Le mécontentement général et le vent monarchique qui traversent doucement l’Europe vont-ils bénéficier aux monarchistes tchèques ? Appelés à voter le 7 et 8 octobre afin de renouveler leur parlement, le mouvement de la Couronne tchèque a décidé de présenter une liste. Un pari risqué puisque les partisans des Habsbourg-Lorraine n’ont pas réussi à nouer des alliances stratégiques et pourraient perdre le peu de représentations qu’ils ont à la chambre basse. D’après un récent sondage, publié il y a quelques jours par l’institut Median et bien que cela soit en nette progression, seulement 20% des tchèques se disent favorables à la restauration de la monarchie.
Le mouvement de la Couronne tchèque a pris un pari risqué. Faute d’avoir pu nouer des alliances tactiques avec des partis nationaux, c’est en toute indépendance qu’il a décidé de se présenter aux prochaines élections générales. Demain, les tchèques sont appelés à renouveler leur parlement et dans un pays sous tensions. Premier ministre, le milliardaire Andrej Babiš est contesté pour sa désastreuse gestion du covid-19 et un conflit diplomatique a éclaté avec la Russie qui a déclaré que le « pays était désormais considéré comme hostile à Moscou ». Avec 300 candidats, soutenus par le Parti conservateur, le mouvement Moravie 1918 et l’association pour un gouvernement local, les monarchistes espèrent pouvoir enfin pénétrer en nombre dans la Chambre basse après avoir obtenu en 2017 un élu au Sénat. Jusqu’à présent, il avait collaboré avec le parti TOP09 du prince Karel von Schwarzenberg, qui a dirigé le mouvement de 2009 à 2015 et qui est un intime de l’archiduc Karl de Habsbourg-Lorraine, mais le peu d’empressement de celui-ci à soutenir les initiatives des monarchistes au parlement ont provoqué la rupture entre ces deux courants politiques comme l'expliquait récemment dans un article l’agence nationale de presse tchèque Česká tisková kancelář, (CTK) . Outre quelques manifestations dans la rue aux côtés des opposants au gouvernement, la Couronne tchèque a tenté de faire élire à la tête de l’Europe, l’archiduc Karl de Habsbourg-Lorraine. Une idée qui n’a reçu aucun écho à Bruxelles en dépit du paneuropéisme prononcé du prétendant au trône.
Selon les monarchistes, le gouvernement actuel a transformé l'administration de l'État en « une farce indigne » et il est temps de remettre en place la seule institution légitime qui a été renversée en 1918. « Le monarque est un élément fédérateur et un symbole de l'unité de l'État » a déclaré Radim Špaček (ancien député de 1993 à 1996) dans une interview à CTK. Le président de la Couronne tchèque est assez confiant puisqu’un sondage paru ces derniers jours dans la presse affirme que 20 % des tchèques souhaiteraient le retour de la monarchie (soit 10 points de plus que le précédent sondage. A noter que seuls 13% pensent que c’est réalisable). Avec un large avis favorable chez les 18-34 ans (soit 15%). « La transition de la République tchèque vers la monarchie devra se faire approuver par un référendum, suivie d'une période de régence avant que la couronne ne soit remise au prétendant en titre. Si celui-ci accepte de la prendre » explique Radim Špaček . A défaut, ils iront chercher un autre prince sans pour autant citer de noms.
Jusqu’ici jugée anachronique avec toutes les caricatures attenantes à cette perspective, le retour de la monarchie a tout de même suscité un débat qui divise les tchèques. La monarchie n’a pas laissé de très bons souvenirs à ceux-ci, oubliés d’un régime bicéphale qui ne leur a pas laissé beaucoup de place. Le quotidien Blesk a publié un long éditorial sur le sujet qui peut se résumer en une phrase : « Et pourquoi pas ? ». Le 21 septembre dernier, une manifestation appelant au retour de la monarchie a fait salle comble. Chacun a pu y aller de son laïus sur l’état des institutions tchèques nées de la révolution de velours. Créé en 1991, le mouvement est pro-européen (exigeant toutefois une réforme de Bruxelles) mais défend aussi l’idée d’une confédération du Danube qui réunirait tous les pays de l’ancienne Autriche- Hongrie. Jusqu’ici, pro-famille et chrétien, le mouvement monarchiste a eu du mal à percer aux élections législatives mais rencontre plus de succès localement où il a des élus.
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