Gardienne de la mémoire impériale russe, la Grande-duchesse Maria Wladimirovna Romanov a participé à une cérémonie organisée par le Musée national d’histoire de Saint-Pétersbourg. Les tombes des princes de Leuchtenberg, vandalisées durant la révolution de 1917, ont été restaurées.
Le 9 décembre 2024, une cérémonie solennelle s’est tenue à la Forteresse Pierre-et-Paul de Saint-Pétersbourg, marquant l’achèvement de la restauration des pierres tombales des membres de la maison de Leuchtenberg. Cet événement, organisé par le Musée national d’histoire de l’ancienne capitale impériale, en présence de la Grande-duchesse Maria Wladimirovna Romanov, 71 ans, a mis en lumière le travail de ce centre pour la préservation de l’héritage impérial russe.
Une restauration historique des tombes
La Forteresse Pierre-et-Paul de Saint-Pétersbourg est un lieu emblématique de l’histoire russe. Lieu de fondation d’une ville voulue par le Tsar Pierre Ier, témoin des tragiques évènements de la révolution russe de 1917, elle abrite les sépultures des souverains russes et de leurs épouses, tous issus de la Maison impériale Romanov. Chaque année des flots de visiteurs, nostalgiques de la monarchie ou simples passionnés d’histoire se déversent entre ses murs qui bordent la Neva. Non loin de là, se trouve également le Mausolée Grand-ducal conçu en 1912 et qui abrite les tombeaux de certains Grands-ducs et Grandes-duchesses de Russie.
Parmi lesquels, ceux de la lignée des Leuchtenberg. Les pierres tombales appartenant à la Grande-duchesse Maria Nikolaïevna (1819-1876) et à trois de ses enfants ont été enfin restaurés par le musée. Endommagées à la chute de la monarchie, elles ont été peu entretenues par le régime soviétique. Il faudra attendre la fin du communisme pour que le Mausolée fasse l’objet d’une vaste réhabilitation, sous l’impulsion du Grand-duc Wladimir Romanov (1917-1993), alors prétendant au trône.
Une cérémonie empreinte de recueillement
La cérémonie d’inauguration a débuté par un service commémoratif en mémoire des défunts, conduit par l’archimandrite Alexandre (Fedorov), recteur de la cathédrale Pierre-et-Paul, précédant la bénédiction des pierres tombales
Des allocutions émouvantes ont ponctué la cérémonie, rappelant l’importance de la mémoire historique et des liens familiaux. Absent, le duc d’Oldenbourg a adressé une lettre aux participants qui a été lue. « Il y a 30 ans, en 1995, je me trouvais là où vous êtes réunis aujourd'hui. A cette époque, je cherchais la tombe de la grande-duchesse Alexandra, princesse de Saxe-Altenbourg, sœur de mon arrière-grand-mère, aux funérailles de laquelle mon père était présent en 1911. A cette époque, rien ne nous rappelait les tombes », a rappelé le représentant de cette illustre branche allemande. « La restauration de ces pierres tombales témoigne de l’attention de la Russie à son histoire commune avec nos familles », s’est réjoui le duc d'Oldenbourg saluant les efforts déployés pour la préservation de cet héritage.
À l’issue de la cérémonie, des roses blanches ont été déposées sur les tombes, un geste sobre et élégant en hommage aux membres de la maison de Leuchtenberg.
Les Grands-Ducs de Leuchtenberg : une famille aux liens impériaux et européens
Le titre de duc de Leuchtenberg fut créé en 1817 par Maximilien Ier, roi de Bavière, pour Eugène de Beauharnais, fils adoptif de Napoléon Bonaparte et fils biologique de Joséphine de Beauharnais. Eugène a été un personnage central du Premier empire, et ses descendants n'ont eu de cesse de perpétuer son souvenir et son héritage.
En 1839, Maximilien de Leuchtenberg (1817-1852), fils d’Eugène, épouse la grande-duchesse Maria Nikolaïevna, fille de l’empereur Nicolas Ier de Russie. Ce mariage fait entrer les Leuchtenberg dans la sphère impériale russe et les rapprocha de la dynastie des Romanov. Maximilien et Maria Nikolaïevna eurent sept enfants, dont plusieurs jouèrent un rôle politique et nouèrent des alliances matrimoniales avec les maisons royales d'Europe. Certains membres vont cependant rencontrer des difficultés personnelles ou seront exclus des cercles impériaux en raison de mariages morganatiques ou de conflits familiaux.
Potentiels candidats au trône de Grèce et du Monténégro, ils échappent de peu à l’assassinat par les communistes lors de la Révolution d’octobre après avoir réussi à convaincre les soldats rouges qu’ils n’appartenaient pas à la maison impériale. Les Leuchtenberg joueront encore un rôle lors de la guerre civile entre tsaristes et bolcheviques avant de prendre le chemin de l’exil.
Un héritage impérial en devenir
La restauration des tombes des ducs de Leuchtenberg constitue une nouvelle étape dans la préservation du tombeau grand-ducal, qui abrite 13 sépultures; Cet effort s’inscrit dans une démarche globale visant à redonner tout son éclat à ce site patrimonial, symbole de la mémoire collective.
Le Musée national d’histoire de Saint-Pétersbourg prévoit de poursuivre ses travaux de restauration, consolidant ainsi son rôle de gardien de l’histoire impériale russe.
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