Alex Salmond, entre monarchie et république !

« En cas d'indépendance, l'Ecosse doit-elle conserver la reine Elizabeth II comme chef d'état ? ». Pour son congrès inaugural prévu en septembre prochain, le nouveau mouvement politique fondé par l'ancien premier ministre Alex Salmond devra répondre à cette délicate question qui divise toujours les écossais. Alors qu'il était au pouvoir entre 2007 et 2014, Alex Salmond avait pourtant pris la défense de la souveraine en s'appuyant sur le livre blanc du Scottish national Party (SNP) qui précise que « la monarchie sera maintenue au sein d'une Écosse indépendante, le monarque conservant un titre honorifique de chef de l'État ». Un retournement de veste étonnant. 

Fondé en février 2012 par l'ancien Premier ministre Alex Salmond, qui a claqué la porte du Scottish national Party (SNP) avec fracas après avoir été accusé d'agressions sexuelles (dont il a été acquitté depuis), l'Alba Party va devoir se pencher sur une question qui divise d'ores et déjà ses militants. En cas d’indépendance de l’Ecosse, une « nécessité immédiate », faut-il conserver la reine Elizabeth II comme chef d’état ou élire un président de la République au suffrage universel  ?  Un débat qui fait rage dans cette partie du Royaume-Uni. Jusqu'à présent indéfectible soutien de la souveraine, Alex Salmond a changé subitement son fusil d'épaule. En mai dernier, il a publiquement demandé que les Windsor restent « à l’écart des discussions sur l’indépendance et d'arrêter d’influencer les autres partis ». Une déclaration faite après que le duc William de Cambridge et son épouse aient rencontré Gordon Brown, lui-même ancien Premier ministre (2007-2010) et unioniste convaincu. « Il serait sage pour les membres de la famille royale de suivre l'exemple de la reine qui a toujours su, tout au long de son règne, maintenir la monarchie au-dessus de la politique, et il serait insensé d'avoir une situation où la royauté se retrouve  volontairement impliquée dans le débat constitutionnel écossais » a expliqué à la presse Alex Salmond.

Dans une des motions du congrès inaugural prévu le 11 septembre prochain, les militants seront invités à soutenir l'idée que : « le peuple sera souverain conformément à la tradition constitutionnelle écossaise et qu'en tant que tel, une fois le règne de la reine terminé , l'Écosse devra se doter d'un chef d'État élu avec des pouvoirs similaires à celui de l'Uachtarán na hÉireann », le nom gaélique du président d'Irlande. L'Alba Party se base sur un récent sondage réalisé en mars de cette année par Sky News qui affirme que 56% des partisans de l'indépendance sont en faveur d'une république, 30% soutenant la monarchie et 15% affirmant ne pas pouvoir répondre. Pour l’ancien Premier ministre, « c’est aux écossais de décider ce qu’ils souhaitent comme mode de gouvernement ». On est désormais loin de ses premières déclarations où il affirmait en 2014, à qui voulait l’entendre, que « la Reine serait fière d’être la souveraine d’une Ecosse libre ».

Pour le libéral démocrate écossais, Willie Rennie, « Alex Salmond dirait à peu près n'importe quoi afin de persuader ses électeurs qu'il est pertinent. Mais plus il parle, plus il devient hors de propos » s’agace ce député qui accuse l’ancien cadre du SNP de « vivre dans un monde imaginaire ». Même son de cloche chez le conservateur écossais Murdo Fraser qui rappelle que les derniers résultats de son parti sont risibles et sans importance pour l'avenir de l'Ecosse. Lors des dernières élections législatives, le parti n'a obtenu que deux élus… sous les couleurs du SNP. Pas de quoi menacer « la Reine » et l'institution monarchique récemment prise à partie par le parti indépendantiste de la première ministre Nicolas Sturgeaon, l'accusant d’avoir outrepassé ses droits constitutionnels en ayant mis son veto à une loi environnementale touchant les domaines royaux.

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