyés par des Kenyan en colère dès les premières heures de l’annonce de la venue des souverains bataves. Par ce déplacement, ils leur reprochent de soutenir implicitement la politique de répression mise en place par le Président William Ruto. Sur les réseaux sociaux, les hashtags tels que #CancelTheVisit et #HumanRightsFirst ont fait leur apparition, appelant la Maison royale à reconsidérer cette visite comme le confirme la chaîne publique néerlandaise NOS.
En juillet 2024, cette ancienne colonie britannique, qui a obtenu son indépendance il y a six décennies, a été secoué par des violentes émeutes qui ont menacé le pouvoir du Président Ruto. Son récent projet de loi de finances a provoqué de vives contestations dans un pays marqué par une politique tribaliste. Des dizaines d’opposants ont été enlevés, arrêtés, jetés en prison et certains mystérieusement assassinés. 60 personnes auraient perdu la vie durant les émeutes. « Il semble désormais que la famille royale semble approuver tout cela », regrette Nelson Amenya, économiste et éminent critique du gouvernement Ruto, qui s'est prononcé contre la visite sur son profil X et qui a reçu un large soutien de la part de ses 180 000 abonnés. Une pétition recueillant déjà près de 10 000 signatures a même été mise en ligne en guise de protestation officielle.
Ce n'est pas la première fois que les souverains néerlandais font face à des critiques sur le continent africain. Lors d'un sujour en Afrique du Sud en 2023, alors qu'ils visitaient le Slave Lodge du Cap, le musée consacré à l'histoire de l'esclavage, une foule en colère avait chahuté le roi Willem-Alexander et son épouse, exigeant qu'ils présentent des excuses pour la colonisation du pays par les Pays-Bas. Ils avaient subi un tsunami de violentes critiques sur les réseaux sociaux. Le président Cyril Ramaphosa avait du présener des excuses au couple royal.
Une opportunité de dialogue constructif entre les deux pays
En 2023, le dirigeant kenyan avait été reçu par le monarque à Amsterdam lors d'une visite similaire. A la suite de cette vague de critiques, le gouvernement néerlandais a réitéré son engagement à dénoncer publiquement les violations des droits de l’homme et à maintenir un dialogue actif avec les autorités kenyanes. Selon le Service d’information du gouvernement (RVD), ce déplacement des souverains représente une plateforme idéale pour aborder ces sujets sensibles.
La visite d’État du roi Willem-Alexander et de la reine Máxima des Pays-Bas au Kenya symbolise le dynamisme des relations néerlando-kenyanes et devrait offir une opportunité unique de renforcer leurs partenariats économiques et diplomatiques. Toutefois, elle met également ici en exergue les tensions liées à des problématiques internes au Kenya. Cette visite, attendue avec intérêt, sera sans doute un moment charnière pour réaffirmer les valeurs partagées et promouvoir un dialogue constructif entre les deux nations.
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