« La monarchie est « indépendante des puissants intérêts économiques et politiques». C’est un message très engagé et virulent que le duc Dom Duarte-Pio de Bragance a adressé à ses compatriotes pour le « Jour de la Restauration », l’équivalent de notre fête nationale. Le 1er décembre, le prétendant au trône du Portugal a largement critiqué toutes les reformes progressistes mises en place par les différents gouvernements. Tout en se faisant l’avocat d’un retour de la monarchie, il a averti les candidats à l’élection présidentielle d’une « fracture profonde et idéologique à venir au sein de la société » si l’état continuait de légiférer au détriment de toutes règles démocratiques.
«En janvier prochain, le pays connaîtra une nouvelle élection présidentielle. Une fois de plus, nous allons exposer le chef de l’état aux guerres partisanes et aux conséquences des conflits idéologiques, affaiblissant irrémédiablement son autorité et son pouvoir de représentation. C’est la résultante la plus évidente de ce type d’élection ». Dans un message enregistré, conséquence de la pandémie de coronavirus, le prétendant au trône du Portugal, Dom Duarte-Pio de Bragance s’est adressé à ses compatriotes, lors du jour de la Restauration. Equivalent de notre fête nationale, elle est célébrée tous les 1er décembre et rappelle aux portugais qu’en 1640, ils ont repris leur indépendance après des décennies d’occupation espagnole. C’est le fondateur de la maison de Bragance, dont les origines remontent aux Capétiens, qui a redoré le blason de son pays en lui rendant sa pleine souveraineté. Le ton du communiqué a surpris la presse, plus habitué à une modération de la part du prince royal qui n’a pas hésité à faire part de son irritation vis-à-vis des réformes constantes entreprises par les différents gouvernements de la république et qui remettent en cause les valeurs morales du Portugal.
Dom Duarte-Pio a fustigé de « véritables atteintes à la morale et aux principes généraux de l’humanité » comme la « dépénalisation de l’euthanasie décidée par le parlement au mépris de toutes règles démocratiques », « cette centaine de députés qui ont fait taire la voix de millions de personnes », comme le précise encore le prétendant au trône qui accuse des « intérêts nébuleux d'agir » afin de faire pression sur les partis politiques. Le prince a également vertement critiqué la gestion du covid-19 par le gouvernement, notamment le confinement imposé à tous. «L'Etat ne peut pas renvoyer chez lui tout un pays entier, sans lui garantir cette protection économique nécessaire aux entreprises portugaises afin de leur permettre de survivre, réclamant « le soutien le plus efficace possible » de la part de celui-ci aux professionnels de santé et aux prestataires de services d'alimentation et de sécurité. Dans ce domaine, Duarte Pio considère d’ailleurs que si, lors de la première crise de covid, des « mesures correctes et opportunes » ont été prises, il n'en est pas de même dans la deuxième phase de la pandémie, pointant toutes les contradictions du gouvernement qui n’a rien fait pour garantir la santé des personnes âgées, citant même l’ordre des médecins qui s’est plaint du manque de stratégie de son ministère de tutelle, et qui n’a pas anticipé la forte récession à laquelle le Portugal va être confrontée l’année prochaine.
« Il serait juridiquement logique et intelligent de retirer de la Constitution tous les articles non démocratiques qui empêchent le peuple de choisir ses institutions, le roi, à l'instar de ce qui s’est passé plusieurs pays européens et certains hors d'Europe ». Pour le duc de Bragance, la solution qui permettra le retour de l’unité du Portugal passe par le retour de la monarchie, abolie en 1910. Faisant valoir que le président de la République n’est pas « indépendant des puissants intérêts économiques et politiques », il a rappelé que la monarchie est l’institution qui a réussi le mieux mieux garantir les valeurs de « cohésion politique, de confiance et de transparence démocratique » comme la « souveraineté, le bien commun et l’identité nationale des peuples qu’elle défend » a affirmé Dom Duarte-Pio. Soutenu par différents mouvements monarchistes et bénéficiant d’une large aura au Portugal, une pétition réclamant qu’il bénéficie d’un statut officiel a été rejetée en 2019 par la commission parlementaire en charge de son étude. Selon divers sondages d’opinion, 30 % des portugais souhaiteraient la restauration de la monarchie.
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