En cette période charnière de l'histoire de la Jamaïque, le gouvernement du Premier ministre Holness s'efforce de répondre aux aspirations de ses compatriotes qui souhaiteraient couper leurs liens avec la monarchie britannique. Un projet qui peine cependant à être mis en place.
Le 25 mai 2024, le Premier ministre jamaïcain, Andrew Holness, a réitéré l'engagement de son gouvernement à mener à bien la transition de la Jamaïque vers une République, en accord avec les aspirations de ses compatriotes. Cette déclaration intervient alors que le gouvernement intensifie ses efforts afin de réformer la Constitution. « Les sondages d'opinion montrent de manière constante que la plupart des Jamaïcains souhaitent une forme de gouvernement républicain », a rappelé le leader du Parti travailliste (JLP). Selon un récent sondage daté de 2023, 45% des Jamaïcains se prononceraient en faveur d’une république, contre 26% qui voudraient conserver l’institution royale, 19% ne se prononçant pas.
Un processus d'indépendance qui ne fait pas l'unanimité au sein de l'opposition
Le Premier ministre a indiqué avoir conseillé à la ministre des Affaires juridiques et constitutionnelles, Marlene Malahoo Forte, ainsi qu'aux membres du comité chargé de la transition institutionnelle, de rechercher un consensus avec l'opposition (conduite par le People's National Party) afin d'assurer un processus de transition bipartisan. « Nous avons entrepris un effort national majeur pour réformer notre Constitution et évoluer vers une République », a déclaré l’élu. « Force est de reconnaître que la situation actuelle n’a pas permis de consensus avec l’opposition, mais je ne vois pas cela comme un échec ou la fin du processus. Je le vois comme faisant partie du processus », a affirmé Andrew Holness.
Les regards tournés vers la Jamaïque
Un Premier ministre qui n'est plus certain de pouvoir aller au bout de son projet annoncé tambour battant dans la presse et lors de la visite controversée du prince William de Galles et de son épouse en 2022. Andrew Holness a néanmoins tenu à rassurer les citoyens jamaïcains, en particulier ceux qui souhaitent voir la Jamaïque devenir une République de leur vivant : « Tout n’est pas perdu, le gouvernement va continuer à poursuivre ce processus jusqu’à sa conclusion logique », insistant sur le fait pour que le référendum visant à faire de la Jamaïque un état libre de ses liens avec Londres soit un succès, les deux partis « devraient s’adresser au peuple comme un seul homme ».
Une évolution institutionnelle que suivent avec attention d’autres états du Commonwealth. En 2022, le Belize (où le non l’emporterait) et l’île d’Antigua et Barbuda (le oui est donné gagnant selon l’institut de sondage Statista), dont le roi Charles III est le souverain, ont également annoncé leur intention de se séparer du Royaume-Uni et de devenir une République, à l’instar de la Barbade en 2021. Le roi Charles III a déclaré qu’il ne s’opposerait pas à la volonté de ses peuples, membres du Commonwealth, de briser leurs liens avec la monarchie des Windsor.
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