Charles III face au passé controversé de sa monarchie
Charles III face au passé controversé de sa monarchie
Au sein du Parti Travailliste britannique, une faction républicaine prend de l'ampleur. Ses membres pressent officiellement Keir Starmer, le favori pour le poste de Premier ministre aux prochaines élections législatives, d'assurer le paiement d'une indemnisation aux afros-descendants par la monarchie britannique. Cette demande fait suite à des révélations sur le rôle de l'institution royale dans le commerce triangulaire, ravivant ainsi le débat sur les responsabilités historiques et les réparations financières.
Au début du mois d'octobre 2023, les membres républicains du Parti Travailliste ont convergé vers Liverpool pour leur congrès annuel. En marge de cet événement politique, une conférence a été organisée pour examiner le rôle historique de la monarchie britannique dans la traite négrière. Parmi les invités de cette conférence, le professeur Hakim Adi, éminent historien spécialisé dans l'Afrique et la diaspora africaine, ainsi que la députée féministe afro-britannique Bell Ribeiro-Addy.
Une découverte qui confirme les liens de la monarchie avec l'esclavage
Au cœur des discussions, une découverte qui a remis sur le devant de la scène un sombre chapitre de l'histoire britannique. Alors qu'un chercheur numérisait les archives de la South Sea Company, une société britannique du XVIIIe siècle impliquée dans le commerce d'esclaves en direction de l'Amérique du Sud, une illustration saisissante a émergé des archives de la British Library. Elle montrait des esclaves marqués au fer, portant les insignes royaux, établissant ainsi un lien indiscutable entre la monarchie britannique et cette entreprise impliquée dans le commerce triangulaire. Cette découverte, publiée dans le Washington Post, a été rendue possible grâce au travail acharné de Nicholas Radburn qui a mis en lumière de telles connexions. Cette preuve visuelle a ravivé le débat sur les implications historiques de la famille royale dans le commerce des esclaves, suscitant ainsi des questions cruciales sur les responsabilités et les réparations financières qui pourraient en découler.
Les républicains du Labour exige une compensation financière par le roi Charles III
Selon Tricia Duncan, vice-présidente du lobby républicain chez les Travaillistes, « les liens entre la monarchie et la traite négrière sont profonds et indéniables. Ils sont la source d’une grande partie de l’immense richesse actuelle du monarque et devraient également être la source d’une profonde honte ». « Il est désolant pour beaucoup de gens de constater que ce chapitre de notre histoire a été mis sous le tapis et nous devons saluons le travail que Bell et Hakim ont accompli pour sensibiliser le public à cette question importante » ajouet t-elle. Citant en exemple le roi Willem Alexander qui a présenté ses excuses pour l’implication de la famille royale des Pays-Bas dans l’esclavage, pour ces partisans de l’abolition de la monarchie (ils sont 27% favorables à cette idée au sein du Labour), il serait juste que le roi verse une compensation financière aux afro-descendants, victimes de la traite mise en place par le Royaume-Uni, d'après Tricia Duncan. Un point de vue rejoint par le mouvement « Notre République » (Our Republic). « Tout comme les peuples colonisés de l'ancien Empire britannique ont supporté l'essentiel du coût du style de vie somptueux de la monarchie, la royauté devrait également supporter le coût des réparations pour rendre justice aux descendants de ces peuples colonisés » affirme son porte-parole au Telegraph. Une position également partagée par Ben Clinton. « Cette illustration du marquage au fer chaud des esclaves avec l'insigne royal, découvertes par des chercheurs de la British Library et sont un exemple frappant et terrible du rôle central de la monarchie dans la traite négrière et nous rappellent qu'aucune réparation pour ces actes horribles n'a encore été accordée. C’est pourquoi nous appelons les Travaillistes au sein du gouvernement à prendre les devants et à veiller à ce que le monarque non seulement reconnaisse correctement l’héritage de sa famille, mais qu’il accorde des réparations, non pas à partir des deniers publics, mais de sa propre poche » déclare ce coordinateur de campagne du parti Travailliste. Le lobby Républicain a donc demandé au leader Travailliste, Keir Starmer, favori pour le poste de Premier ministre aux prochaine élections législatives de garantir à ses électeurs que le paiement d’une indemnisation aux descendants d’esclaves sera bien effectué par la monarchie Britannique.
Le roi Charles III ne présentera aucune excuse officielle mais se dit prêt à collaborer pour une étude historique
Bien que le roi Charles III refuse de présenter des excuses officielles à ce jour, il a exprimé son soutien à des recherches approfondies sur les liens entre la traite négrière et la monarchie britannique, et a avoué que cette question lui apportait une grande « tristesse personnelle » Cette recherche explorera, entre autres sujets, les liens entre la monarchie britannique et la traite transatlantique des esclaves à la fin du XVIIe et au XVIIIe siècle. Les chercheurs auront un accès complet à la Collection royale et aux Archives royales, ce qui permettra d'approfondir la compréhension de ces pages complexes de l'histoire britannique. Cette annonce de Buckingham Palace met en lumière l'engagement de la famille royale britannique à faire face à son passé et à contribuer à une compréhension plus approfondie de l'implication de la monarchie dans la traite négrière.
Le 26 juillet 1833, la décision historique de la Chambre des Communes d'abolir progressivement l'esclavage dans toutes les colonies britanniques a marqué un tournant crucial dans l'histoire du Royaume-Uni et du Commonwealth. Cependant, ce progrès significatif reste entaché par l'absence d'excuses officielles de la part des Windsor pour le soutien des monarques britanniques au commerce triangulaire. En 2020, le Royaume-Uni a été d'aillleurs secoué par un vaste mouvement décolonialiste qui s'est attaqué à tous les symboles existants de l'esclavage dans le pays. Un chapitre de l'histoire qui continue de hanter les mémoires de nombreux pays du Commonwealth, rappelant l'importance cruciale d'une reconnaissance sincère du passé et de mesures de transparence et d’impartialité à prendre rapidement afin d’apaiser les tensions encore existantes au sein de la monarchie.