Les cadets maudits de la monarchie britannique

La décision du prince Harry et de son épouse de se retirer de la famille royale et partir s’établir en Amérique du Nord a surpris plus d’une personne. Brutale et sans avoir averti la reine Elizabeth II au préalable, le duc et la duchesse de Sussex se sont attirés les foudres des tabloïds locaux.. Objet de toutes les attentions depuis la mort accidentelle de sa mère, Lady Diana Spencer, en 1997, le prince Harry a été au cœur de toutes les polémiques. Troisième dans l’ordre de succession avant la naissance des enfants de son frère aîné, le prince William de Cambridge, Henry Charles Albert David incarne toute la difficulté d’être un cadet au sein de la maison royale britannique.

L’annonce a fait l’effet d’une bombe, ce 8 janvier. Harry et Meghan Markle abandonnent leurs fonctions officielles au sein de la « Firme », le surnom que l’on donne à la famille Windsor, afin de reprendre leur autonomie financière. 24 heures plus tard après le communiqué officiel, un nouveau site est mis en place afin de suivre leurs nouvelles activités. Preuve que la décision avait été largement préparée en amont et dûment réfléchie. Et la presse de tirer à boulets rouges sur l’ancienne starlette américaine accusée de tous les maux et d’avoir influencé son mari dans sa décision. « Une sorte de caprice de la part du prince Harry et surtout de Meghan, qui ne supporte pas la pression médiatique et qui a très envie d'aller vivre une partie de l'année au Canada » déclare sur les ondes de RTL le chroniqueur royal bien connu, Stéphane Bern.

Dès son plus jeune âge, Harry a fait la une des tabloïds. De son propre aveu, le décès de sa mère a été le départ d’un « total chaos » dans sa vie. Du brassard nazi arboré lors d’une soirée costumée aux photos de lui dans le plus simple appareil dans une chambre d’un casino de Las Végas en passant par les séances de binge-drinking saupoudrées de volutes de cannabis, ce cadet des Windsor-Mountbatten n’est finalement que le énième d’une longue série de « bad boys » au sein de la maison royale. Avant lui, son oncle, le prince Andrew duc d’York a tenu haut le pavé de ce rôle ingrat réservé à ceux qui ne sont pas destinés à monter sur le trône. Son mariage avec la sulfureuse Sarah Ferguson sera une catastrophe. Encore aujourd’hui avec l’affaire Epstein qui a contraint «Air Miles Andy», surnommé ainsi en raison de ses voyages coûteux et controversés, à lui-même se retirer de ses fonctions afin de ne pas nuire à l’image de la monarchie. Le scandale de trop pour le duc d’York privant du même coup sa fille aînée, Béatrice, d’un mariage retransmis en grandes pompes à la BBC.

Ce n’est pas la première fois que le Royaume-Uni est ébranlé par le comportement de ces princes(ses) que les sujets de la reine veulent comme tout le monde mais qui s’offusquent aux moindres de leurs écarts. Honni soit qui mal y pense chez les Kent, on a le démon dans le corps. Quatrième fils du roi George V, son fils homonyme se rachète une conduite en décédant dans des conditions mystérieuses en 1942. Les mines tristes de la maison royale cache mal un ouf de soulagement. Drogues, prostitué(e)s mâles ou féminines, ménage à trois, le prince se veut en dandy le jour, en « queen » dans les bars gays le soir. On tente de cacher le scandale en vain. Le cousin d’Harry et William, Lord Frederick Windsor, fils du duc et de la duchesse de Kent et petit-fils du précédent, défraye la chronique après avoir reconnu qu’il consommait régulièrement de la cocaïne durant sa prime jeunesse. Avant de se défaire de ce « bad habit » que l’on retrouve parfois chez les « golden boys » de la gentry anglaise. La propre sœur de la reine Elizabeth II fera aussi les frais de cette position. Sa passion amoureuse et dévorante avec le group-captain Peter Townsend fait les choux gras de la presse. Le mariage n’aura pas lieu en raison du statut de divorcé et père de famille du fiancé. On ne badine pas avec la morale chez les descendants de Victoria. La princesse rebelle et superficielle, connue pour son franc-parler, s’amourache du photographe Antony Armstrong-Jones après avoir quitté les bras du futur premier ministre canadien, John Turner. Le mariage célébré en 1960 n’empêchera pas les polémiques autour des trois témoins du marié, tous recalés pour…homosexualité notoire, laissant planer des doutes sur la personne du nouveau comte de Snodown. Shocking isn’t it ? Ici, loin des photos glam’s sur papier glacé vendues par les magazines people, l’arrière-cour des monarchies a parfois toutes les odeurs d’une « Annus Horribilis ». Malgré elle !

Exit les statues de cire du couple au musée de Madame Tussaud, les Sussex ont-ils attisé l’irritation des britanniques qui oscillent depuis 24 heures entre stupéfaction et indignation alors que s’achèvent péniblement la crise du Brexit ? Leur mariage avait déjà crispé jusqu’au sein de la « Firme » elle-même. Trop people, trop décalé, peu royal, les Windsor affichaient de moues d’inquiétudes face à cette américaine métissée et divorcée aux manières hollywoodiennes. Si rien n’est ni blanc ni noir dans le Gotha, le choc des cultures est pourtant lui bien réel, certains membres de la maison royale la surnomme « Wallis » (Simpson), du nom de cette américaine qui provoqua l’abdication du roi Edward VIII en 1936. L’interview de Meghan Markle en octobre dernier a achevé de mettre le feu aux poudres qui couvait sous le brasier. Se posant en victime larmoyante, la jeune maman d’Archie s'était plainte du harcèlement constant des médias de la « perfide Albion » auxquels elle doit faire face. Vouloir les avantages sans les inconvénients de la maison royale, quitte à fâcher les deux fils de Lady Diana à la vue de tous, c'est un peu comme vouloir mettre du lait dans le sacro-saint «british tea». La restauration du manoir familial aux frais du contribuable a été la faute de trop pour les britanniques. Le cadet qui se met en scène sur Instagram et qui menace de poursuivre les journalistes outrepasse les bornes, ne respecte plus les termes du contrat. Punition notable, lors du discours traditionnel de la reine Elizabeth II, le portrait du duc et de la duchesse de Sussex est absent de la table. Le couple passe les fêtes au … Canada, un pays qu’affectionne le prince Harry.

Clap de fin et « solution rapide » à trouver selon Buckingham Palace qui devrait cependant laisser titres et prédicats au prince Harry et son épouse. Avec toutefois l’interdiction de les utiliser à de fins professionnelles, le couple ayant d’ores et déjà contacté différentes officines juridiques pour faire commerce outre-manche de leur nom. Lors de sa montée sur le trône d’Angleterre, Charles de Galles a prévenu. Il réduira le nombre de membres de la maison royale. «Dur, dur d’être un cadet» aurait pu chanter Jordi, Harry et Meghan ont finalement décidé de filer à … l’anglaise avec les 27 millions d’euros que le prince a sur son compte en banque ! Indépendance financière oblige.

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Publié le 10/01/2020