« Je sais que beaucoup d’hommes et de femmes se sont battus pour que nous puissions être entendus. Et cette opportunité, ce droit fondamental, est notre capacité à exercer notre droit de vote et à faire entendre toutes nos voix ». Interviewée par l’édition américaine du magazine « Marie-Claire », Meghan Markle a déclaré qu’elle avait l’intention de participer au débat électoral américain et de voter. Bien qu’ils soient sortis avec pertes et fracas de la famille royale d’Angleterre, afin de retrouver leur liberté de parole, le duc et la duchesse de Sussex ont décidé de briser le sacro-saint devoir de réserve imposé jusqu’ici à tous les Windsor. Non sans conséquences pour la monarchie britannique.
Son mariage avec le prince Harry de Galles avait fait rêver des millions de personnes à travers la planète, en mai 2018. Mais le conte de fée a rapidement tourné au cauchemar. Deux ans plus tard, à peine les parents d’un petit Archie Mountbatten-Windsor, le prince Harry et Meghan Markle décident subitement de prendre leurs distances de la famille royale et de s’assumer financièrement. Un «Mexgit» qui continue toujours de faire couler de l’encre. Mais si les tabloïds britanniques se sont lassés des inconvenances et manquements au protocole de cette ancienne starlette américaine, les Sussex fascinent encore leurs alter-égo français et américains qui multiplient les titres sur le couple. Avec leur dernier achat, une propriété à Santa Barbara, le duc et la duchesse de Sussex semblent s’ancrer définitivement aux Etats-Unis, laissant derrière eux le smog britannique.
« Je sais ce que c’est d’avoir une voix et je connais aussi le sentiment d’en être privée. Je sais que beaucoup d’hommes et de femmes se sont battus pour que nous puissions être entendus. Et cette opportunité, ce droit fondamental, est notre capacité à exercer notre droit de vote et à faire entendre toutes nos voix. ». Lors d’un entretien accordé à l’édition américaine du magazine « Marie-Claire », la duchesse de Sussex a expliqué qu’elle entendait s’impliquer dans le débat électoral en cours aux Etats-Unis. C’est en novembre prochain que les américains vont devoir départager, au cours d’un processus complexe, divers postulants au strapontin présidentiel dont le Démocrate Joe Biden et le président Républicain Donald Trump. « Ne pensez pas que votre vote ne compte pas tant que cela. La pluie qui rafraîchit un sol desséché est faite de simples gouttes» a poursuivi Meghan Markle, citant Kate Sheppard, une icône du mouvement néo-Zélandais des suffragettes. « C’est pourquoi je vote » a renchéri celle qui est encore appelée à tort par les anglo-saxons « Princess Meghan » [en anglais dans le texte-ndlr] par ses interlocuteurs.
Ce n’est pas la première fois que les Sussex prennent position. A la naissance du mouvement Black Lives Matter (« La vie des noirs compte »), Harry et Meghan Markle n’ont pas hésité à apporter leur soutien aux militants de la cause anti-raciste. Un sujet auquel est sensible la duchesse de Sussex, elle-même descendante d’esclaves et peu épargnée par les journaux anglais, en raison de la couleur métissée de sa peau. « Comme nous l'avons vu au cours de la semaine dernière, ce qui se passe dans notre pays, dans notre Etat et dans notre ville natale de Los Angeles est absolument dévastateur. Je ne savais pas trop ce que je pouvais dire. Je voulais trouver les mots justes et j'étais très nerveuse à l'idée de ne pas le faire ou que ce soit transformé. J'ai réalisé que le pire était de se taire. La première chose que je veux vous dire, c’est que je suis désolée. Je suis vraiment désolée que vous deviez grandir dans un monde où cela est toujours présent. Les gens se sont réunis et nous voyons la même chose en ce moment. Nous voyons des gens se montrer solidaires, nous voyons des communautés se rassembler. Et vous allez faire partie de ce mouvement» avait déclaré le duchesse de Sussex dans une vidéo enregistrée et rendue publique en juin dernier.
L’ancien mannequin entend être un « modèle, faire partie de la solution du problème » pour le mouvement, «capable de donner de la voix pour tacler le racisme» selon la journaliste Katie Nicholl, experte parmi tant d'autres de la maison royale d’Angleterre. Le couple a même assisté à des débats organisés sur les violences policières et raciales afin de « s’éduquer sur ces problèmes et sur l’émancipation du mouvement Black Lives Matter». Meghan Markle ne cache pas son opposition à Donald Trump. Non sans irriter le principal concerné qui n’a pas manqué de rappeler aux Sussex que« les Etats-Unis ne paieraient pas pour leur protection ». « Féministe, démocrate, militante pour l'égalité des sexes, pro-avortement, écologiste ou engagée en faveur de la cause animale» comme le rappelle le magazine « Le Point » en mars 2020, Meghan Markle avait appelé à voter Hillary Clinton lors de la dernière élection présidentielle. « Vous ne voulez vraiment pas du genre de monde dépeint par Trump » avait affirmé la duchesse de Sussex qui l’avait qualifié publiquement de « misoyine ». Un sentiment partagé par le prince Harry, proche de l’ancien président Barack Obama. Piégé au téléphone par une fausse Greta Thunberg, du nom de la jeune pasionaria environnementaliste, le frère du prince William n’avait pas hésité à déclarer que le président américain «avait du sang sur les mains ». Entre les Sussex (qui tentent de faire de leur nom une véritable marque commerciale) et le président américain, une animosité partagée et Meghan Markle qui entend bien se jeter dans la bataille pour empêcher la réélection du leader Républicain.
Bien qu’elle n’ait pas clairement appelé au vote en faveur de Joe Biden, le candidat du Parti Démocrate, la décision de l'ancienne starlette de la série « Suits » de s'exprimer publiquement sur ses préférences politiques est un acte inédit au sein de la famille royale et qui marque une nouvelle rupture majeure avec les traditions de la famille royale britannique. En effet, il est de coutume qu’aucun membre ne s’engage sur le terrain de la politique afin de ne pas gêner les actions de la reine Elizabeth II et garantir ainsi à la monarchie son rôle de neutralité. Une obligation que Meghan Markle a eu toutes les peines du monde à assurer, multipliant les bourdes protocolaires comme lors d'un déplacement en Irlande où elle a soutenu ouvertement les associations proavortements. Libérée de ses devoirs à la cour royale, tout comme le fils de Charles et Lady Diana, celle qui avait effectué un stage au sein de l’ambassade des Etats-Unis à Buenos Aires, une expérience marquante de sa jeunesse, entend désormais s’investir sur ce champ politique qui l’attire depuis le début. Dont elle ne fait pas mystère. En prenant désormais une position officielle et en s’immisçant dans la vie politique américaine, la duchesse de Sussex implique et associe de facto la monarchie britannique, plaçant celle-ci dans une posture inconfortable qui ne sera pas sans conséquences pour la famille royale à court terme. Un nouveau faux pas qui risque d’énerver encore un peu plus la reine Elizabeth II très attachée aux règles protocolaires en vigueur au sein des Windsor.
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