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La Pologne, une quête pour le roi

Historiquement, la Pologne a connu divers régimes monarchiques et électifs, et certains pensent qu'un retour à la monarchie pourrait offrir une alternative à l'impasse politique actuelle dans le pays. Diverses dynasties et figures nobles sont évoquées pour ce possible renouveau, bien qu'un consensus soit loin d'être atteint.

Le retour de la monarchie est une question récurrente en Pologne. Des séries comme celle des « The Bridgerton » ou « The Crown », produites par les productions Netflix ont connu un large succès dans le pays du Pape Jean-Paul II. Elles ont même produit un débat sur l’éventuel retour de la « démocratie nobiliaire « comme possible alternative à la République livrée aux éternels combats entre Gauche socialiste et droite conservatrice.

La République des Deux-Nations @wikicommons

La Pologne, une République monarchique et aristocratique

Au fil des siècles, la Pologne a été le théâtre d'une gouvernance mouvementée, dirigée alternativement par des ducs, des princeps et des rois. Tel un morceau de gâteau convoité par les grandes puissances monarchiques voisines, le pays a été constamment l'enjeu de leurs ambitions territoriales. Avec l'avènement de la République des Deux-Nations (1569), le pays a adopté un système de monarchie élective unique en Europe, où le pouvoir était à la fois partagé entre une Diète contrôlée par la noblesse et une succession de monarques choisis par celle-ci. Cette union politique a réuni la Pologne et la Lituanie sous une même couronne, créant ainsi une entité politique unique dans la région qui a perduré jusqu’en 1795. Restaurée sous la forme d’un grand-duché par Napoléon Ier (1807-1815), elle a été à nouveau divisée entre la Russie tsariste et l’Autriche impérial. La Première Guerre mondiale a été pour la Pologne l’opportunité de regagner son indépendance et après une brève expérience monarchique (1916-1918) de décider finalement à opter pour la République.

L'unité passera t-elle par un retour du roi ?

Un retour des rois est-il possible en Pologne ? « Oui ! », assure le professeur Jacek Bartyzel lors d’une interview accordée au magazine « Rzeczpospolita ».  « La restauration de la monarchie signifierait donc un tout nouveau départ pour la Pologne. Encore faudrait-il savoir qui désigner comme premier monarque et quelle dynastie spécifiquement pour le trône » explique ce monarchiste réputé, proche du Congrès de la Nouvelle droite (NP), un mouvement très conservateur. C’est en effet tout le problème de la mouvance royaliste polonaise qui a le » choix du roi ». « La situation du monarchisme polonais est complètement différente des concepts similaires avancés dans les autres pays européens qui, à la suite de diverses révolutions, ont cessé d'être des monarchies, mais ont conservé une continuité dynastique. C'est le cas par exemple en France et au Portugal. Là vivent encore les héritiers légitimes du trône, prêts à prendre le pouvoir » poursuit-il.  Partisan d’une forme absolutiste de la monarchie, Jacek Bartyzel  tient également à rappeler qu’un roi « parlementaire reste un souverain impuissant, jouet des politiques et des banquiers ». Ce proche de la Légitimité française, ne cache pas son admiration pour Charles Maurras et regrette qu’il n’y ait pas en Pologne de militants similaires aux Requetés, les carlistes alliés au général Franco.

De Stanislas II à l'archiduc Charles-Etienne de Habsbourg-Teschen

A chacun son prétendant à la couronne 

Les noms ne manquent pas pour cette couronne en attente. Chaque association à ses préférences dynastiques. Maison de Saxe (qui a régné de 1697 à 1783 avec des interruptions ) , de Bourbon (qui a occupé le trône de 1696-1697 ), Romanov (1815-1918), Habsbourg-Teschen (1916-1918) ou même un nom sorti des grandes familles de magnats polonais comme les Poniatowski (1764-1795). Face à la multiplication des prétendants potentiels, certains historiens et les monarchistes suggèrent que l'une des solutions consisterait plutôt à puiser parmi les familles nobles et aristocratiques encore existantes du pays. Un nom semble même se dégager, un prince Czartoryski, direct descendant des Jagellon qui ont dirigé la Pologne de  1386 à 1572. Il y’aurait également le prince Jan Lubomirski-Lanckoroński, qui n’ a pas caché sa volonté de ceindre la couronne fort de l’histoire de sa maison . « Mon oncle, le prince Zdzisław Lubomirski, a eu l'opportunité de devenir roi. Il était membre du Conseil de régence et candidat au trône de Pologne dans la période 1916-1918. (...) Le 7 octobre 1918, , mon ancêtre a lui-même l'indépendance de la Pologne  avant d’y renoncer le 14 novembre quand Józef Piłsudski est revenu dans le pays et proclamé la République » expliquait-il à ONET en avril 2023.

Les monarchistes polonais

Une mouvance monarchiste très divisée

Il existe de nombreux mouvements et associations monarchistes en Pologne. Certains ont eu des destins éphémères, d’autres poursuivent leurs chemins en espérant percer lors d’élections locales. La plupart de ces royalistes militant au sein de la Confédération de la couronne polonaise dont le leader le plus en vue reste Grzegorz Braun, député à la Diète. L’homme a émergé en 2019 lors de l’élection municipale de Gdansk. Eurosceptique (il compare les institutions européennes à l’ancienne administration soviétique) et royaliste traditionaliste convaincu, cet écrivain réputé a créé la surprise. Membre de l'Organisation des monarchistes polonais (OMP), un parti qui a envoyé un de ses membres Robert Iwaszkiewicz sur les bancs du parlement de Strasbourg (2014-2019), pour laquelle il a organisé diverses conférences, sa liste a obtenu 12% des voix. Depuis cet ultra-catholique de ans, défenseur de la famille et pro-vie, hostile au milieu LGBT est devenu l’étoile montante du monarchisme polonais qu’il incarne dans sa forme la plus traditionaliste. Il a été récemment éléu député européen (2024). 

Bien que le retour de la monarchie en Pologne soit une idée séduisante pour certains (14% des Polonais souhaitent le retour de la monarchie), il reste une perspective complexe. La diversité des prétendants et des visions monarchistes, couplée à l'histoire tumultueuse du pays, pose de nombreux défis. Le débat soulève des questions profondes sur l'identité nationale et la gouvernance, sans toutefois offrir de solution claire face aux tensions politiques actuelles.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 28/06/2024

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