Après de nombreuses semaines de négociations, le Parti Monarchique Populaire (PMP) a déclaré avoir conclu un accord avec les centristes et les sociaux-démocrates. Rassemblés sous le nom de l'Alliance Démocratique, les partisans d'un rétablissement de la monarchie au Portugal envisagent un éventuel retour au sein du gouvernement si cette coalition remporte la victoire. Un choix de nom qui n'est d’ailleurs pas anodin.
Initialement prévues pour octobre 2026, les élections législatives au Portugal ont été avancées au mois de mars prochain. Face à la montée de l'extrême droite incarnée par le parti Chega, désormais la troisième force politique du pays, les électeurs portugais pourraient être tentés de sévèrement sanctionner la politique du Parti social-démocrate (PSD), au pouvoir depuis une décennie et actuellement embourbé dans un retentissant scandale de corruption. Afin de contrer la poussée populiste, une coalition a été formée entre le Parti du Centre démocratique et social (CDS-PP), le Parti social-démocrate (PSD) et le Parti Monarchique Populaire (PMP). Cette nouvelle formation, baptisée l'Alliance Démocratique (AD), a été largement médiatisée et n'est pas étrangère aux Portugais. En effet, ces mêmes partis politiques avaient déjà dirigé avec succès le pays sous cette étiquette de 1980 à 1983.
D'âpres négociations pour un éventuel retour au gouvernement
Pourtant, rien n’a été joué d’avance. Le PPM a traversé une phase de nombreuses hésitations, allant même jusqu'à menacer d'intenter une action en justice, arguant que les centristes et les sociaux-démocrates s'appropriaient indument le nom d'un parti historique qui ne leur appartenait pas. Avant finalement de se raviser. Une rencontre entre le Président de la République, Marcelo Nuno Duarte Rebelo de Sousa, et les principaux dirigeants du PPM a été nécessaire pour que le mouvement monarchiste accepte de se réengager dans cette alliance et d'entamer des négociations permettant aux partisans de Dom Duarte de Bragance, prétendant au trône, de figurer en bonne position sur les listes électorales.
Un parti monarchiste historique qui reste encore influent
Le Parti Monarchique Populaire a vu le jour peu après la Révolution des Œillets, qui a mis fin au régime autoritaire de l’Estado Novo en 1974. Plusieurs factions monarchistes ont décidé de s'unir pour persuader les Portugais de la nécessité de restaurer la monarchie, abolie en 1910 (brièvement rétablie en 1919). En formant une alliance avec les centristes et les sociaux-démocrates, ils ont timidement réintégré le Parlement (avec 6 élus entre 1979 et 1983), obtenant même des postes ministériels. La dissolution de cette première Alliance Démocratique a marqué le début du déclin progressif d'un mouvement qui n'a plus réussi à obtenir une présence parlementaire nationale significative depuis (à l'exception de 2 élus en 2005). À la suite de tensions avec Dom Duarte de Bragance, qui a finalement rompu avec le parti (Le PPM a alors choisi de soutenir les droits au trône de la branche rivale des Loulé), le PPM a renoué avec le succès sous la direction efficace de Paulo Estevao (2010-2017), actuel député monarchiste des Açores et membre du gouvernement autonome de cette île lusophone. Le PPM, doté d'une branche jeunesse très active, a réussi à multiplier ses représentants dans les conseils municipaux, dirigeant même certaines municipalités, ce qui en a fait une force politique mineure mais notable (ils ont finalement reconnu la légitimité de Dom Duarte de Bragance). Bien que situé à gauche de l'échiquier politique, le PPM, dirigé aujourd'hui par Gonçalo da Câmara Pereira (actuel élu à l'Assemblée municipale de Lisbonne depuis 2021), a pris un virage à droite en 2019, n'hésitant pas à s'allier à Chega. Un choix qui a considérablement divisé la mouvance monarchiste.
Dans le cadre de l'accord récemment signé, il est stipulé que cette coalition entre les trois partis sera maintenue lors des élections européennes du 9 juin, dans le but de " favoriser au Portugal le changement politique nécessaire et d'établir un gouvernement ambitieux, réformiste, stable, modéré et majoritaire". Interrogé par l’Expresso, le chef du parti monarchiste a justifié sa volte-face en mettant en avant la capacité des deux autres partis à appréhender " l'importance des enjeux politiques actuels " et nourrit l'espoir que cette alliance permettra au PPM de retrouver une place au Parlement. Actuellement, environ 20% des Portugais souhaitent le retour de la monarchie.
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