Descendant des Romanov et des Beauharnais, il combat dans le Donbass

Natif de Lyon, Gabriel Dorochine descend à la fois du tsar Nicolas Ier et du prince Eugène de Beauharnais, le beau-fils de l’Empereur Napoléon Ier. Nationaliste convaincu, il est parti rejoindre les volontaires du Donbass afin de soutenir la Sainte Russie. « Un devoir » pour ce parent éloigné de la maison impériale de Russie. 

Lorsque la guerre éclate dans la région du Donbass en 2014, Gabriel Dorochine est à peine majeur. Il se passionne alors pour la photographie, publie ses œuvres sur ses réseaux sociaux. À Lyon, où il réside, il fréquente les milieux nationalistes locaux, mais ne fait guère parler de lui. Il suit les événements qui se succèdent dans cette partie de l’Ukraine qui a jadis était sous la coupe des Tatars puis des cosaques du Don. Gabriel Dorochine s’enflamme pour la Russie avec laquelle il a de forts liens et dont il arbore fièrement le drapeau chez lui . Il n’évoque guère ses antécédents familiaux et pourtant l’histoire familiale de Gabriel Dorochine est loin d’être anodine. 

Un descendant des Beauharnais et des Romanov

Descendant du prince Eugène de Beauharnais, beau-fils de l’Empereur Napoléon Ier et du tsar Nicolas Ier Romanov, le duc Georges Nikolaïevitch de Leuchtenberg (1872-1929) a été élevé dans un milieu cosmopolite. Il a toujours aimé la Russie et se sent d'ailleurs profondément russe. Officier dans l’armée tsariste jusqu’en 1905, il se consacre par la suite à l’histoire de sa famille et celle de l’armée impériale à laquelle il sera réintégré lorsque survient la Première Guerre mondiale. Son monde s’effondre quand éclate la révolution qui met fin à la monarchie en 1917. C’est la fuite en avant pour cette branche éloignée des Romanov. S’il parvient à s'échapper avec ses deux premiers enfants, son épouse et le reste de sa famille sont internés par les Bolchéviques. Il faudra attendre trois ans avant que Georges Nikolaïevitch de Leuchtenberg arrive à tous les rassembler. En exil, il va soutenir le mouvement Blanc, l’organisation de la Confrérie de la Vérité russe dont il sera un des fondateurs. Il noue même des liens avec Paul Skoropadsky qui dirige l’Hetmanat ukrainien et finance les activités de l’armée tsariste qui opère dans cette partie de la Russie nouvellement indépendante. À s'en ruiner. Gabriel Dorochine est l’arrière-arrière-petit-fils de la princesse Tamara (1900-1995), une des filles du duc, qui s’est unie à Constantin Gregorievitch Karanfilov (1905-1978). Mariage sans prétentions qui amène cette partie de la famille de Leuchtenberg en France, terre d’exil de nombreux russes blancs. Gabriel Dorochine a toujours vécu avec la fierté de ce pedigree qui coule dans ses veines. 

Défendre la Sainte Russie, un « acte glorieux »

En 2015, malgré l’avis de ses parents, il décide de se rendre dans le Donbass faire un reportage photo. La guerre bat son plein, le Français passe inaperçu avec sa maitrise de la langue russe. Ce qui n’empêche pas le vol de son appareil et provoque la fin de son expédition. Dans ses bagages, Alina, qu’il a rencontré et dont il est tombé éperdument amoureux. Ils vont vivre un temps à Lyon, scrutant la moindre occasion de pouvoir repartir dans cette région séparatiste qui s’est depuis auto-proclamée indépendante. Ensemble, ils auront une fille, Sofia. Fin novembre 2022, alors que la guerre s’est intensifiée entre la Russie et l’Ukraine, ce descendant des tsars décide de troquer son appareil photo pour une kalachnikov comme il le raconte lui-même à l'antenne de l'émission Malakhov sur la chaîne de télévision Russie 1. Il rejoint plusieurs volontaires français qui ont décidé de soutenir la Sainte Russie dans leur combat contre le gouvernement de Kiev. Pour Gabriel Dorochine, être une aide aux Russes « n’a rien de surnaturel ». « Pour moi, c'est très important, car mes ancêtres, que ce soit Napoléon Ier ou Nicolas Ier, ils ont participé à des guerres à grande échelle. Maintenant, je participe également à un conflit mondial d'une telle ampleur. Je ne pouvais simplement pas faire autrement » ajoute celui qui est aussi un napoléonide assumé.

Gabriel Dorochine considère « la défense de la patrie comme le devoir de chaque Russe » et se place dans les pas de ces nombreux Romanov, ses ancêtres et cousins, qui ont brillé en Crimée durant la guerre Russo-Turque (1877-1878). Il exhorte ses nouveaux compatriotes à s’engager et à ne pas éviter ce qui reste pour lui un « acte glorieux ». Le descendant de Nicolas Ier s’est même adressé aux Russes, plaidant pour qu’ils n’abandonnent pas leur patrie bien-aimée et qu’ils ne la laissent pas sans protection. Après la fin de la guerre,  il prévoit de rester dans cette région et d’y faire souche. Si son rêve se réalise, il serait le premier membre collatéral de la dynastie impériale à s’établir dans cette partie russe de l’Ukraine.

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