C’est très discrètement, sans que cela fasse l’objet d’un communiqué officiel, que la troisième fille du roi Michel Ier a récupéré son titre de princesse et son prédicat d’Altesse royale. En 2013, Irina de Roumanie avait été reconnue coupable d’avoir organisé avec son mari des combats illégaux de coqs au Texas. Un scandale qui avait frappé de la famille royale de Roumanie de plein cœur. Pour beaucoup de monarchistes roumains, ce retour en grâce de la princesse Irina pourrait aussi signifier celui de Nicholas Medforth-Mills, le paria de la maison royale.
La nouvelle a été discrète, peu distillée dans la presse. Aucun communiqué officiel n’est venu confirmer cette information que l’on a peu commenté sur les réseaux sociaux, pourtant très prompts à réagir d’habitude sur ce genre d’événement. Quelques articles de presse ont tout au plus évoqué le retour en grâce de la troisième fille du roi Michel Ier. Née le 28 février 1953, Irina de Roumanie n’a pas connu son pays d’origine. Six ans plus tôt, son père, le roi Michel a été renversé par les communistes. Les chemins de l’exil l’ont conduit vers la Suisse où il s’installe avec sa famille. C’est ici qu’Irina va passer une large partie de sa vie où elle étudie avant de poursuivre sa scolarité au Royaume-Uni. Elle se spécialise dans le secrétariat mais s’y ennuie. Sa seule joie ? Se retrouver dans la nature entourée d’animaux, en particulier les chevaux, dans une ferme. On disait, que jeune, elle avait le don de calmer et de murmurer aux oreilles des équidés.
En 1973, elle part au Canada à l’invitation de Lord et Lady Gordon. C’est dans la province d’Alberta qu’elle va apprendre à gérer une ferme. Son rêve se réalise. Irina est loin d’être une princesse conventionnelle, elle n’en a cure. Elle se veut indépendante. En Virginie, aux Etats-Unis, elle se perfectionne, organise des courses de chevaux, apprend l’art de conduire une calèche. Avant d’être brutalement rappelée à ses devoirs. Elle va revenir en Suisse et intègre la prestigieuse maison d’enchère Christie’s durant plusieurs années.
En 1984, elle épouse John Kreuger après un an de relation. Michel Ier a consenti à ce mariage mais à la condition qu’elle renonce pour elle et ses enfants à la succession au trône de Roumanie. Elle reste toutefois princesse. Le couple s’installe en Oregon, s’éloigne de tout. Irina fuit les médias qui finissent par se désintéresser de sa vie si peu Gotha à leurs yeux. De ce mariage va naître deux enfants, Michael (1984) et Angelica (1986) avant un divorce prononcé en 2003. En août 2013, les médias annoncent son arrestation avec son nouvel époux John Walker, épousé 6 ans plutôt. La fille du roi Michel Ier, revenu triomphalement dans son pays en 1992 et qui a récupéré sa citoyenneté, doit faire face à un scandale. Sa fille et son gendre sont accusés d’organiser des combats de coq. Un sport illégal dans cette partie des Etats-Unis. Elle nie d’abord avant de reconnaître devant le tribunal qu’elle était responsable de l'approvisionnement en boissons et en nourriture des participants. Ils seront condamnés à des années de prison avec sursis et une importante amende. Le procès sera suivi en Roumanie avec inquiétudes alors que l’on parle de restauration de la monarchie. Elle sera privée de ses titres en octobre 2014 sur décision du roi Michel.
Irina de Roumanie est venue à diverses reprises dans ce pays qu’elle a découvert. Lorsque chute le régime dictatorial de Nicolae Ceaucescu en 1989, elle vient au secours des roumains qui restent facsinés par cette maison royale. dont ils savent peu de choses et qui représente un espoir de stabilité. Lors de sa première interview, elle déclare que « pour mon père, la Roumanie a toujours été sa maison. Mais il a dû attendre, et il n'a jamais perdu de vue l'espoir, le rêve qu'il y aurait un jour la disparition de ce type de pouvoir maléfique ». Ses visites seront par la suite plus rares mais toujours commentées. En 2016, elle assiste aux funérailles nationales de son père marquée par un autre scandale qui a fait les choux gras de la presse locale et internationale. Son neveu, Nicholas Medforth-Mills, ancien prince héritier déshérité en 2015 par décision du roi, a tenté de voir son grand-père pour lui dire au revoir. Il en a été empêché, la scène a été violente. La succession au trône est depuis lors exclusivement féminine.
Si nul ne sait quand elle a récupéré son titre, divers changements ont pu être cependant constatés ces dernières semaines dans le traitement que le site officiel de la maison royale faisait d’elle. Progressivement la princesse Irina a récupéré virtuellement ses titres avant que cela ne soit complètement officieux puis officiel. Elle est monarchiste et a toujours considéré son père comme le légitime souverain de Roumanie. «Il n'avait que vingt-quatre ans et ils lui ont donné quatre heures pour décider. Les communistes avaient des chars et des hommes armés dans la cour du palais. Il a dû signer un document sur lequel était écrit «De mon plein gré, j'abdique». Ce qui est faux. Il ne l’a uniquement fait pour éviter l'effusion de sang. Mon père a dit qu'il restait disponible pour les gens, s'ils le voulaient » aime à rappeler Irina de Roumanie qui défend la mémoire paternelle « Quoi que l'avenir nous réserve, nous devrons simplement attendre et voir. Nous devrons tous garder espoir et prendre les choses avec patience chaque jour que dieu fait» surenchérit-elle. Reste encore la réponse à cette question qui brûle les lèvres des roumains. Ce surprenant retour en grâce d’Irina de Roumanie va-t-il permettre aussi à Nicholas Medforth-Mills d’être réintégré dans la succession au trône et mettre fin à un dilemme qui consterne les monarchistes ? Avec la naissance future de son enfant, notamment si celui-ci est de sexe masculin, tous les espoirs sont une nouvelle fois permis pour les monarchistes roumains.
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