Chaque année, les Néerlandais se réunissent dans les rues de La Haye afin de fêter le Prinsjesdag. L’occasion d’apercevoir les membres de la famille royale d’Orange-Nassau et pour le roi Willem-Alexander de prononcer le discours du trône devant les États généraux. Malgré tout, la popularité de la monarchie batave ne cesse de baisser dans le cœur de ses sujets.
Célébré le troisième mardi du mois de septembre, le Prinsjesdag (« Jour des petits princes ») est avant tout une cérémonie protocolaire, une occasion d’apercevoir les membres de la maison royale d’Orange-Nassau dans leurs plus belles robes chamarrées, les ors de la monarchie. Mais pour le roi Willem Alexander, 56 ans, c’est aussi un jour important puisqu’il réunit les États généraux et délivre le discours au trône qui trace les grandes lignes de la politique gouvernementale pour l’année parlementaire à venir.
Le roi Willem-Alexander et l'unité malmenée de son royaume
C’est en 2013 que l’actuel monarque est monté sur le trône des Pays-Bas après l’abdication de sa mère, la reine Béatrix. C’est aussi à cette date que le roi Willem-Alexander a prononcé son premier discours officiel devant les élus du royaume et les membres du gouvernement. Il a rappelé les grands événements qui ont traversé toute cette décennie. Certains « ont été poignants et crus de tristesse, comme l’attaque du vol MH17 », la période du covid, le conflit en Ukraine et d’autres ont été empreintes d’émotion pour le souverain comme les excuses qu’il a fait au nom de son pays pour les crimes commis durant toute la période du commerce triangulaire qui a permis aux Pays-Bas de s’enrichir considérablement. Symbole d’unité, le roi Willem-Alexander a souhaité rappeler le sens de ce terme. « Les Pays-Bas apparaissent toujours comme un pays de gens entreprenants et riches en initiatives qui veulent faire du bien les uns aux autres, en paix avec leurs voisins, leur village, leur ville ou leur région. C’est la même connexion profonde que j’ai ressentie à nouveau lors de ma dernière visite dans la partie caribéenne du Royaume. Je suis fermement convaincu que le tissu social de notre société mérite d'être protégé. Il existe une grande force unificatrice dans tout ce que les gens accomplissent ensemble. La connexion se crée là où les gens se rassemblent. (….) Il existe encore des discriminations et des exclusions racistes dans la société. C’est aussi pourquoi le traitement de l’histoire de l’esclavage restera une priorité à l’ordre du jour dans tout le Royaume, notamment après cette année de commémoration » affirme le monarque.
Inclusivité et Union européenne au centre de ses préoccupations
Son gouvernement se doit de trouver des solutions pour lutter contre la paupérisation. « Pour éviter que les familles aux revenus les plus faibles puissent bénéficier d’un meilleur pouvoir d’achat en 2024, l’allocation logement va être augmentée. Pour lutter contre la pauvreté des enfants, le budget consacré à l'enfance sera augmenté. Le Fonds d’urgence pour l’énergie sera également prolongé, afin que les personnes qui ne peuvent plus payer leurs factures d’énergie puissent disposer d’un filet de sécurité. Des fonds supplémentaires seront mis à disposition des Pays-Bas caribéens pour lutter contre la pauvreté » a annoncé le roi Willem-Alexander. Profondément européen, le fils de la reine (désormais princesse) Béatrix a pointé du doigt les dangers qui pèsent sur la démocratie avec le conflit russo-ukrainien. « Une bataille fait rage à la frontière orientale de l’Europe pour les valeurs fondamentales de la démocratie et de l’État de droit. Cette bataille affecte également notre propre sécurité et notre avenir. De nombreux Néerlandais se sentent et se montrent impliqués aux côtés des Ukrainiens. Le soutien à l’Ukraine reste plus élevé que jamais. Et c’est important, car plus cette guerre se prolonge, plus l’Ukraine a besoin d’une aide humanitaire, militaire et financière urgente. Le gouvernement néerlandais, en étroite coopération avec ses alliés de l’UE et de l’OTAN, continue de faire tout son possible pour garantir que l’agression russe cesse et que les Ukrainiens puissent à nouveau vivre en paix et en liberté » a déclaré le roi. « Le maintien de la démocratie ne relève pas uniquement de la responsabilité du gouvernement. Cela exige quelque chose de nous tous. La démocratie représente bien plus que le vote – c'est une attitude. C’est la volonté d’écouter, de comprendre les autres points de vue et de peser soigneusement les intérêts » a ajouté le roi Willem-Alexander qui a demandé à son gouvernement de prendre des mesures afin de mettre fin aux activités criminelles d’organisations qui se permettent de menacer journalistes et ou personnalités en toute impunité. Réclamant à ses ministres de trouver un « nouveau développement urbain et la vitalité des campagnes » afin de répondre aux enjeux climatiques pour les générations futures et de trouver des solutions au mal-être d’une jeunesse victime des maux de ce siècle, il leur a également demandé de mettre en place « une économie pérenne et une gouvernance de haute qualité ».
Un discours très engagé, mais qui ne suffit plus à convaincre une partie des Néerlandais. Lors du passage du carrosse royal, la police est intervenue pour stopper une manifestation anti-monarchique et lors de l'apparition de la famille royale au balcon du palais, certains n’ont pas hésité à siffler ou huer le monarque. Un désamour qui se traduit de sondages en sondages. Comme chaque année, une enquête a été réalisée afin de connaître le taux de popularité de la monarchie. 55% des Néerlandais souhaitent seulement le maintien de l’institution royale contre 26% qui réclament une république. C’est chez les jeunes que la monarchie ne fait pas recette laissant entrevoir un conflit générationnel sur la question. Une crise de confiance sur laquelle le roi Willem-Alexander va devoir se pencher et trouver des solutions s’il souhaite que sa fille aînée, la princesse Catharina-Amalia ( 19 ans) lui succède un jour sur le trône.