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Le roi Charles III appelé à s'exprimer sur les manifestations en cours

Alors que le Royaume-Uni fait face à une série d'émeutes d’une ampleur inédite, la décision du roi Charles III de rester en retrait et de ne pas s'exprimer publiquement sur la situation suscite de vives réactions. Tandis que certains estiment que le monarque doit respecter son rôle apolitique, d'autres dénoncent une absence jugée « lâche » en temps de crise.

Le Royaume-Uni est secoué par une vague d'émeutes anti-immigrés qui a mis à l'épreuve la stabilité sociale du pays. Dans ce contexte tendu, le roi Charles III a choisi de ne pas se rendre sur place ni de faire de déclaration officielle concernant ces troubles. Cette décision, conforme à la tradition monarchique de ne pas intervenir dans les affaires politiques, divise considérablement les Britanniques.

 

 

Les Républicains dans l'ombre du roi Charles III

Selon diverses sources royales, Charles III serait informé quotidiennement de l'évolution des événements. Toutefois, une intervention royale n'est pas prévue à ce stade, la gestion des manifestations relevant avant tout du gouvernement actuel. Ce choix s'inscrit dans la continuité du précédent établi par la défunte reine Elizabeth II, qui n'avait pas pris la parole lors des émeutes importantes de 2011. Pour le roi, rester à l'écart de la politique semble être la meilleure manière de préserver son rôle constitutionnel qu’il a juré de respecter lors de sa montée sur le trône en 2022. Cependant, cette absence de réaction publique a été qualifiée de « lâcheté » par le groupe anti-monarchique Republic, dont le chef, Graham Smith, a déclaré : « On nous dit que le monarque est censé être une figure de proue qui unit la nation, mais quand la nation est en crise, il est invisible ». Un mouvemment dont l'aura est en légère hausse depuis le décès de la reine Elizabeth II en 2022. Selon un sondage Ipsos daté d'avril 2024, 28% des Britanniques souhaiteraient l'avénement de la République. 

 

 

Le rôle constitutionnel du monarque en débat 

Des critiques qui mettent en lumière un débat plus large sur le rôle du monarque dans les moments de crise nationale. Des voix comme celle de l'historien Sir Anthony Seldon estiment qu'il n'est pas approprié pour le roi d'intervenir à ce stade. « Il est chef d'État et il est normal que, pendant la crise, le chef du gouvernement gère la situation. Le moment pour que le roi parle, si jamais il le fait, est lorsque tout se sera calmé. Les problèmes qui ont conduit aux émeutes ne vont pas disparaître rapidement », a-t-il expliqué. Selon lui, le roi pourrait jouer un rôle plus important par la suite, lorsque les tensions seront apaisées et qu'une réflexion sur l'harmonie sociale sera nécessaire. L'historienne Kate Williams, quant à elle, a exprimé une opinion contraire sur Times Radio, suggérant que le roi devrait s'exprimer immédiatement pour encourager la cohésion communautaire. « Ce serait l'occasion pour le roi de parler de multiculturalisme, du Commonwealth, de rassemblement des peuples. Je pense que si je devais le conseiller, je suggérerais de faire cette déclaration le plus tôt possible », a-t-elle affirmé. De son côté, l'expert constitutionnel Craig Prescott souligne sur les réseaux sociaux que toute intervention du roi à ce stade pourrait être « problématique ». « En général, la monarchie ne fait pas de commentaires sur les événements politiques actuels », a-t-il rappelé sur la BBC, suggérant également qu'une visite royale pourrait être plus appropriée une fois la situation stabilisée.

 

 

Le multiculturalisme britannique, un héritage impérial qui a trouvé ses limites

Le roi Charles III est depuis longtemps impliqué dans la construction de ponts entre différentes religions et cultures, décrivant la Grande-Bretagne comme une « communauté de communautés ». C'est l'un de ses thèmes les plus récurrents de sa monarchie. Il a participé au soutien de projets communautaires à Tottenham, dans le nord de Londres, et dans d'autres zones touchées par les émeutes de 2011, en effectuant une série de visites qui ont été très médiatisées..Il n’est donc pas impossible qu’il puisse aller à la rencontre des différentes communautés visées par les manifestations organisées par l’extrême-droite (renforcée par ses récents résultats électoraux) et qui ont mobilisé un important dispositif policier à la vue de son ampleur inédite au Royaume-Uni.  C'est le meutre de trois filles par un Britannique de 17 ans, d'origine rwandaise et une série de fake news sur les réseaux sociaux, début août 2024, qui ont déclenché ces troubles dans de nombreuses villes du Royaume-Uni. Commerces tenus par des immigès, mosquées, centre sociaux pour migrants attaqués et incendiés, le Royaume-Uni fait désormais face à une réalité qu'elle a longtemps nié, celle d'un héritage impérial qui s'est délité depuis de nombreuses années. Le Premier ministre (Travailliste) nouvellement élu, Keir Starmer, a déclaré que les personnes impliquées dans ces émeutes « ressentiront toute la force de la loi » et que cela devrait « envoyer un message très puissant à toute personne impliquée, directement ou en ligne, que son dossier serait st susceptible d'être traitée dans un délai d'une semaine ». Plus de 150 personnes ont déjà été arrêtées par la police Britannique qui n’a pas hésité à pénétrer de force dans les maisons des émeutiers concernés ou  apparaître dans des vidéos aux côtés des musulmans afin de leur assurer de leur soutien et protection. Des vidéos qui, loin d'apaiser les tenisons, ont provoqué des réactions très épidermiques sur les réseaux sociaux comme celle du superintendant de la ville d'Oldham accusé par les ultra-nationalistes de tous les maux, démontrant une fois de plus la division sociale et identitaire qui prévaut au Royaume-Uni.

Le roi Charles III, qui suit un traitement contre le cancer, s'est retiré en Écosse pour l'été. La question de savoir si son silence actuel renforcera ou affaiblira son image reste ouverte. D'ici là, c'est au gouvernement qu'il revient de gérer cette crise dont certains craignent qu'elle s'étende plus tard à d'autres pays de l'Europe.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 09/08/2024

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